Main-basse sur les valeurs républicaines

par C’est Nabum
mardi 7 mars 2017

Bas les masques

Du Trocadéro au pas de l'oie.

Nous n’avions pas été dupes, certes, mais assez surpris que le parti de la réaction puisse choisir de s’autodésigner : « Les Républicains », le plus sérieusement du monde. Nous savons désormais que ces gens poussent l’indignité plus loin encore en devenant les Résistants de la France, les vrais, les seuls, envers et contre tous. Eux seuls, désormais, sont les dépositaires des valeurs de la République, valeurs dont on connaît le coût exact au travers des détournements financiers de leur cher porte-drapeau du redressement national.

Le rassemblement du Trocadéro est la cerise sur le château, la méprise sur le complot, le grand raout des notables, des fraudeurs, des menteurs, des contribuables exonérés et des fripouilles argentées. Dans ce joli monde, monsieur, on ne participe pas à l’effort national, à la solidarité fiscale ; on triche, on détourne, on fraude, on capitalise, on exonère, on engrange ! L’impôt est une hérésie, la fraternité une tache dans la devise nationale. Eux sont là pour se servir et ne jamais tendre la main aux pauvres gens.

C’est la France des maîtres de forges, des ci-devant, des nantis en exil fiscal, des canailles distinguées qui sortent de l’ombre, affichent ouvertement leur mépris des règles communes, des principes moraux et de la justice. Le Grand Charles doit se pincer du côté de Colombey-les-Deux-Eglises d’avoir ainsi des factieux et des renégats se prétendant ses héritiers. Voilà la plus grande insulte jamais faite à sa mémoire !

Ne pensez pas que ces gens si distingués soient dupes de la pantomime actuelle. Ils sont intimement convaincus qu’il y a un complot pour leur voler leur victoire, pour les priver de ce pouvoir qui leur revient de droit divin. Les bourgeois ont ceci de formidable qu’ils se sentent investis d’une responsabilité héréditaire à tenir les rênes, à puiser dans la caisse, à profiter de privilèges honteux. Il en a toujours été ainsi et il n’y a aucune raison que ça change.

Ils méprisent le peuple, rabaissent les subalternes au rang de valets et de domestiques, exigent déférence et mesures d’exception à leur seul profit. Tout comme le Prince des risettes, leur cher martyr, ils portent avec lui la croix, subissent de plein fouet cette cabale fomentée par les forces obscures de la confiscation des richesses justement méritées. Au Trocadéro, nous assistons au grand cortège des nostalgiques de l’ancien régime, des défenseurs du régime des castes. Ils sont les gardiens de la foi et de la nation, les petits-enfants de Vichy, les amis de la monarchie.

Ne pensez pas qu’ils jouent un rôle, qu’ils cherchent à sauver la face. Que nenni, ils sont convaincus de leur bon droit, ils adhèrent à la théorie du complot, ils réclament justice ; car leur grand candidat est une victime, un héritier du Christ que l’on veut mettre en croix pour avoir tenu un discours de vérité. Ils sont propriétaires des terres, gardiens des valeurs, garants de la paix civile.

C’est le grand retour de la réaction, la conception sclérosée de la société. Eux sont les maîtres du jeu, ils n’entendent ni partager ni vivre dans une nation plus solidaire, plus égalitaire, plus juste. Ils n’ont aucun compte à rendre ; ils agissent en connaissance de cause sans la moindre conscience républicaine, forts d’une position acquise de toute éternité.

Ils sont les gros salaires, les professions libérales qui abusent, sans le moindre des remords, d’honoraires qui privent les pauvres gens de leurs services. Ils dépensent en une journée ce que d’autres ne gagneront jamais en une année. Ils ne sont absolument pas scandalisés des sommes détournées par leur champion, lui comme eux, mérite de vivre au-dessus du commun : ils le valent bien quand les autres ne sont que des parasites et des grippe-sous.

Leurs enfants ne fréquentent pas les écoles de la République ; ils vivent et grandissent dans un monde aseptisé à l’écart du pays réel, du chômage et de la misère. Ils sont l’abjection la plus folle, la négation absolue du discours évangélique dont ils se réclament sans éventuellement le connaître et surtout sans jamais se l’appliquer. C’est la France en loden, la France des prévaricateurs et des profiteurs, la France des beaux quartiers, la France qui suce les forces vitales de la nation.

Qu’ils aillent au diable mais qu’ils cessent de se prendre pour les Résistants de la France ! Ils en sont les vrais parasites, les bactéries, les sangsues, la honte et le déshonneur. Je leur rends leur mépris et leur abjection. Ils sont félons et traîtres et méritent le sort qui est réservé aux salauds. Leur champion, quant à lui, échappera à coup sûr au juste châtiment que son indignité mérite et c’est fort dommage ; ses avocats trouveront une faille et le non-lieu sonnera sa rédemption fictive.

Exécrationnement leur.

 


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