Près d’un centième des résidents US sont en prison

par De ço qui calt ?
lundi 22 mai 2006

Un résident aux USA sur 136 se trouvait en prison l’été dernier, d’après un rapport récent élaboré par le Bureau des statistiques sur la Justice de ce pays. Pire encore, le pourcentage de détenus qui n’ont pas été déclarés coupables ne cesse d’augmenter. Est-ce le modèle de société qu’on nous prépare ? Dans ce cas, l’affaire d’Outreau a une face qu’on ne nous a pas encore montrée. Et les discours récents de Nicolas Sarkozy et de Pascal Clément ont de quoi inquiéter.

On nous parle de "dysfonctionnements" de la Justice, et de la manière de les corriger. Une commission parlementaire s’en occupe. Cependant...

A-t-on vraiment fait émerger tout ce qui se cache au fond de l’affaire d’Outreau ? Est-ce une "erreur judiciaire", ou le résultat d’une évolution destinée à se poursuivre et à s’amplifier ?

Le 30 juin 2005, environ 2,2 millions de personnes se trouvaient en prison aux Etats-Unis, soit 0,74 % de la population totale. Ce chiffre est en augmentation de 2,6 % par rapport à l’été 2004. Parmi les détenus, il y a un nombre croissant de suspects qui n’ont pas été déclarés coupables. Les juges hésitent de plus en plus, semble-t-il, à accorder la liberté dans l’attente du jugement. Source : dépêche Associated Press d’Elisabeth White.

Maintenant que le modèle américain devient la référence, il y a sans doute de quoi se poser des questions à la lecture des longs extraits consacrés par Nicolas Sarkozy et Pascal Clément aux prisons, lors de la dernière Convention de l’UMP sur la justice.

Le président de l’UMP dédie une bonne partie de son discours au "système pénitentiaire français" qu’il décrit comme "l’un des plus dégradés de l’Union européenne". Il est exact que la situation des prisons françaises avait été sévèrement critiquée par le commissaire européen Alvaro Gil-Robles dans un rapport du 15 février.

Mais Nicolas Sarkozy voudrait développer les prisons : or, si l’une des causes de la surpopulation carcérale réside dans des détentions destinées à s’avérer injustifiées par la suite, alors c’est encore pire.

Quant au garde des Sceaux, il ne semble pas que ce problème l’intéresse outre mesure : son discours est axé sur la "lutte contre l’impunité", le "droit pénal des mineurs", etc., et il s’en prend à ceux qui "dissimulent souvent leur militantisme anti-prison derrière un militantisme droit de l‘hommiste" (sic !). Quant à Outreau, il faut d’après Pascal Clément "tourner la page en améliorant encore notre procédure pénale..."

Mais si Outreau est la conséquence d’une politique qui, de plus en plus, prend sciemment le risque d’incarcérer des innocents, comme le laisserait entendre une transposition à la France du rapport sur la détention aux USA... alors, quelle page va-t-on tourner ?


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