Les anarchistes

par Gasty
mercredi 26 janvier 2011

L’anarchie dans sa représentation la plus simple est l’établissement d’un ordre social sans dirigeant, une émancipation individuelle ou collective, une société plus juste ; base de l’organisation sociale, des relations économiques et politique. Bien que l’esprit même de l’anarchie ait toujours existé, elle prend sa forme et son nom définitif au XIXème siècle avec l’arrivée de l’état moderne dominant. Le rôle de l’état avec l’omniprésence de l’église devient très vite l’oppression et l’exploitation.

La réponse à cet état est claire ! L’état est l’ennemi (porteur de violences policières et guerrières). La présence soudaine de ce mouvement perturbateur des consciences va au cours des années obliger à considérer l’évolution de la société sous un autre aspect.

Mais cela ne se fera pas sans effusion de sang.

L’anarchie trouve donc sa raison d’exister au grand jour. Elle s’oppose aux représentants de l’état pour lutter contre l’oppression et l’exploitation, elle est révolutionnaire. Le PIB de 1800 à 1870 par habitants est multiplié par quatre sans modifier pour autant le niveau de vie de la population, il stagne, il ne s’améliore pas. Le capitalisme en est la principale cause et les revendications seront accueillies par une répression violente « Répression = action ». C’est l’anarchie qui subira les qualificatifs de désorganisation et de destruction de la société, de violence, de chaos mais jamais au grand jamais on lui attribuera des idées qui se veulent constructives du monde moderne. Pourtant ! Au grand dam de la classe dirigeante, ce fut le moteur essentiel des avancées sociales.

En cette fin de siècle et début XXème plusieurs pensées anarchiques s’affrontent, notamment celle proudhonienne et Marxiste.

Malgré cela, toutes les tendances se rejoignent et coexistent au sein des différentes associations libertaires. Derrière la pensée anarchique, on trouvera communisme, syndicalisme et socialisme.

Mais aussi insurrectionnelle. En 1877 Cafiero et Malatesta franchirent une étape qui sera probablement le développement durable du mouvement anarchique en brulant les titres de propriétés ainsi que les archives de la monarchie et de l’état dans plusieurs communes du Bénévent, en Italie. Le contenu de la caisse du percepteur sera distribué aux plus démunis. Le mouvement anarchique va prendre de l’ampleur et s’étendre en Espagne ainsi qu’en Russie. Dans les années suivante elle s’étendra à l’argentine, l’Ukraine et le Brésil.

En France ce sont Elisée Reclus et Jean Grave qui sont les fondateurs du mouvement anarchique. D’autres vont se tourner vers le syndicalisme et fonder la CGT (Emile Pouget et Pierre Monatte). Plusieurs vont choisir cette direction, les Catalans (CNT crée en 1910). Plus tard, les éléments les plus durs du mouvement anarchique s’empareront de ce syndicat qui sera renommer CNT-FAI (en 1927). En Catalogne (1936) ils prendront la tête de la résistance.

Le POUM (parti ouvrier d’unification marxiste) hostile à la troisième internationale communiste, organisera la première tentative très poussée de collectivisme. Ils imposeront l’égalité des rémunérations, mettront en œuvre la réforme agraire, les usines seront gérées par des conseils ouvriers. Durant la guerre civile d’Espagne, hormis les formations Catholiques, les monarchiques et la Phalange FN, en un mot les nationalistes, viendra le NKVD (brigade stalinienne formé en 1937) pour porter la touche finale à la liquidation de la tendance anarchique.

L’Espagne sombre dans la dictature avec Franco, les communistes dans celle de Staline.

En cherchant bien, chacun pourrait se trouver en lui un gène philosophique de nature anarchique. Mais si tant est que l’on veuille bien ne pas en refouler l’idée et que le mot liberté ne soit pas dévoyé de sa nature originelle et accepté comme une valeur porteuse de l’anarchie. Pourquoi pas si je puis me permettre ! Puisqu’en des temps reculés, nos ancêtres se sont aménagés des sociétés sans autorité politique, d’état ou de police.

Tout pourrait avoir commencé à prendre forme avec la théorie du contrat social de HOBBES. C’est une théorie prenant comme référence l’agissement de l’individu dans l’état de nature et des lois naturelles. De ces lois naturelles, les individus doivent pouvoir avec l’aide de la raison vivre en société.

Il en ressortira que vivre en société implique donc une restriction du droit naturel afin d’éviter les tentatives systématique d’accaparements sur toutes choses par l’établissement de lois civiles. L’anarchie reconnait la nécessité de lois civiles.

