Mariage et parentalité : deux choses ŕ ne pas confondre
par Lucien-Samir Arezki Oulahbib
vendredi 23 juin 2006
Le mariage pourrait être ouvert aux personnes du même sexe à deux conditions, me semble-t-il.
1°/ La question de l’adoption ou de la procréation d’un enfant devrait être découplée du mariage.
Autrement dit, ce n’est pas parce qu’on se marie qu’on peut avoir automatiquement un enfant lorsqu’on est du même sexe. Pourquoi ? Parce que l’enfant a le droit d’avoir un père et une mère. Il n’est pas possible de le lui imposer le contraire. Dans ces conditions, les couples homosexuels doivent admettre ceci et ne pas considérer le droit d’avoir un enfant comme similaire au fait d’avoir le droit à une protection, car il s’agit d’un être humain ; ce qui implique d’assurer que l’enfant puisse garder le contact avec la mère ou le père biologique, ou, à défaut, (lorsqu’il s’agit d’insémination artificielle faite à l’étranger) d’avoir une mère ou un père adoptif qui aurait la possibilité d’aider au choix. L’enfant n’a pas à subir les aléas de Mère Nature... ou de Père Désir... Dans ces conditions également, il ne sera plus possible qu’un célibataire puisse adopter un enfant (d’ailleurs, ce n’est guère réalisé dans la pratique pour des enfants de moins de 7 ou 8 ans...).
2°/ La seconde condition implique la nécessité d’écrire un préambule à l’Acte du mariage (comme il y a un préambule à la Constitution).
Ce préambule pourrait indiquer que la République reconnaît les unions que la nature rend possible, comme l’hétérosexualité ou l’homosexualité, c’est-à-dire en considérant que ces deux tendances ne sont pas le pur produit d’un choix culturel (qui est, lui, une affaire privée, du moins dans certaines limites) mais d’un choix principalement naturel, en ce sens que les parties prenantes ont toujours eu cette inclination, camouflée plus ou moins du fait de la pression socioculturelle.
Quel serait l’intérêt d’un tel Préambule ? Celui d’une protection des plus sensibles psychiquement et vis-à-vis desquels certaines pressions idéologiques peuvent inciter à penser que l’homosexualité ou l’hétérosexualité serait un choix uniquement mental, qu’il serait alors possible de changer au gré des caprices, comme le prônent certains en se battant contre la différence sexuelle, c’est-à-dire en considérant qu’un homo devrait être également hétéro par moments afin de prouver qu’il n’est pas enfermé dans une identité. Pourtant, il existe rarement des homosexuels qui se découvrent hétéros au détour d’un désir, alors que l’inverse est vrai, des homosexuels par pression socioculturelle ont eu des enfants. Ne faisons alors pas en sorte que l’inverse se déroule et que par pression idéologique, l’on incite certains à faire un choix alors que ce n’est pas leur tendance naturelle, au sens d’inclination permanente. Car, autrement, pourquoi interdire le mariage à... trois, quatre, bref la polygamie ? Pourquoi interdire le mariage sadomaso à partir du moment où on accepterait que le sadomasochisme soit une tendance culturelle comme une autre ?
Bien sûr, les notions de nature et de culture ne sont pas aussi tranchées, il s’agit d’une interaction, mais, tout de même, il y a des tendances fortes qui se décantent et on peut observer que deux se détachent, l’hétéro et l’homo, même si l’hétéro est largement majoritaire, contrairement à ce que l’on dit...
En tout cas, déconnecter la question du mariage de celle de la parentalité, cela doit être pris à bras le corps, si on veut penser aussi du point de vue de l’enfant. D’ailleurs, pourquoi ne pas faire en sorte que certains enfants n’ayant pas un environnement adéquat puissent, après démarche volontaire, ou enquête et éventuellement décision de Justice, être placés durant l’année scolaire dans des internats dernier cri qui leur permettraient d’échapper à leurs destinées sociétales et ainsi d’épanouir leur potentiel ?
En tout cas, un débat sérieux devrait être entamé, plutôt que procéder de la même manière que pour l’IVG, c’est-à-dire par le fait accompli : la masse des cas à traiter oblige le politique à entériner, alors que le droit à l’enfant ne devrait rien à voir avec le droit d’avoir un enfant dans n’importe quelle condition. Du moins si on admet que l’enfant n’est pas un objet miroir ou un signe de reconnaissance sociale. Il est dommage que certains soient réduits à reproduire cette vieille antienne.