Laurent Black, Blanc, Beur...
par olivier cabanel
samedi 7 mai 2011
Depuis la fameuse Coupe du Monde de foot qui a vu la France rassemblée autour de ses Blacks, ses Blancs, et ses Beurs, le débat sur l’identité nationale, et la stigmatisation Elyséenne des Islamistes, ont fait ressortir de son hideuse boite, le vieux spectre du racisme.
1998, c’est effectivement l’année, où, à la surprise générale, une équipe française, très colorée, a décroché pour la première fois la Coupe du Monde.
On se souvient des images de liesse, ou la France entière s’était retrouvée dans la rue, quelle que soit son origine.
On ne voyait en Zizou qu’un champion, et non pas un enfant de l’Algérie, et Laurent Blanc ne semblait pas gêné de la promiscuité avec tous ces sportifs noirs, ou beurs, enfants de l’immigration. lien
Puis est arrivé la présidentielle de 2002, où à coup de surenchère identitaire, et d’insécurité fictive, un choix limite nous a été donné pour la première fois de voter droite…ou extrême droite.
On connait la suite.
Le sport est révélateur de ces tendances racistes, lorsque l’on découvre dans un stade bourré, des supporters poussant des cris de singe, lorsqu’ils voient arriver un sportif noir.
On connait la délicatesse des fans de foot qui n’hésitent pas à ponctuer les dégagements des gardiens de but par un tonitruant « va te faire en…er », et lorsque le racisme s’ajoute à la vulgarité, on touche vraiment le fond.
Mais ce sont d’abord les commentateurs qui ont au départ, donné le ton :
Le « légendaire » Thierry Roland avait, des 1986, lancé quelques ballons d’essais en déclarant : « Honnêtement, Jean Michel, ne croyez-vous pas qu’il y ait autre chose qu’un arbitre tunisien pour arbitrer un match de cette importance ? ».
Lors de la Coupe du Monde 2002, il en avait remis une couche, en affirmant au sujet des Coréens : « rien ne ressemble plus à un Coréen qu’un autre Coréen, surtout habillé en footballeurs, d’autant qu’ils mesurent tous 1,70 m, qu’ils sont tous bruns, à part le gardien ».
A l’occasion de l’Euro 2008, un certain Dominique Grimault, dans l’émission « 100% foot », lui a emboité le pas, en déclarant que « l’équipe de Roumanie était composée quasi-exclusivement de voleurs de poules ». lien
Lors d’un match entre le Real de Madrid et Totteham, Emmanuel Adebayor a été victime d’insultes racistes « ton père lave des éléphants, et ta mère… »
Or ce comportement du public face aux joueurs « non blancs » s’intensifie, jour après jour. lien
Le joueur marocain de Valenciennes, Abdeslam Ouaddou excédé par les insultes racistes proférées par des spectateurs, s’est vu réprimander par l’arbitre pour avoir osé monter dans les tribunes à la mi-temps afin de s’expliquer avec les « supporters ». lien
Il n’est pas le seul à être victime de ce racisme insupportable : Kader Keita, Frédéric Piquionne ou même Karim Benzema en on fait aussi les frais. lien
L’attaquant Français Djibril Cissé lui aussi en a marre des insultes racistes dont il est continuellement la victime dans les stades.
« Cette saison, l’ambiance dans les stades s’est détériorée. A deux reprises, j’ai été victime d’insultes racistes ou de chants de singe (…) il y a aussi des jets de peau de banane, dont l’une m’a atteint ». lien
Frédéric Mendy à connu l’humiliation des cris de singe à Grenoble, et on attend en vain que des sanctions sévères soient enfin appliquées. lien
Lilian Thuram connait les mêmes déboires, et a entendu lui aussi des « sale noir, retourne chez toi » et à vu des spectateurs lancer des peaux de banane au gardien de but camerounais Joseph-Antoine Bell. lien
Pas étonnant qu’il monte au créneau et qu’il se soit engagé en faveur des droits de l’homme, en contribuant à l’éducation contre le racisme.
Alors bien sur, de temps à autre, un raciste est condamné, comme par exemple Maxence Cavalcante, chauffeur dans une entreprise de transport, et footballeur amateur à Lagnieu, dans l’Ain, qui a écopé de 6 mois de prison (avec sursis) pour avoir traité Makam Traoré de « sale singe », en ajoutant « va doucement, on en a mis cinq dans votre cul ». lien
Thierry Henry a eu beau monter au créneau pour dénoncer ces dérives, rien n’y a fait.
