Politique de l’immigration, le PCF se besancenotise

par Ben Ouar y Villón
mardi 5 décembre 2006

Votre reporter citoyen s’est rendu lundi soir 5 décembre au débat organisé par le Parti communiste français dans le XIe arrondissement de Paris : « Quelle politique de l’immigration ? »

Madame la sénatrice, dirigeante du Parti communiste français, membre de la Haute Cour de Justice, Nicole Borvo Cohen-Seat, à partir des récentes modifications de la loi Reseda en loi Ceseda, est venue élégamment vomir sur la mauvaise république, et désignait des lois racistes promulguées ces dix dernières années : les lois Pasqua-Debré-Chevènement-Sarkozy. De la part de la présidente du groupe communiste citoyen et républicain, on pouvait se demander si ça ne flinguait pas un peu, à gauche du PS ! Bref, c’était du niveau : tous dans le même panier, et votez Marie-Georges ! On aurait dit un placard de la LCR.

Sauf que pour faire plein, le Parti communiste français et le Réseau éducation sans frontière, fins organisteurs, avaient fait venir aussi des Asiatiques qui ont fini le débat entre eux, puisqu’aucun ne parlait le français, à part leurs enfants de trois à sept ans qui ne comprenaient pas ce qu’ils faisaient là si tard, il y avait école le lendemain. Brouhaha permanent. Et de politique de l’immigration, et de droit du travail, et de valeur du travail, rien. Sinon que les quotas sont de retourn et que l’on voit à l’horizon le droit du sang dominer le droit du sol.

Et puis, j’y ai entendu la litanie de tous les cas personnels des personnes venues de l’Afrique, avec ou sans papiers, dont l’un était légalement sur le territoire, payait des impôts, comme tout bon citoyen, mais se sentait discriminé dans son logement, et il avait bien raison.

Pour sortir de l’exposition des cas personnels, douloureux bien entendu, il était de bon ton de dénigrer la France, quand on est fonctionnaire et membre du Réseau Education Frontière , de cristalliser sur la France tout ce que nos sociétés ont de martial et d’ethnocentrique, de désigner d’un doigt vengeur ce pays de colonisateurs arrogants qui dénie aux autres le droit d’exister, qui fait semblant d’ignorer son histoire et ce qu’elle doit à l’Afrique.

Comme on assistait naguère à la lepénisation de la droite, on voit la besancenotisation de la gauche.

Le PCF prône la régularisation systématique de toute personne sur le territoire. Mais pourquoi donc l’Italie peut-elle, comme elle vient de le faire, régulariser 500 000 sans-papiers, alors que la France, pays au moins aussi pauvre qu’elle, ne le voudrait pas ? Parce qu’elle est raciste, comme le Hongrois Sarkozy, disent les édiles converties à l’extrême-gauchisme...

Mais la réponse qu’il vaut mieux taire dans un débat du PCF est que l’Italie, naguère sous la férule communiste, a une natalité plus faible que la France. Aussi et surtout que l’Italie ne paie pas d’allocations de chômage ou très peu, qu’en Italie il n’y a pas d’allocation-logement, qu’il n’y a pas d’allocations familiales, pas de RMI, et pas de couverture maladie universelle. On voit donc bien que l’Italie, pays raciste pour le coup et de façon perverse, devient l’eldorado des sans-papiers d’Europe de l’Est, à moindre frais. Le système de protection social italien n’est pas menacé par un demi-million de travailleurs indigents, car il n’existe pas. Il resteront pauvres et malades. Comme, de plus, le travail au noir est là-bas encadré par une loi qui l’autorise (à condition de payer son employé 6,90 euros de l’heure), la valeur du travail horaire n’est pas menacée.

Dans le mauvais rôle du Français avec papiers, j’ai dit à ces personnes venues d’Afrique que tous les Français ne sont pas à jeter avec l’eau du bain, que la majorité n’est pas raciste, antisémite ni xénophobe, et qu’un bon Français bien rose, comme moi, né sur le territoire, pouvait aussi avoir été victime de discriminations à l’emploi, au logement, à l’éducation. Pour les subir, seule la géographie suffit. Il suffit d’être né au "Pigeonnier", une cité ouvrière d’Amiens de 25 000 logements, tenue par le PCF pendant quarante ans (comme c’est pratique d’avoir des circonscriptions où les électeurs sont entassés dans le sens de la hauteur...).

Il n’y a qu’à venir de là pour savoir ce que les Français et le Front national doivent au Parti communiste.

Il vaut donc mieux émigrer en Italie qu’en France, puisque là-bas, on est tellement évolué et ouvert qu’on vous donne des papiers, ce qui n’est pas le cas dans notre pays rétrograde et rabougri, dont on ferait bien de dissoudre la nation...

Besancenot n’aurait pas dit mieux mais, hier soir, il n’y avait pas de caméras pour parader.

Et on ne compte pas sur Mme la Sénatrice du groupe communiste, républicain et citoyen, pour expliquer que la loi Reseda, initiée par Jean-Pierre Chevènement, loin d’être une loi discriminante, instituait la régularisation de tous les enfants scolarisés, et donnait, enfin, un vrai statut aux réfugiés.


Lire l'article complet, et les commentaires