On achève bien les associations

par C’est Nabum
mardi 27 octobre 2020

Avant qu'il ne soit trop tard, préservons l'un des biens les plus précieux de notre démocratie chancelante

Nées en 1901 – Éradiquées en 2021

Comme ça tombe bien ! Depuis le temps que cette maudite loi de mille neuf cent un donne naissance à une belle exception française, la vigueur du tissu associatif a toujours contrarié les différents pouvoirs qui penchaient par trop à droite surtout lorsqu’ils se prétendaient socialistes. Nous ne pouvons le leur reprocher, il y avait là un vivier formidable de futurs militants pour toutes les causes qui exaspèrent les tenants d’un libéralisme sauvage.

Pensez-donc, dans ces fameuses associations à buts non lucratifs (quelle horreur), des bénévoles par millions œuvraient pour le bien des plus faibles, des plus démunis, des humbles et des gueux, des gens de peu ou à la rue et même des démunis de papiers. Le travail gratuit, l’engagement social et l’absence de la notion de lucre ne pouvaient qu’horrifier ces gens sortis des grandes écoles. Seul l’esprit d’initiative doit demeurer dans une nation enfin débarrassée de cette solidarité qui leurre leurs membres.

La culture pour tous ! Revendication de ces misérables trublions qui avaient pour ambition de promouvoir d’éducation populaire. Deux termes inacceptables pour les adorateurs de Freluquet et de sa conception d’un monde voué au mercantilisme. Le couvre-feu va enfin faire tomber les rideaux des scènes amateurs, des espaces alternatifs, des petites salles qui prétendaient élever le niveau de leurs adhérents et sympathisants. Un peuple inculte est si facile à manipuler …

Les chorales se voient couper le bec. Là encore, pourquoi chanter après vingt-heure alors qu’il est si agréable de regarder des inepties, seul devant son écran de télévision. Tout ce qui peut faire société effraie les préfets et leurs donneurs d’ordre. Vous chantiez ? Et bien pliez-vous à notre ordre nouveau, dans le sillage d’une dictature silencieuse.

Le sport en dehors des salles privées, c’est une hérésie qui contraignait les municipalités à dépenser un pognon de dingue pour que des jeunes gens et des plus âgées se ridiculisent en short ou en petite tenue. Une reprise en main des finances municipales sera le formidable résultat de la mise en cessation de paiement de tous les clubs sportifs à l'exception de ce cher professionnalisme pour amuser la galerie.

Les associations caritatives vont payer elles-aussi un lourd tribut et c’est tant mieux. Un bon citoyen est un individu au travail capable en cas de besoin d’accepter des salaires de misère ou des emplois bidons déguisés sous différentes formes alambiquées. Il était grand temps de couper toutes ses mains tendues aux miséreux, le confinement d’abord, le couvre-feu ensuite ont vidé les caisses pour le plus grand bonheur d’un état qui a tout oublié de la Fraternité.

Les associations vont donc mourir progressivement. L'Élysée se réjouira de cet acte de décès programmé pour 2021. Cent vingt ans, un bel âge pour mourir et un formidable trophée pour ce coupeur de rêve, ce briseur d’espérance qui a trompé les naïfs sur ses intentions réelles. Décidément cette crise sanitaire aura été bénéfique pour ceux qui savent tirer les marrons du feu.

Restez donc chez vous, n’allez plus vous retrouver entre amis, membres d’une même association pour dire du mal de ce méchant homme qui va laisser un tapis de cendre derrière son passage. Nous pouvons aussi honnir les godillots qui le suivent les yeux fermés, incapables de percevoir la catastrophe qui se profile à l’horizon.

Nous n’avions pas compris cette fameuse distanciation sociale que ces canailles appelaient de leurs vœux. Nous découvrons hébétés ce que cachait cette affreuse expression. Maintenant que le rouleau compresseur est lancé, il n’est plus rien à faire, hélas. Nous n’avons plus qu’à fermer nos associations, laminées par l’ordre nouveau d’une République en Marche.

Bénévolement vôtre.


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