Quand les Bretons copient (encore) les Basques
par ael loarer
samedi 15 mai 2010
On connaissait les écoles en langue bretonne, inspirées des ikastolak basques. Il faut désormais compter avec la Redadeg, course de relais géante en faveur du breton, directement calquée sur la Korrika basque.
J’avais découvert cette manifestation, qui mobilise plusieurs centaines de milliers de participants, lors d’un séjour à Bayonne en 2007.
Quelques Bretons avaient aussi fait le déplacement, histoire de recueillir les bons tuyaux pour organiser leur propre korrika en Bretagne. Pari tenu puisqu’en 2008, 10 000 personnes avaient participé à la première édition de la Redadeg (prononcer "rédadék").
Depuis lundi, c’est reparti pour la deuxième édition. La pluie n’a pas effrayé les premiers coureurs, partis de Rennes. Arrivée prévue à 17h00 samedi 15 mai, au terme d’un parcours de 1200 km qui passe en particulier par Nantes et Brest. (Voir la vidéo)
Mais pourquoi courent-ils ?
Réponse de Lena, 13 ans : "evit ar brezhoneg !". Traduction : "pour la langue bretonne !"... Il faut croire que c’est une raison suffisante pour courir par tous les temps et de jour comme de nuit.
C’est en effet une particularité de cette course de ne jamais s’interrompre. Manière de symboliser l’urgence qu’il y a à transmettre la langue, matérialisée par le témoin qui passe de main en main. Aujourd’hui 206 000 personnes parlent le breton, qui est classé par l’UNESCO parmi les langues en danger sérieux d’extinction.
Bien sûr, l’objectif premier de l’événement est de récolter des fonds en vendant chaque kilomètre parcouru. Les organisateurs espèrent ainsi recueillir 10 000 €, qui serviront à financer des projets de développement de la langue (écoles Diwan, médias en breton, etc.).
Mais dans une société où les langues minoritaires ont souvent été méprisées, c’est aussi un bel exemple d’affirmation festive de notre diversité culturelle.
Les Catalans, les Galiciens et les Irlandais ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : eux aussi ont importé le concept de la Korrika chez eux. Pas rancuniers, les Basques se font un plaisir de participer à ces korrikas bis... vous en verrez sans doute sur les routes de Bretagne ces jours-ci !