La nouvelle pantalonnade du Châtelain
par C’est Nabum
mardi 14 mars 2017
Une campagne qui me chiffonne.
Chaque jour nous apporte son lot de révélations sur notre brave Prince des risettes. Il était déjà pourvu de tout ce qu’il faut pour sa cuisine électorale, le voilà désormais habillé pour l’hiver : celui qui va suivre son fiasco électoral qui ne fera pas un pli, fût-il d’un pantalon taillé sur mesure. En avril et mai prochains, mettre un bulletin dans l’urne relèvera du jeu de dés. Nous pensions qu’ils étaient pipés et nous découvrons, abasourdis, qu’ils sont ceux de tailleurs chics pour monarque toc.
Je sens que mon propos est sibyllin pour tous ceux qui ignorent tout de la garde-robe princière. Il est vrai qu’en matière républicaine il est délicat de se faire tailler un costard à la mesure de son ego. Notre bon châtelain avait longtemps servi de doublure ; il voulait trouver veste à sa taille, sans revers ni faux-col. Le plus délicat dans l’affaire était la dimension des poches. L’homme exigeait de quoi mettre portefeuilles et bourses sans que la moindre bosse n’apparaisse à l’extérieur.
Le tailleur, après un examen approfondi des usages de la maison, découvrit que les poches devaient être des puits sans fond, tant le bonhomme était cupide et sa gourmandise de l’argent sans limite. Le seul problème, d’ordre esthétique sans doute, résidait dans la nécessité de faire un contenant sur le dos de la veste. Son client refusant de savoir d’où venaient ses subsides.
La veste, naturellement, devait être réversible. C’est une nécessité dans la profession, tout autant qu’une gageure technique. Ceci expliquant sans doute le coût élevé de la fabrication et les quelques petits soucis de financement. Un bon ami se proposa de régler la note pour ne pas grever le budget de notre bon François.
Autre cas de conscience pour le tailleur, dont je tairai les origines afin de ne pas alimenter de vaines polémiques-nous pourrions une fois encore découvrir une vilaine affiche aux terribles relents antisémites-son client exige exclusivement le point de croix. La chose peut paraître surprenante mais il n’y a aucune marge de manœuvre sur cette particularité singulière.
Certains affirment, je n’en ai pas eu confirmation, que ce bon Sarthois d’origine voulait du tissu Prince de Galles. Le caprice viendrait, d’une tapissière qui aurait été employée à la confection de ce tissu si particulier. Ne souhaitant pas participer au complot, je garderai un silence prudent sur ce sujet qui me semble cousu de fil blanc.
Le pantalon du costume posa de tout autres contraintes. Notre mannequin coquet exige une taille qui puisse être fortement serrée au niveau de la ceinture quoiqu’il ne s’appliquera jamais à lui-même le régime draconien prévu pour les autres. Les plis devront tomber parfaitement à la verticale et curieusement, pas de plis sur le côté gauche des jambières. Une fois encore le tailleur a su relever le défi tout en gardant, par-devers lui, une certaine circonspection sur les demandes de ce client hors-norme.
Autre fantaisie du bonhomme : la ceinture doit empêcher toute pose de bretelles. Il redoute par-dessus tout que des juges ou de simples manants viennent lui relever cet accessoire dont il tient absolument à se passer. Ni ceinture, ni bretelles et les poches pleines, c’est effectivement la quadrature du cercle pour l’homme des étoffes. Comment faire pour éviter la déculottée ?
Le tailleur n’était pas au bout de ses étonnements. Ce pantalon doit être en pied-de-poule. C’est assez logique quand on aspire à prendre la tête de ce pays, perché sur le tas immonde des affaires douteuses. Le petit coq de Loué a le sens du symbole et avec toutes les casseroles qu’il traîne, le coq au vin sera, à sa présidence, ce que la poule au pot fut au règne d’Henri IV.
Enfin ultime exigence de jocrisse : notre jésuite impose que son pantalon soit rembourré au niveau des genoux. La génuflexion de circonstance, la posture de façade ne doit pas pour autant blesser ses articulations si fragiles. Là encore, il ne faut pas que le public puisse percevoir l’astuce. Tout ne sera que dissimulation et leurre dans la vêture de l’homme, à prix d’or certes, mais jamais à son compte.
En tout état de cause, il faudra un sacré estomac pour supporter le régime qu’il nous prépare, les joyeuses coupes sombres qu’il veut appliquer à nos droits. Nous savons que les frais vestimentaires vont exploser, que les voyages privés se feront en jet, que toute sa famille sera employée au service de l’Etat, qu’il faudra prévoir une salle de prières dans tous ses déplacements. Nous devrons faire maigre pour que cette face de carême fasse gras à nos frais. Nous en sommes fort aise. La pantalonnade ne fait que commencer et je me pique de vous la narrer fidèlement. Qu’il prenne garde (robe) de ne pas faire de nous des sans-culottes enragés.
Vestimentairement sien.
Dessin de Delucq