Rendez l’argent !

par Michel DROUET
lundi 7 mars 2016

Combien de milliards dépensés en vain pour aider les entreprises à créer de l’emploi ?

Combien d’emplois créés ?

Où en sommes-nous du million d’emplois que nous a fait miroiter M. Gattaz avec son fameux pin’s ?

Un discours évolutif

Entre les promesses et la réalité, il y a un grand pas et nous sommes bien placés pour le savoir après le discours du Bourget, sauf qu’en matière d’emploi le gouvernement est allé bien au-delà de ses promesses électorales en faisant couler à flots de l’argent dans les caisses patronales, pas toujours les bonnes, d’ailleurs, en écoutant trop les promesses du Medef qui elles n’engagent que ceux qui les écoutent.

Pacte de responsabilité, CICE, exonérations de charges patronales, primes à l’embauche, baisse de l’impôt sur les sociétés,… tout y passe et on ne compte plus les dizaines de milliards dépensés par l’Etat, c’est-à-dire les contribuables, pour un résultat négatif en matière de création d’emplois.

Les « résultats obtenus » sont une pure merveille de langue de bois : entre « plan de préservation de l’emploi » ou « reconstitution des marges des entreprises » ou bien encore « frémissement en matière d’investissement », on hésite entre franche rigolade ou désespoir tant on est convaincu que le jeu mortifère entre gouvernement et syndicat patronal ne peut que conduire à la ruine ou au chaos.

« Monsieur plus »

En lévitation, loin de se rendre compte de la situation réelle du pays à l’instar des gouvernants, M. Gattaz, n’en continue pas moins son activisme, celui qui permettra aux actionnaires d’engranger des dividendes de plus en plus gros au détriment de l’emploi et de l’investissement. Il nous brosse un tableau à la Zola des patrons français : déprimés, étranglés, ayant peur d’investir ou d’embaucher et pour tout dire proches du suicide afin de préparer les salariés, et les chômeurs à d’autres sacrifices.

Il faut donc aller plus loin et assouplir le code du travail en rendant plus facile les licenciements. On croit rêver : après le pognon en espèces sonnantes et trébuchantes, M. Gattaz veut donc encore pouvoir supprimer des emplois pour augmenter le profit et en reportant la charge de travail sur les salariés précarisés restants, en n’oubliant pas de nous promettre – une fois de plus – des embauches rendues plus faciles par la disparition de la peur de licencier. Une arnaque de plus !

Et comme cela ne marchera pas, parce que rien n’est prouvé en ce domaine, on peut s’attendre à de nouvelles revendications dans les mois et années qui viennent sur la privatisation des systèmes de retraites ou de l’assurance chômage.

Jusqu’où ira M. Gattaz ?

Jusqu’à ce qu’on arrête son délire dépressif de nanti. Jusqu’à ce que des « économistes » qui ont leur rond de serviette dans tous les médias cessent de nous ressasser les mêmes âneries comme la théorie du ruissellement qui veut que « les revenus des individus les plus riches sont in fine réinjectés dans l’économie », sauf qu’il y a de la perte en ligne, que les tuyaux qui servent au ruissellement sont crevés et comme dirait l’autre « il y a des jours où ça s’évapore ». L’impression qu’on peut avoir aujourd’hui, c’est que le but ultime de M. Gattaz et des tenants de l’ultra libéralisme de notre pays c’est de parvenir à intégrer le club des quelques dizaines de personnes qui possèdent autant que la moitié de la population mondiale et qui pour certains créent une fondation pour aider leurs pauvres afin de se donner bonne conscience à l’instar des bourgeois qui faisaient l’aumône aux pauvres à la sortie de la messe au 19ème siècle : le ruissellement, oui, à condition que l’on puisse choisir nos pauvres…

M. Gattaz est au Médef ce que Xavier Beulin est à la FNSEA, c’est-à-dire le protecteur de quelques-uns et le fossoyeur de la petite entreprise.

Rendez l’argent !

Tout l’argent versé par le contribuable s’est égaré en route. Il n’est pas allé vers ceux qui en avaient besoin, par exemple les PME ou les véritables créateurs d’activités abandonnées par les banques. Il est allé vers la rente, l’actionnaire goulu, parfois vers l’incompétence ou carrément l’arnaque, c’est-à-dire qu’il a pu servir à mieux étudier des rationalisations destructrices d’emplois ou à créer de nouvelles martingales bancaires qui serviront à la spéculation sur le marché des capitaux.

Rendez l’argent et surtout n’oubliez pas de payer vos impôts en arrêtant de frauder : sur 21 Milliards d’euros de redressement notifiés en 2015, plus de 14 Milliards concernaient les entreprises (et encore ce n’est que la partie immergée de l’iceberg !).

N’ajoutez pas l’ignominie à l’indécence.

Devenez citoyen de ce pays.


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