Mais de quelle ligne parle-t-il ?

par C’est Nabum
lundi 15 février 2016

Certes pas la ligne rouge ...

À la pêche aux voix, sur un fil coupé …

Notre grand Mamamouchi présidentiel vient d'exprimer, avec le talent qu'on lui connaît désormais, les raisons d'un remaniement ministériel qui laisserait la totalité du pays indifférente s'il n'avait réussi à nous amuser, une fois encore, en venant prendre la parole devant une nation qui ne l'écoute plus du tout.

Fidèle à sa navigation, au jugé sur son petit pédalo, l'homme avance sans compas ni carte marine. Il n'a d'autre projet que de se maintenir à flot ; qu'importe si tout le pays prend de la gîte et menace de sombrer. Lui, est certain de son fait, c'est encore une chance, et affirme péremptoire avec ce ton mielleux et lancinant de vieux précepteur pour familles bourgeoises qu'on lui reconnaît aisément : « Je tiens la ligne ! »

Mais de quelle ligne peut- il bien vouloir parler ? J'avoue me perdre en conjectures, tant tout, avec lui, est flou, incertain, compliqué, emberlificoté dans une dialectique alambiquée destinée aux seuls apparatchiks ! Nous autres, gens du peuple, nous sommes les cadets de ses préoccupations. L'homme dans la tempête, ne pense qu'à sa réélection, oubliant que ce sont ces pauvres vermisseaux qui voteront et non pas les représentants des courants, des groupuscules politiques et des ambitieux sans morale ni dignité.

La première ligne qui me vient à l'esprit est celle qui devrait lui permettre d'espérer aller à la pêche aux voix. La ficelle est grosse et bien rares sont encore les naïfs qui vont se faire prendre à l'hameçon. N'est pas Charles qui veut ; le pauvre François n'a qu'une gaule et est monté si fin qu'il n'est pas près de remonter du poisson.

La suivante est ce fil tendu sur lequel notre grand funambule marche les yeux fermés. Il nous tend une perche pour continuer ainsi, du moins le pense-t-il, à nous amuser avec ses simagrées pathétiques. Depuis belle lurette, l'équilibre est rompu : nous n'espérons plus rien de l'acrobate dérisoire.

La ligne ne serait-elle pas alors cette fameuse courbe qui devrait s'inverser un jour ? L'inflexion de la voix de ce formidable orateur de congrès ne trompe pas. Il ne maîtrise pas la géométrie euclidienne : plus la ligne se brise sur le réel, moins il perçoit les signaux d'alerte. Il continue à tracer son chemin à main levée, le trait est hésitant, hachuré parfois, pointillé toujours.

Et si, tout bonnement, la seule ligne qui le soucie véritablement n'était que la sienne pour continuer à séduire son actrice. Le peu de cas qu'il fait des cris de désespoir d'un peuple exsangue démontre que notre homme tient à conserver sa place uniquement pour continuer de jouir des séances de cinéma du dimanche soir : un privilège délirant pour les habitués du Palais.

À moins qu'il ne s'agisse de la ligne qu'il doit se mettre dans le nez pour continuer de croire en sa bonne étoile, en dépit de tous les signaux au rouge, toutes les critiques et les clameurs qui montent de ces citoyens qu'on méprise avec tant d'ardeur dans les allées du pouvoir. Nous avons pris l'habitude d'être gouvernés par des toxicomanes distingués ; un de plus ne serait pas pour nous surprendre.

Et si tout simplement la ligne n'était que téléphonique. Le pauvre niaiseux ne s'étant pas rendu compte que plus personne ne l'écoute, il est encore persuadé que nous sommes dans l'attente de ses déclarations. Il garde donc la main sur le combiné pour continuer de nous berner avec ses sornettes. Le pays est en dérangement : le peuple a coupé le lien avec ses élites méprisantes et pourtant, le chef de l’État continue de tenir le standard !

Tout est dit ; ce n'est plus la peine de couper la ligne. Quelle qu'elle soit, il y a si longtemps qu'elle s'est brisée dans le flot des combinaisons foireuses, des mensonges éhontés, des reniements pitoyables que nous n'attendons plus rien des agitations de nos pauvres ministres, secrétaires d'état et valets orgueilleux. Tout juste sert-elle à repérer ceux qui sont disposés à renier honneur et dignité pour un portefeuille et un titre qu'ils garderont à vie.

Coupefilement sien.


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