Législatives partielles : un test ?

par Michel DROUET
mercredi 12 décembre 2012

L’impayable Copé, maître-ès langue de bois, s’est d’ores et déjà félicité des résultats de l’UMP lors des législatives partielles de dimanche.

Le F.N. crie victoire par la voix de sa Présidente mais est beaucoup plus modéré par celle de son député Collard.

Le P.S. est aux abonnés absents, conscient qu’il était de la médiocrité des résultats de ses candidats compte tenu du climat actuel.

Alors, un test ?

Certainement pas, sachant que les élections partielles profitent généralement aux sortants invalidés. Les commentateurs politiques et autres représentants de partis auront beau mouliner et pérorer dans les médias, ce la ne changera rien et six mois après l’arrivée d’une nouvelle majorité aucun bouleversement n’était attendu avec ces partielles.

Pas de test, donc, mais des enseignements : Les électeurs de l’UMP ont clairement fait savoir à leurs dirigeants que les querelles d’appareil n’étaient pas de mise et qu’ils étaient en attente d’une opposition rassemblée et intelligente. Au passage, le phénomène « baron local » a joué en faveur de l’UMP, parti très bien implanté localement, ce qui est loin d’être le cas du F.N. qui a de tous temps joué sur l’image du chef pour des élections nationales et a toujours négligé l’implantation de terrain.

Dans ce contexte, et dans l’hypothèse où la guerre des égos à l’UMP cesse rapidement (ce qui n’est pas gagné), le P.S. a du mouron à se faire pour les prochaines échéances municipales de 2014.

L’abstention, enseignement principal

Il est vrai que les partielles ne mobilisent pas les foules, mais dans le cas de ces partielles le taux d’abstention est remarquable : 58% dans l’Hérault, 63 % dans les Hauts de Seine et 71 % dans le Val de Marne, c'est-à-dire que la participation a oscillé entre à peine 1 électeur sur deux et un électeur sur trois.

Ce n’est pas une nouveauté et on constate une érosion progressive de la participation à tous les scrutins, sauf peut-être à la Présidentielle en raison du battage médiatique dont bénéficie cette élection et de la trop grande importance que lui donnent les électeurs.

Evolution de l’abstention selon les élections :

Elections

Evolution de l’abstention

Période

Européennes

De 39 à 59 %

De 1979 à 2009

Présidentielles

De 14 à 19 %

De 1981 à 2012

Législatives (1ers tours)

De 29 à 43 %

De 1981 à 2012

Régionales

De 25 à 53 %

De 1986 à 2010

Cantonales

De 44 à 55 %

De 2001 à 2011

Municipales (1ers tours)

De 20 à 35 %

De 1983 à 2008

A quoi peut-on attribuer ce désintérêt croissant des électeurs pour les élections ?

Sans doute à un désenchantement global face à la mondialisation économique et financière qui rogne un peu plus chaque jour le pouvoir d’intervention du politique et qui se traduit par une incapacité chronique à répondre aux attentes des citoyens.

Le désintérêt provient également du spectacle affligeant auquel se livrent les politiques, plus concernés aux yeux des électeurs par la prise de pouvoir que par ce qu’ils feront une fois élus. Le cas actuel de l’UMP mais aussi celui du congrès de Reims pour le P.S. sont là pour nous rappeler que les trajectoires individuelles sont parfois plus importantes que les promesses électorales, d’où des reniements successifs.

On peu aussi attribuer ce désintérêt croissant à la complexité du système politique français qui veut que l’on vote régulièrement (trop, sans doute) pour désigner des représentants selon des modes de scrutins différents (majoritaire, proportionnel, uninominal, liste,…), dans des circonscriptions électorales diverses et variées (cantons, communes, circonscriptions législatives, départements, France entière).

C’est un fait, la complexité du système conjugué avec une perte de culture politique favorisée par les médias qui s’attachent davantage à commenter les petites phrases qu’à faire de la pédagogie, est un élément majeur de la désaffection des citoyens.

Cela ne va pas s’améliorer : là où la simplification et la pédagogie devraient être l’axe majeur pour revivifier la vie démocratique, on assiste à la confiscation du pouvoir par une caste de plus en plus inefficace qui préserve ses petits intérêts électoraux et son petit cumul de mandat.

La crise de confiance est profonde et il n’y a aucun changement à attendre dans les prochaines années, sauf la progression de la courbe de l’abstention aux élections. 


Lire l'article complet, et les commentaires