ROUSSEAU reprendra plus tard ce concept. Pour lui, la raison et l’idée même de devoir sont absentes de l’état de nature, elle se limite aux principes primitifs de « l’amour de soi et la pitié ».

Dans son Discours sur l'inégalité, Rousseau évoque la progression de l'inégalité : « l'égalité rompue fut suivie du plus affreux désordre : c'est ainsi que les usurpations des riches, les brigandages des pauvres, les passions effrénées de tous étouffant la pitié naturelle, et la voix encore faible de la justice, rendirent les hommes avares, ambitieux, et méchants ».

Le désordre ne viendrait pas comme on veut nous le faire croire de l’anarchie. Mais une chose est certaine, l’anarchie se réactive spontanément par des réponses révolutionnaires aux désordres engendrés par les inégalités provoqués non pas pour des causes de différences mais par la spoliation et l’injustice.

 Du Contrat social, Rousseau cherche le fondement d'une autorité légitime parmi les hommes. Il s'agit pour lui de définir à quelles conditions l'homme peut se soumettre à une autorité, ici de nature politique, sans rien perdre de sa liberté. L'homme étant naturellement libre, ce fondement ne peut être qu'une convention. Comment les hommes peuvent-ils associer leurs forces, sans renoncer pour autant à la liberté ? Tel est le problème du contrat social, énoncée en ces termes  : « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même, et reste aussi libre qu'auparavant ».

On parle de droit naturel et droit positif.

L’état de nature et l’état civil ont une similitude. Quiconque observe, pense et raisonne connaitra les pensées et les passions des autres hommes. Dans l’état civil, il s’agit de dépasser l’individu pour l’humanité, c’est-à-dire à l’ensemble des individus réuni en société et défini par les règles du droit positif. Il aura suffit de recréer l’isolement par la peur pour que la conservation individuelle devienne priorité sur le bien commun, l’ennemi c’est le voisin. L’homme retourne à son isolement hors de toutes organisations qui structure la contestation, livré et soumis à l’intoxication, la désinformation, la dissimulation et le mensonge. Mais cette société ne peut plus être un état de nature.

La méthode la plus prometteuses de nos jours, modifier le sens du langage, appauvrir la portée des mots, les détourner de leurs définitions afin d’en détruire la pensée ou ses valeurs originales parfois chargé d’une histoire.

Si aujourd’hui certains viennent à se réclamer de De Gaulle, de Jaurès, ce n’est pas par pur bêtise mais bien pour tenter de dissimuler un système politique antisocial en portant la confusion dans les esprits. Même les plus jeunes ne seront pas épargnés avec Guy Moquet.

La destruction de la société, la violence, le chaos seraient-elles vraiment les valeurs véhiculées par « l’anarchie » ? Ou est-ce une crainte entretenue ?

L’anarchie s’étant opposée à l’autoritarisme et au refus des institutions policières et guerrières, celle-ci aura forcément accueilli au fil des décennies tous les paumés de la terre en difficulté d’insertion ou en conflit avec la société. Donnant parfois des mouvances des plus hétéroclites.

 Mais le plus stupéfiant de tous et qui pourrait mettre un peu plus de confusion et de désordre dans des esprits déjà servile ou faire tomber les derniers bastions de résistance représentant un danger à la dérégulation totale de la société, affaiblir ses institutions et reprendre le pouvoir sur les valeurs sociales acquises, c’est l’appropriation du terme anarchiste par les ultra libéraux (ce qui n’a rien d’étonnant en somme).

 Aurait-il fallu déposer la philosophie anarchique ? « Tous droit philosophique réservé » Pour éviter ces indignes vols de la pensée. Certes ! On les reconnait ainsi plus aisément parce qu’ils osent tout.

Plus communément dénommé, « Les anarcho Capitalistes », les ultra libéraux se prennent donc pour des anars parce qu’ils rejettent l'autorité de l'État. Mais attention ! Celui de l’état commun pour l’intérêt privé. Et pas des moindres !

Tout doit être privatisé : la police, la justice, l’armée, l’enseignement etc…Tous vous dis-je !

Plus encore avec David Friedman et Murray Rothbard .

Ils défendent le droit d'accomplir des actes qui sont jugés illicites ou immoraux, la production et la vente de drogues, la vente d’organes, la prostitution, la vente d’armes à feu et ainsi de suite…

Hobbes et Rousseau ont bien compris que la loi naturelle ne pouvait suffire. La loi civile ou droit positif était la seule garantie d’une organisation juste.

Les anarcho Capitaliste eux, NON !

Et dans quelle société glissons-nous ?

Gasty (L'anarchie est la formulation politique du désespoir, Léo Ferré)


Lire l'article complet, et les commentaires