Le rumicub chinois du président Sarkozy

par Dominique LIN
mardi 22 avril 2008

Depuis une semaine, des manifestations chinoises anti-français émeuvent les ministères. Ajoutées aux propos accusateurs des dirigeants chinois, on en viendrait presque à regretter de défendre les droits de l’homme : « excusez-nous, nous sommes coupables, nous avons osé nous élever contre un génocide culturel, une éradication religieuse ». C’est ce que voudraient entendre les dirigeants chinois, de plates excuses, un cessez-le-feu en faveur des JO, une sourdine de la conscience.

Comment croire la Chine ?

Nous avons vu des "manifestations spontanées" de Chinois à Paris pour défendre la flamme, voilà des "manifestations spontanées" contre la France.
Il y a deux semaines les dirigeants chinois nous expliquaient que des "terroristes tibétains" se rendaient "spontanément" à la police, avouant leur faute, leur crime... Comment croire à la spontanéité avec un gouvernement qui embrigade depuis des décennies, surveille, censure, police à l’extrême ?
Et quand bien même !

Chacun sa relation avec le Tibet
Pour moi, ce sont les rêves d’adolescent des années 70 qui partent en cellule. C’est le Toit du Monde qui se retrouve dans la cour d’un supermarché, c’est la sagesse éternelle qui est piétinée.
Mais ce n’est pas que ça. C’est le respect des peuples à décider pour eux-mêmes, par eux-mêmes, base de toute société dite civilisée.
A quoi bon être une des plus vieilles civilisations du monde si la Chine ne respecte pas son prochain. Tous ces siècles ne lui ont pas suffi pour apprendre, pour évoluer, pour respecter.

Confucius n’est-il plus que de la marmelade intellectuelle ?

Au même titre que l’Unesco classe des monuments, des valeurs immatérielles pour les protéger, le Potala, Lassa, le Tibet tout entier et sa culture devraient être classés patrimoine mondial. Au même titre que toutes les cultures détruites au nom du pouvoir, de l’argent, des matières premières, des conquêtes de marchés.

Alors, revenons en France.
Voilà Sarkozy coincé entre la rue et le patronat.

... pas facile.

Doit-on une fois de plus accepter que les marchés dirigent l’avenir de la planète, que dis-je, le présent de la planète !

Coincé le Sarkozy
Sa visite en Chine avait été justifiée par la signature de ces 20 MM€ de contrats, mais pas vraiment signés puisque les voilà remis en question, monnaie d’échange, monnaie de singe, monnaie de silence, monnaie de honte.
Les Français en ont assez du mensonge, de l’hypocrisie. Sarko nous ment, voilà ce qu’ils se disent, Sarko nous mène en bateau, mais, là, ce n’est pas le yacht Bolloré, c’est une barque qui prend l’eau.
Alors, on l’attend notre président, sera-t-il à la hauteur, notre bling-bling en repentance, bientôt à la tête de l’Europe, aura-t-il la stature face au dictateur chinois ?
A l’heure où les sondages sont aux plus bas, un conflit diplomatique franco-chinois n’est pas pour le servir, loin de là. Il ne s’agit plus de balancer des slogans publicitaires, des promesses de campagnes pour s’en sortir. Il va avoir besoin de talonnettes d’au moins 30 cm de haut pour être à la hauteur.
Le président Hu Jintao, ce n’est pas une Ségolène Royal à qui on essaie de faire la morale un soir de débat. Le gros bisou du président du Sénat à une athlète handicapée ne va pas faire oublier les centaines de milliers de signatures sur les pétitions, les appels publics au boycott, les images de révolte reprises par toutes les télévisions de la planète !

Décidément, ce n’est pas facile de fréquenter les dictateurs qui rasent les régions dissidentes, font enfermer ou assassiner les journalistes, éteignent les cultures, manipulent les marchés, menacent les démocraties... mais achètent des avions, des centrales, des TGV, des armes...

Alors, cerise sur le gâteau, savonnette sur la planche, le Dalaï-Lama et le dissident chinois Hu Jia déclarés "citoyens d’honneur" de la Ville de Paris, voilà qui ne va pas arranger les affaires.

Mais, qu’en a-t-on à faire, au fond, de ces marchés ?
A moi, que me rapportent vraiment ces marchés de plusieurs milliards, de trilliards, de zillions ? Que m’importent les résultats non redistribués des entreprises du CAC 40 et leurs usines délocalisées ?
Alors, je vais faire comme eux, je ne vais défendre que ce qui me rapporte, que ce qui m’apporte, ce qui m’importe, ce qui m’emporte.
Et bien, la sagesse du Dalaï-Lama, elle m’apporte beaucoup !
Le choix du spirituel sur le mercantile, la non-violence et le partage face à l’égoïsme, ça a de la valeur. Même le ventre vide, cela m’emporte dans un monde qui me va, alors, celui-là, je le défends.

Dominique LIN


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