Livre : « Les plages vont-elles disparaître ? »

par Christian Le Meut
mercredi 1er février 2006

Je lis parfois des livres d’horreur ! Oui, d’horreur, comme ce petit livre jaune dont je vais vous parler maintenant et qui s’intitule : Les plages vont-elles disparaître ? Ce n’est pas une blague, ni une prophétie de Nostradamus, mais une donnée scientifique : les plages régressent sur notre belle planète, d’après un géographe membre du conseil scientifique du Conservatoire du littoral : Roland Paskoff. 70% des plages sont en régression dans le monde, écrit-il, 20% sont stables, et 10% seulement s’agrandissent.

Mais d’où viennent le sable et les galets sur lesquels nous nous prélassons au soleil l’été ? Eh bien, ils viennent, pour une part, des fleuves : la Loire, la Vilaine, le Blavet, le Scorff, la Garonne, le Rhône. Or nos fleuves apportent moins de sables et de galets, à cause des barrages qui y ont été édifiés. Du sable y est également prélevé. Les plages sont également menacées par l’urbanisation. Beaucoup de maisons et d’immeubles ont été construits à quelques mètres de plages : or une plage résistera mieux à l’érosion s’il y a des dunes derrière, elles-mêmes pourvoyeuses de sable et de terre... Une plage a besoin d’espace pour reculer et avancer au fur et à mesure du temps.

La loi littoral impose une bande de cent mètres sans construction, et c’est une bonne chose pour tout le monde. Pour la nature, d’une part, mais aussi pour les propriétaires qui ne risquent pas ainsi de voir leurs maisons détruites progressivement sous le coup des tempêtes. A Gâvres, par exemple, la digue de la grande plage cède parfois, et l’eau de mer inonde les caves de maisons de construction relativement récente à des endroits qui auraient dû peut-être rester naturels.

Mais un autre danger menace les plages, et la côte en général : la montée des eaux, due aux changements climatiques. Selon Roland Paskoff, les eaux devraient monter de 44 centimètres d’ici 2100. La violence des tempêtes et la force des vagues en seront accrues, au risque de détruire certaines installations côtières et de rendre inhabitables certaines maisons... Mais si l’océan emporte le sable, que nous laissera-t-il à la place, des cailloux ?

Roland Paskoff suggère des solutions : ne plus construire trop près des plages ; mettre des rochers artificiels pour stopper les vagues, ou apporter du sable prélevé dans l’océan... Être plus vigilant aussi, quand sont construites de nouvelles jetées, de nouveaux ports, afin de ne pas perturber certains courants... Il est urgent de trouver des solutions : que serait notre monde sans plages de sable sur lesquelles roussir au soleil, faire une petite sieste, jouer aux raquettes, puis aller se baigner ?

Sur la Côte d’Azur, il y a des plages uniquement de galets ou de rochers : quel plaisir de s’y coucher ! Alors on y loue des chaises longues. Certaines plages sont accaparées par des loueurs de chaises longues et leurs occupants ; la plage devient payante : incroyable, mais vrai. A Monaco, j’ai même vu une plage accessible par ascenseur ! Oui, par ascenseur, tellement il y a d’immeubles partout, et souvent laids, qui ne permettent plus d’accéder à la plage autrement... Ici, en Bretagne, comme dans beaucoup d’autres régions, au moins, nos plages de sable sont gratuites ! Pourvu que ça dure.

Je me demande comment feront les enfants, dans cent ans, pour construire leurs châteaux de sable... sans sable ?

Christian Le Meut

Les plages vont-elles disparaître ?, Roland Paskoff, Ed. Le Pommier, 2005.


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