Le soufflé retombe
par olivier cabanel
mardi 3 mars 2009
Le soufflé est un plat délicat, qui demande beaucoup de précautions, et qui, s’il est consommé trop tardivement, s’affaisse misérablement.
Un trompe l’œil en quelque sorte.
Faisons un parallèle avec l’aventure de notre président puisque après sa victoire tonitruante fêtée à grand frais au "Fouquet’s", avec « quelques amis », les sondages le mettent de plus en plus bas.
On peut sans crainte de se tromper beaucoup annoncer que la page de « l’état de grâce » est définitivement tournée.
Les causes de cette baisse d’opinion favorable sont multiples :
les paillettes et les bling-bling présidentiels, qui ont suivi l’élection, les fêtes luxueuses, ou se côtoient tous les amis du Président : grands patrons de la presse parlée, écrite ou télévisuelle, grands chefs de l’industrie, avec servie en prime cette arrogance d’une pensée de droite qui s’affirme sans complexe.
Les français aiment bien sentir que les hommes au pouvoir sont des puissants, mais ils veulent aussi les sentir proches de leur préoccupations, et voudraient bien qu’on s’occupe un peu de leur pouvoir d’achat en baisse.
D’autre part, commence une lassitude de voir le premier homme de l’Etat omniprésent chaque jour, dans chaque journal, dans chaque télévision, et chaque radio. Une lassitude de le voir partout, s’agiter, contrôler, minorisant allègrement la tâche de son premier ministre, qu’il considère comme un « collaborateur ».
La collaboration est un mot qui ne passe plus très bien en France depuis la dernière guerre.
François Fillon s’offusque de ce rôle dans l’ombre, et attend que son heure vienne.
Et comme Sarkozy dit qu’il fera ce qu’il avait promis, les expulsions du territoire des sans papiers s’intensifient, ce qui commence à ne plus être très populaire, surtout quand les passagers d’un avion s’offusquent avec raison de la brutalité des forces de l’ordre, et se retrouvent à la barre d’un tribunal pour offense à la république.
Le couple franco-allemand bat de l’aile. Madame Merckel supporte difficilement les embrassades intempestives en place publique de la part de Nicolas Sarkozy.
Les suppressions de postes dans l’administration ont frappé de plein fouet l’éducation nationale, l’hôpital, les prisons, ou faute de personnel, les ratages et les suicides se multiplient.
Le gouvernement entend mettre à l’unisson l’âge de la retraite pour tous, sans tenir compte de la pénibilité d’un travail et parle à nouveau d’une taxe sociale laquelle portera un autre nom.
Le Grenelle de l’environnement a définitivement pris l’allure d’un pétard mouillé, et le nucléaire en sort tout ragaillardi, puisque Sarkozy à l’EPR qui le démange.
Nous sommes aujourd’hui à deux mois de l’anniversaire électoral et la crise mondiale qui perdure ne va rien arranger.
Cerise sur le gâteau, on s’agite dans les îles, et après la Guadeloupe, ou pour une fois Sarkozy a été invisible, c’est à Madagascar que la révolte gronde.
Ce n’est pas vraiment une colère contre « la mère patrie », mais plutôt contre les Békés, ces anciens colons qui détiennent d’une main de fer toute l’économie du pays, et qui, se trouvant sans concurrence, pratiquent des prix au delà de ce qu’il est convenu d’appeler raisonnable.
Pour assombrir le tableau, les quelques socialistes que Sarkozy a réussi à attirer dans son giron font boulette sur boulette.
Besson se révèle encore plus à droite qu’on aurait pu l’imaginer, et le « bon docteur » Kouchner se voit obligé de traîner quelques casseroles, suivi par un Lang qu’on attendait ailleurs que dans un rôle de « facteur ».
Après avoir entendu de la bouche présidentielle que « les manifestations n’étaient plus remarquées », plus de 2 millions de français sont sortis dans la rue en grand nombre en février, pour le faire mentir, et seront vraisemblablement encore plus nombreux le 19 mars.
En attendant, ils s’entraînent au jet de chaussure.
D’autant que les quelques miettes offertes aux classes moyennes n’ont satisfait personne, et surtout pas les plus pauvres.
Ils se sentent les grands oubliés de la République.
Avec le temps qui passe, le carrosse est en train de tourner en citrouille.
Car comme disait un vieil ami africain :
« le bois peut rester longtemps dans la lagune, il ne sera jamais caïman ».