Ne passez pas par la case départ

par olivier cabanel
mardi 17 septembre 2019

Tous les amateurs de Monopoly ont découvert un jour ou l’autre cette carte « caisse de communauté », leur enjoignant : « ne passez pas par la case départ, allez directement en prison  ».

Patrick Balkany connait probablement ce jeu, et après avoir fait un bras d’honneur à la justice de notre pays, il est aujourd’hui en prison, ouvrant (peut-être) la voie à d’autres politiques de haute volée.

Peut-être, car ils sont relativement nombreux à être menacé par la justice, sans que leur cas soit totalement jugé, et de Fillon, à Urvoas, l’ancien ministre de la justice (lien), en passant par Sarközi, Ferrand, et d’autres, ils sont pour l’instant à l’abri...et les années passent sans que les affaires soient définitivement jugées.

Ce même Ferrand avait déjà été inquiété par la justice en 2017, alors qu’il était ministre, dans une affaire immobilière douteuse...une enquête préliminaire avait été ouverte...sans suite apparemment, à part sa démission...et Ferrand s’était retrouvé finalement au perchoir de l’Assemblée Nationale. lien

Le « Monde » a proposé un article qui permet de faire le point sur le cas « Ferrand », et sa lecture nous permet un éclairage précis sur ce personnage. lien

On se souvient que l’ex-ministre Cahuzac, pourtant condamné lourdement, avait échappé à la prison, et se balade aujourd’hui tranquillement en liberté, avec seulement un bracelet électronique...

Thomas Thévenoud, l’ex secrétaire d’Etat au commerce de François Hollande a suivi la même trajectoire. lien

Pour bien comprendre l’étendue du désastre, il n’est pas inutile de découvrir la liste des élus qui ont déjà été condamnés tant à gauche qu’à droite, l’extrême droite décrochant le pompon comme on peut le découvrir sur ce lien.

Aujourd’hui, on sait que le président de l’Assemblée Nationale est sur un siège éjectable, mais il est toujours en place...contrairement à François de Rugy qui, au bout d’un mois, a jeté l’éponge.

On a peut-être oublié qu’en 2017, ils étaient une dizaine de candidats LREM à se présenter aux législatives, qualifiés pour le 2ème tour, alors qu’ils avaient été impliqués par le passé dans des affaires pénales...lien

Et quid de Sylvie Goulard, ex-ministre des armées, démissionnant suite à une affaire d’emplois fictifs lors de son mandat européen, et qui est nommée commissaire européen ? lien

Un autre pourrait bien être menacé sous peu, pour peu que la justice décide d’agir, c’est le ministre de l’intérieur.

Depuis la mort, un certain 21 juin 2019, de Steve Maia Canico, tombé dans le fleuve nantais suite à une violente et démesurée charge de police lancée contre des jeunes fêtant la musique, alors qu’il ne savait pas nager.

Il a fallu de longues semaines pour que l’on retrouve enfin son corps, et ils sont nombreux à penser que la mobilisation policière pour le retrouver semble avoir manqué de dynamisme..

En effet son corps n’a été retrouvé que plus d’un mois après. lien

En tout cas, le 13 septembre n’aura pas porté bonheur au commissaire nantais, à qui l’on a fait porter le chapeau du drame puisqu’il a été muté (lien)...par contre le Ministre a échappé pour l’instant à toute sanction : Christophe Castaner, ce ministre au passé trouble, (lien) n’a toujours pas été inquiété suite aux violences policières exercées contre les Gilets Jaunes, violences constatées par de nombreuses vidéos, et pourtant contestées par le ministre.

En 2018, Une vilaine affaire aurait pu faire des vagues, mais la justice avait décidé de baisser les yeux : une vidéo montre un manifestant casseur arrêté par la police, et finalement relâché, car il n’était en fait qu’un policier infiltré au sein des manifestants, comme le prouve cette vidéo.

Récemment, L’IGPN, par la voix de sa directrice, a justifié l’absence de sanctions visant les policiers auteurs de violences, jugeant qu’à ce jour « aucune enquête n’a permis de conclure la responsabilité d’un policier ». lien

Le 13 juin dernier, l’IGPN faisait un 1er bilan : sur les 265 enquêtes judiciaires, 105 sont « terminées », et si 8 ont été transmises au parquet, aucun fonctionnaire de police n’avait été poursuivi. lien

Encore « mieux », Macron, a déclaré fin août dernier : « il n’y a pas eu de violences irréparables contre les gilets jaunes ». lien

Transmis aux éclopés, éborgnés, mutilés qui portent à jamais la trace des violences policières.

