La puce à l’oreille

par C’est Nabum
jeudi 2 février 2017

Une belle ménagerie.

Décidément, il faut s’attendre à tout dans cette société de haute technologie. Un journal à l’étrange patronyme, un canard qui a voulu briser ses chaînes sans y parvenir vraiment, a souhaité nous mettre la puce à l’oreille en dévoilant une sombre affaire. Une histoire d’emploi fictif pour lequel une dame, bien sous tous rapports, ( c’est du moins ce que prétend son amoureux de mari) gagne plus au grattage qu’au tirage.

Quoiqu’à y bien regarder, dans un emploi fictif, la dame gratte fort peu. Mais n’allez pas imaginer qu’elle tire beaucoup : c’est une bonne chrétienne ; il conviendrait de conserver de la dignité à défaut d'honnêteté. Ainsi donc la puce a déployé son pavillon de détresse et la toile toute entière de bruisser de fuites et de rumeurs pour salir la pauvre femme. Les gens sont si méchants. !

 Pour le canard, il y a comme un loup. Lui qui, jusqu’alors, cherchait la petite bête, donne cette fois dans la surenchère. Fort heureusement, Ulysse hausse le ton pour conserver ses voix, il se défend bec et ongles, monte sur ses grands chevaux pour déclarer qu’il n’y a pas de lézard. Il apportera les éléments pour laver l’honneur de l’égérie de sa future campagne : sa si chère compagne. Chère, certes, mais c’est nous qui crachons au bassinet pour entretenir la belle poule !

Il convient d’appeler un chat un chat et de ne pas minauder, de crainte de contrarier le brave Prince des risettes. Il prendra la mouche si bon lui semble mais la puce nous restera à l’oreille ; nous avons parfaitement compris le message. Certes, la tapissière est capable de rédiger des notes de lecture avec une écriture en pattes de mouche pour des sommes si astronomiques que nous ne pouvons pas nous empêcher de penser qu’il y a anguille sous roche.

Mais une fois encore, nous voyons le mal partout. Il convient pourtant de ménager la chèvre et la feuille de chou en ne volant pas dans les plumes de la pauvre femme. Elle a de gros besoins ; il faut bien rémunérer grassement celle qui baye aux corneilles le plus clair de son temps. Son bonhomme ayant fait don de sa personne à la France, il faut être langue de vipère pour dénoncer celui qui veut nous faire avaler des couleuvres.

Quand les poules auront des dents, le gentil couple remboursera ses biens si mal acquis ; en attendant, l’État est pour eux une véritable poule aux œufs d’or et ils auraient bien tort de se gêner puisque tous les autres font de même. Le petit peuple a toujours été le dindon de la farce et semble aimer ça. Quinze mille personnes ont gobé des mouches et applaudi à tout rompre aux dénégations du menteur outragé qui jurait son grand Dieu qu’il allait prendre le taureau par les cornes et attaquer tous ceux qui voulaient le salir.

Ulysse n’est certes pas le seul canard boiteux de la jolie mascarade. Il échappera comme les autres aux investigations d’enquêteurs qui ne cherchent des vers que dans le nez des petites gens. La justice ne leur cherchera pas des poux dans la tête ; ils échapperont aux poursuites. Ulysse va noyer le poisson avec la complicité de tous ses semblables ; les renards rusés qui font les lois et déclarent leur immunité.

Quant à nous, les moutons, ils continueront de nous tondre et de nous mener joyeusement en bateau. Pénélope pourra remplir sa quenouille pour tisser sa toile. Nous autres, nous n’avons pas notre mot à dire, l’affaire nous restera en travers de la gorge. Mais qu’ils se méfient tous, à force de nous faire devenir chèvre, le lait peut nous cailler sur le jabot et notre colère gronder très fort.

Est-ce du lard ou du cochon ? Je n’en sais rien. C’est en tout cas, le triste spectacle d’une République qui ne ménage pas les chèvres et offre des choux gras à ces prévaricateurs honteux. Pour finir, il convient de sauter du coq, pauvre bête qui aime à se vautrer sur cet infâme tas de fumiers prétendument républicains, à l’âne qui mettra un joli coup de pied dans la fourmilière.

Le canard enchaîné nous a mis la puce à l’oreille ; nous ne sommes pas disposés à lâcher notre os, nous allons hurler avec les loups, pour que ces gentils tourtereaux aillent se faire cuire un œuf. Nous avons fini d’être doux comme des agneaux : cette République doit changer ses vieilles badernes qui encombrent les perchoirs. Les électeurs, pour une fois, auront une mémoire d’éléphant et écraseront les gredins, pris la main dans le panier. Les larmes de crocodiles de l’infâme Ulysse ne nous ont point émus. Ce vieux singe n’a pas fait de grimaces, le temps est venu pourtant de rendre des comptes.

Zoologiquement sien.

 


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