Ramdam à la Cour d’assises de Rennes

par Marsupilami
samedi 6 septembre 2008

 Incroyable et nouvelle attaque inédite contre la laïcité : le procès d’un gang de braqueurs maghrébins vient d’être ajourné à la demande des avocats de l’un des prévenus, au motif qu’il ne serait “pas en capacité de se défendre” en raison des “contraintes diététiques et les obligations culturelles qui s’imposent” à ce gangster musulman qui pratique le ramadan et aurait donc “déjà vécu 14 jours de jeûne” au début de ce procès le 16 septembre. Convaincu par ces arguments spécieux, le président de la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine a ainsi signé le 2 septembre, l’ordonnance de renvoi de ce procès, ordonnance validée par le ministère public, au motif du “souci d’une bonne administration de la justice”. Pour justifier le renvoi de ce procès, les avocats du gangster musulman ont invoqué l’article I de la Constitution, selon lequel “La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances”. Hallucinant, non ?

Les braquages n’ont pas eu lieu pendant le ramadan, ouf !

Avant de revenir sur cette scandaleuse décision, voyons d’abord de quoi sont accusés les membres de ce gang. Les faits datent d’une période située entre octobre 2000 et avril 2001 (ouf ! c’est hors ramadan !). Les braqueurs ont dévalisé une quinzaine de banques en Ille-et-Vilaine et dans le Nord (Saint-Malo, Saint-Grégoire, Rennes, Tinténiac et Chantepie) en suivant toujours le même mode opératoire : tandis qu’un troisième larron les attend devant l’agence bancaire au volant d’une voiture volée au moteur allumé, deux braqueurs pénètrent dans la banque, l’un s’occupe de dévaliser les coffres et l’autre le guichet sous la menace d’armes de poing. Grâce aux témoignages des employés de banque et au mode opératoire et au timing toujours identiques, la police a très rapidement la certitude que tous ces braquages ont été commis par un même gang de malfaiteurs maghrébins.

L’enquête est rondement menée et procèdent à plusieurs arrestations dès le printemps 2001. Tous les suspects viennent de banlieues de Lille et Roubais : Mohamed Bouferkas, Farouk Hachi, Abdoulaï Ly, Morad Senouci et Mustapha Nachat. La plupart reconnaissent leur participation à tout ou partie des braquages. D’autres comparses moins impliqués sont également interpellés et devaient eux aussi être jugés.

Ça promettait d’être un procès fleuve, qui devait voir défiler de très nombreux témoins et victimes dans un climat électrique eu égard aux origines des gangsters (risques élevés d’émeutes de solidarité ethnique). D’importantes forces de police et du GIPN avaient été mobilisées pour transformer le Parlement de Bretagne, siège de la cour d’assises, en place forte sous très haute surveillance.

Seul Farouk Hachi, dont les policiers avaient la quasi-certitude qu’il était le chef de ce gang, ne serait pas jugé : l’instruction ayant duré trop longtemps, ses avocats ont réussi à le faire remettre en liberté, en novembre 2005. Il en a profité pour disparaître dans la nature. Espérons pour lui que son ramadan se passe bien…

La Constitution au service du gangstérisme ramadamique ?

Voilà pour les faits. Revenons maintenant à cette hallucinante décision de renvoi du procès et rappelons que c’est en invoquant l’article I de la Constitution que les avocats du gangster jeûneur l’ont obtenu, et que selon cet article, “La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances”. En quoi le ramadan, qui n’est qu’une pratique, constitue-t-il une “croyance” ? Et pourquoi, dans un Etat laïc, des justiciables pourraient tenter de se soustraire à la justice, fût-ce momentanément puisque ce procès aura lieu plus tard, au nom d’impératifs religieux ? Cela est parfaitement inacceptable. Les très pieux gangsters se sont-ils soucié des prescriptions religieuses de leurs victimes chrétiennes ou juives lorsqu’ils les ont agressées ? Qu’est-ce que c’est que ces salamalecs ?

Les avocats du gangster ramadamesque, qui avaient peut-être pressenti que la référence à l’article I de la Constitution était peut-être un peu hors de propos, ont aussi argué du fait que dans un procès, “chacun des accusés doit pouvoir jouir de ses pleines capacités de vigilance d’attention et d’expression au cours des débats”. Fort bien, mais alors comment font les millions de musulmans qui continuent à travailler pendant qu’ils jeûnent ? Perdraient-ils tous ces “pleines capacités de vigilance d’attention et d’expression”. Si c’est le cas, doit-on interdire de travailler les musulmans pendant le ramadan ? C’est absurde.

Nous ne sommes plus dans une République laïque !

Les avocats des parties civiles sont bien entendu tombé des nues lorsqu’ils ont appris cette décision qu’ils qualifient d’“aberrante” ; l’un d’eux, Me Pierre Abegg, n’a pas hésité à déclarer que : “C’est la première fois qu’on voit cela en France, nous ne sommes plus dans une République laïque. En aucun cas, quelque juridiction de la République que ce soit n’a à prendre en compte les considérations philosophiques, religieuses ou politiques des justiciable”. Il a envoyé un courrier au président de la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine pour s’opposer à la demande de renvoi au 19 janvier 2009.

Il a bien raison. Si chacun argue de ses croyances religieuses pour obtenir une justice “à la carte”, il n’y aura bientôt plus de justice et plus d’égalité devant la loi étant donné le très grand nombre de jours consacrés à des fêtes religieuses les chrétiens pourraient ainsi refuser de comparaître le Vendredi Saint, les juifs le jour du Yom Kippour, etc. Et ne parlons pas des sectes qui pullulent, avec chacune leurs dates sacrées !

Il est trop tôt encore pour savoir si cette stratégie ramadamesque des avocats n’est pas qu’une manœuvre dilatoire pour retarder la date du procès, peut-être dans l’espoir entre-temps l’arrestation de Farouk Hachi, grand absent de ce procès et toujours en fuite. Toujours est-il qu’objectivement, il s’agit néanmoins d’une nouvelle attaque islamique contre la laïcité qui succède à de multiples autres (problèmes de cantines hallal, affaire du foulard Fanny Truchelut, piscines non-mixtes, refus de la mixité dans les hôpitaux, etc.).

Il faut espérer que le président de la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine prendra la bonne décision : revenir sur cette très, très mauvaise et dangereuse décision.


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