Ministres, médias, entre filouteries et maladresses...

par Jean-François Dedieu
lundi 18 novembre 2013

Avant de remettre en question, reconnaissons d’abord, de la part du gouvernement, le respect retrouvé pour l’Éducation des enfants et l’effort financier consenti pour réhabiliter un fondement républicain mis à mal par les précédents (notamment un nommé Chatel venu appliquer les méthodes de l'Oréal). Ce n’est pas pour autant qu’obligation nous est faite, malgré la perspective vertueuse, d’accepter des postures politiciennes peu respectueuses de l’éleccicon, l’électeur-citoyen contribuable de base. Fatalité de l’alternance dans la continuité avec des socialistes qui se coulent à plaisir dans une constitution jadis honnie (le coup d’État permanent de Mitterand... le Florentin) !

Le ministre de l’Education Nationale a une drôle de façon de dire les choses. Après avoir systématiquement insisté sur l’incohérence des parlementaires qui étaient d’accord et ne le sont plus, il se garde bien de préciser qu’ils n’ont pas la main sur le décret autonome relatif aux rythmes scolaires. De même pourquoi s’autorise-t-il à parler de maires récalcitrants qui n’ont pas la possibilité d’empêcher la semaine de 4,5 jours, ce dont tout le monde convient, hormis quelques cumulards imbéciles de l’Assemblée Nationale (pour les 34000€/tête qu’ils nous coûtent !). Nous noterons cependant un léger progrès lorsqu’il termine sur les maires qui auront « la responsabilité de faire des orphelins de 15h45 » reconnaissant implicitement la limite légale d’une réforme tenant de la carpe et du lapin. Le « c’est la loi » antérieur se trouvant plombé de nombreux bémols, chacun appréciera la détermination provocante de celui qui va faire peser le côut de la réforme sur les communes (pour rajouter au ras-le-bol fiscal provoqué ?) avant d’abandonner le navire pour se présenter aux européennes ! On ne peut que prendre acte de la manière de fourguer ainsi son pataquès et regretter que sa philosophie le range dans le camp des politiciens madrés plus enclins à utiliser le système pour rogner le peu qui reste de démocratie que le contraire. 

Par contre, pas plus tard que le 15 novembre, lors de la même visite officielle à Cluny, le Premier ministre, avec une sincérité qui vient compenser son entêtement, a (involontairement ?) ouvert une parenthèse honnête :

« Y’a pas de boycot possible de la réforme. L'organisation du temps scolaire relève de l'Etat. Donc c'est la loi, en l'occurrence un décret... mais un décret a force de loi. », un « mais » chuinté qu’il faut presque lire sur les lèvres et que F3 Bourgogne a zappé à cause de cette sale manie de journaleux qui régurgitent de manière irresponsable (volontairement ?) une version tronquée des propos ! (1) Le « mais » chuinté, s’il n’éclaire pas le vulgum pecus, renvoie à la facilité de gouverner par décrets, donc d’imposer des lois venues d’en haut ! Ce sont les décrets autonomes prévus par la Constitution de 1958 limitant les domaines sur lesquels le Parlement a prise. Et sur ce qui n’est pas du ressort du Parlement, le Gouvernement détient un pouvoir exécutif autonome (pour ne pas dire absolu) s’appuyant donc sur l’article 37-1 de la Constitution.

Finalement, si les propos du Premier Ministre diffèrent, pour plus clairs et non dissimulateurs qu’ils sont, de ceux du ministre de l’Education, il n’en demeure pas moins qu’ils reflètent une certaine gêne sur le fait d’imposer un décret, démocratiquement parlant, une réalité qui fait réclamer à certains, dont ceux qui n’oublient pas l’injure qui leur a été faite suite aux résultats du référendum de 2005, la fondation d’une VIème République. 

(1) version originale sur le 19-20 de F3 (ven. 15 novembre 13ème minute environ). pour dire que c’ést une loi, un décret valant en tant que tel Vu la Constitution, notamment son article 37-1 autorisant les décrets autonomes. Hormis celui de F3, tous les autres nombreux autres extraits de 1’26’’ proviennent de l’AFP et ont coupé les propos d’Ayrault, pourtant plus édifiants que la guéguerre qu’on veut seulement nous montrer. 


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