Médiapart a publié un bilan provisoire accablant concernant les violences policières : 315 blessures à la tête, 28 blessures au dos, 75 blessures aux bras, 131 blessures aux jambes, 4 blessures aux parties génitales, 125 autres non renseignées, 860 signalements, 2 décès, 24 éborgné-es, 5 mains arrachées, ce qui rend peu audible la parole présidentielle. lien

Mais revenons à Balkany, aujourd’hui enfermé...Isabelle, son épouse reste en liberté, pour cause de santé défaillante, sauf que cette santé défaillante ne l’empêche pas de siéger en lieu et place de son époux, au sein du conseil municipal de Levallois-Perret : la ministre de la justice juge «  choquant » cette situation, admettant qu’on ne peut rien faire, « la règle de droit s’applique ainsi  », affirme-t-elle.

Très optimiste, elle serait étonné que le maire emprisonné soit réélu en mars prochain...ajoutant « ayant fait l’objet d’une telle condamnation, ce serait curieux ». lien

C’est cette même Nicole Belloubet qui avait « oublié » de déclarer des biens immobiliers, une maison dans l’Aveyron, et deux appartements à Paris, soit pour le pays un manque à gagner de 336 000 €...lien

Pourtant ce ne serait pas la première fois qu’un élu condamné est réélu et si l’on en croit Eric Nunez, dans les colonnes du « Monde », plusieurs dizaines de maires, condamnés par la justice, ont été réélus lors des municipales de 2014. lien

Il faudra attendre mars 2020 pour constater si cette aberration bien peu citoyenne se confirme.

On en vient à se poser la question de « la république exemplaire » défendue par le chef de l’état.

Macron avait pris un engagement écrit : « nous exigerons que le casier judiciaire B2 des candidats à des fonctions électives soit vierge »...sauf que, alors que Macron occupe la fonction si convoitée, Transparency France, prouve que, dans un rapport, plusieurs élus, ou ex-élus condamnés, pourront se représenter, sans aucune restriction, aux prochaines élections. lien

Comme l’a déclaré très clairement Transparency France, « tous les élus condamnés pour atteinte à la probité devraient prendre la décision de remettre leur mandat au vote des citoyens  ». lien

Un autre organisme, Deputy Watch en l’occurrence, avait recensé, à l’approche des législatives de 2017, les délits de nos députés, et le constat fait mal : au sein de l’Assemblée Nationale, on découvrait déjà 7,6% d’élus condamnés par la justice, avec des peines assorties d’amendes à hauteur de 1 347 697 € . lien

Les journalistes de Deputy Watch ont attendu la fin de la législative pour faire le bilan, et ont découvert que 18,45% des députés fraîchement élus avaient eu à faire avec la justice, si l’on en croit les publications de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. lien

Tendance à la hausse donc...

Il ne reste plus qu’à attendre les municipales de mars 2020 pour constater si « la république exemplaire » vantée par Macron est une réalité, ou juste un leurre.

A la lumière d’un épisode scabreux qui met en scène le chauffeur du président, et qui s’est passé le 27 février dernier, on peut en douter.

En effet, ce chauffeur est poursuivi en justice pour avoir refusé de se soumettre à un contrôle de police alors qu’il était au volant de la voiture présidentielle : la gendarmerie lui reproche un excès de vitesse, et le chauffeur au lieu d’obtempérer a pris la fuite...depuis, il a simplement été changé d’affectation. lien

Cette affaire n’est pas sans rappeler celle survenue à un certain Benalla, qui suite à un accident qu’il avait provoqué, alors qu’il était le chauffeur d’Arnaud Montebourg, voulait tout simplement prendre la fuite. lien

Une justice à deux vitesses donc...

Pour Macron, tout était clair depuis le début, comme l’explique un article récent paru dans « Le Monde », article qui dévoile la stratégie de celui qui voulait prendre la place de Hollande.

Comme dit mon vieil ami africain : « la pierre lancée avec bonté ne siffle jamais  ».

Le dessin illustrant l’article est de Glon

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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