Certains ont proposé que les joueurs insultés quittent le terrain, privant ainsi les spectateurs de match, mais cette idée n’a pas eu pour l’instant, les faveurs des décideurs des instances du foot.
C’est pourtant une idée qui ne manquerait pas de classe. lien
C’est même ce qu’a fait très logiquement Mourad Boudjellal, qui, victime d’insultes racistes à quitté le terrain avant la fin du match. lien
Une initiative citoyenne est née il y a quelques temps à Bordeaux, ou une convention unit la LICRA (ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) à la Police. Des policiers volontaires, revêtus d’un survêtement bleu, patrouillent dans les allées des stades pour traquer les délinquants racistes.
Ces SIR (sections d’intervention rapide) font tache d’huile et se sont étendus un peu partout, de Marseille à Lille, en passant par Montpellier, Lyon, St Etienne, Sochaux, Nice, Rennes et Toulouse. lien
Malgré tout, le racisme s’intensifie.
Alors bien sur, en haut lieu, on a décidé d’endiguer le phénomène des insultes et des agressions verbales dans les stades.
Décision prise en 2009, sans grand effet comme on peu le constater en 2011. lien
A y regarder de plus près, les actions du gouvernement ont été une piètre réponse à une situation qui n’a fait qu’empirer. lien
Du temps où il était ministre, Bernard Laporte avait timidement lancé un débat, par internet interposé, mais parler est facile, agir le semble moins. lien
Les préconisations européennes n’ont pas, elles non plus, changé quoi que se soit. lien
Alors, ce n’est pas étonnant qu’aujourd’hui, au cœur même des instances du football, des dirigeants envisagent des quotas afin de diminuer le nombre de joueurs noirs ou beurs au sein des équipes de foot.
Lorsqu’on laisse se développer le racisme, il ne connait pas de limites.
A tout seigneur, tout honneur, c’est jean Marie le Pen qui à lancé la polémique des 2006 en déclarant au sujet des Bleus « peut être que le sélectionneur a exagéré la proportion de joueurs de couleur, peut-être qu’il aurait du garder dans ce domaine-là, plus de mesure, peut-être s’est-il laissé entraîner par ses choix idéologiques ». lien
Marine, qui est bien la fille de son père, en a remis une couche, en affirmant qu’il faut des super quotas pour le foot. lien
On peut lire sur son blog les idées pour le moins surprenantes qu’elle a sur le sport. lien
De la préconisation à ce qu’un joueur soit né dans la ville dont il défend les couleurs, a un championnat de France dont seraient pratiquement exclus ceux qui ne seraient pas nés en France, le programme frontiste a des relents que l’on pensait avoir oubliés.
Il n’y a pas si longtemps, un certain Hitler avançait des idées autant nauséabondes. lien
Comme le dit « Médiapart » : « pour les plus hautes instances du football français, l’affaire est entendue, il y a trop de noirs, trop d’arabes, et pas assez de blancs sur le terrain ». lien
Laurent Blanc est donc dans la tourmente, après avoir déclaré « Qu’est-ce qu’il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks (…) je crois qu’il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, avoir d’autres critères, modifiés avec notre propre culture (…) les Espagnols, ils m’ont dit : nous, on n’a pas de problème : nous, des blacks, on en a pas ». lien
Erick Mombaerts lui a enchaîné : « est-ce qu’on s’attelle au problème et on limite l’entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité ? »
Ce à quoi Laurent Blanc à conclu « moi j’y suis tout à fait favorable ». lien
Après avoir dans un premier temps, démenti d’avoir tenu de tels propos, (lien) et devant les preuves accablantes que détient « médiapart », Laurent Blanc a alors pris une autre stratégie, en s’excusant, mais est-ce suffisant ? lien
D’autant que tout en s’excusant, il affirme ne pas supporter être soupçonné de racisme.
On peut lire ici une bonne partie des échanges.
Le directeur technique national de la FFF (Fédération Française de Football), François Blaquart vient d’être logiquement suspendu.
Il avait déclaré « oui, il faut des espèces de quotas, mais il ne faut pas que ça soit dit ».
Patrick Vieira à jugé « graves et scandaleux » les propos tenus par Laurent Blanc. lien
Il n’est pas impossible que ces dérives inacceptables que connait le monde du sport ne soit étranger aux dérives gouvernementales, qui en voulant capter tout prix l’électorat frontiste, ne perd pas une occasion pour stigmatiser les français d’origine étrangère.
Alors, comme dit souvent mon vieil ami africain :
« Le bavardage est l’écume sur l’eau, l’action est une goutte d’or ».
L’image illustrant l’article provient de « le-sport-over-blog.com »