Misère de la politique ?

par Caleb Irri
jeudi 15 septembre 2016

Ca ne pouvait pas manquer : les prochaines élections sont déjà dans toutes les têtes… Reviennent déjà en force les petites phrases assassines, les commentaires sur ces petites phrases, et puis les sondages ; les discours enflammés, les promesses en l’air, les polémiques sans fin, les scandales révélés… jusqu’au bouquet final avec le vote utile et tout le tralala.

Comme cela se passe depuis des dizaines et des dizaines d’années, en France comme ailleurs, la mascarade des élections éclipsera la misère de la politique. La misère des programmes, la misère des idées. Durant les mois qui viennent nos journalistes ne feront que compter les points, tandis que les citoyens suivront cette « période électorale » comme ils suivent une série télévisée.

Bon. Pour que Nicolas Sarkozy (lui ou un de ses clones) l’emporte, il lui faut Marine Le Pen en face au deuxième tour.


Pour François Hollande (lui ou un de ses clones), il lui faut aussi Marine Le Pen au deuxième tour. Afin de pouvoir utiliser l’atout « vote-utile ». Les autres peuvent aller se rhabiller, ils se soumettront pour quelques porte-feuilles dès le soir du premier tour.

Pliée l’élection, ce sera le camp de Hollande ou le camp de Sarkozy, et puis on continuera comme avant. Et si c’est Le Pen, et bien ce sera pire. Un peu plus vite ou un peu plus fort. Mais que ce soit avec l’un ou avec l’autre de ces guignols le pire est au bout du chemin. Le monde est ainsi fait que le politique et ce qu’on appelle communément « l’opinion publique » fonctionnent en cycle fermé : l’opinion publique influence les discours des politiques qui influencent l’opinion publique, par l’intermédiaire des médias possédés par ceux qui corrompent les politiques, et qui ne leurs laissent le choix que de se battre dans le vide (médiatique !) ou que de se voir apprendre à pratiquer le double-langage pour pouvoir sortir ses mensonges sans s’étouffer.

Ceci étant dit, il faut quand même retenir qu’en occultant totalement les débats d’idées (qui pourraient avoir lieu si nos prétendants à la victoire en avaient ?), les hommes politiques peuvent ainsi continuer à dire n’importe quoi sans que cela n’écorne leurs chances de victoire. Servis par des journalistes connivents, à tel point que ceux dont nos politiques redoutent les paroles sont désormais les chroniqueurs à la mode…

Le problème c’est que tant que les citoyens continuent de croire qu’en allant voter ils font leur devoir nous continuerons collectivement de cautionner cette insupportable mascarade. Il faut pourtant que cela cesse. Tous ceux qui veulent « changer les choses » devraient s’apercevoir que le changement ne viendra pas du bulletin de vote qu’il déposera dans l’urne, comme depuis des décennies, mais peut-être justement de l’absence de ces bulletins dans les urnes de France. Pour montrer notre mécontentement, nous devrions laisser élire un roi sans peuple. Puisque le système électoral actuel ne permet pas le changement de gouvernance (un parti unique à trois têtes plus ou moins vilaines), alors il ne doit pas être légitimé par notre participation. Si dans le monde le président français est élu avec 20% de participation, il lui sera difficile de se sentir investi par ce « peuple français »… On pourrait alors peut-être commencer à se poser les bonnes questions.

Et à ceux qui se demandent ce qu’on pourrait faire après ça, il existe tout un tas de projets d’Assemblée Constituante prêts à servir, pour peu que les citoyens veuillent bien se donner un peu la peine de s’y intéresser.

Mais les citoyens, veulent-ils vraiment du changement ? C’est peut-être cela la question la plus importante à laquelle il faudrait répondre… Et si nos politiques travaillaient non pas au changement mais justement à l’absence de changement ? Si au lieu de nous informer nos médias nous endormaient avec une jolie série à suspense afin que nous ne désirions même plus de changement ? Et bien si c’était le cas, alors nos hommes politiques ne seraient pas si bêtes ; et peut-être même ont-ils bien des idées, des vraies… mais attention : ils prendraient bien soin de ne jamais les divulguer !

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr


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