Révélations abjectes

par C’est Nabum
lundi 30 janvier 2017

Ulysse drapé dans son indignité

Seul l’adjectif est bien choisi

Non, monsieur le Prince des risettes, les accusations dont vous êtes l’objet ne sont pas abjectes : vous faites grave et grossière erreur sur le substantif. Je comprends aisément que ce déballage en place publique puisse vous choquer, vous déplaire et, éventuellement, vous contrarier quoique je doute qu’on soit sensible à la contrariété quand on pratique votre curieux et étrange métier. Ce qui est certain c’est qu’effectivement l’abjection est à son comble !

Laissons les révélations, vous saurez démontrer qu’elles sont infondées, invérifiables, déplacées. Vous ferez assaut de démentis, apportant des preuves indiscutables comme on sait en produire dans votre joli monde. Vous mettrez votre bonne foi sur la table ; il faut bien que vos valeurs chrétiennes vous soient d’une quelconque utilité. Juré, craché, rien de fictif dans tout ça, madame votre tapissière fait bien son métier de femme d’homme politique.

Ce qui est abject,monsieur le moralisateur fictif, ce sont les sommes annoncées, sommes que, du reste, vous trouvez parfaitement normales, tant la belle Pénélope est brillante, discrète, merveilleuse, douée, disponible, dévouée à son cher Ulysse. Vous pensez que les petits services rendus, les papiers classés, les réponses téléphoniques, les déplacements à vos côtés méritent ces sommes exorbitantes, détournées du budget de la nation.

Vous qui pensez, pour flatter vos amis du Medef que le pauvre type qui travaille par tous les temps sur un chantier, à la poussière et au bruit gagne beaucoup trop d’argent et met en danger la compétitivité de nos entreprises, vous qui affirmez que nous sommes des parasites honteux quand nous voulons que nos frais médicaux soient entièrement remboursés, vous qui déclarez que 500 000 fonctionnaires doivent gonfler les rangs immenses des assistés des allocations chômage qui, elles aussi, sont bien trop élevées, vous prétendez la main sur le cœur, que votre tendre compagne vaut bien ce qu’elle touche sans la moindre goutte de sueur !

Mais quelle mentalité est la vôtre ? Quelle conception avez-vous de la vie et de la charité chrétienne ? Où sont vos fameuses valeurs ? Les valeurs ce sont celles que vous glissez dans vos poches et celles de vos pareils. Même si madame a vraiment travaillé, mérite-t-elle de toucher quatre à cinq fois plus que ces pauvres gens qui ont de véritables métiers, difficiles, ingrats, ennuyeux ?

Vous aspirez à tenir les rênes de la nation, vous ne savez rien de nos vies, des souffrances, de la difficulté à tenir un budget. Vous vivez dans des palais avec des prestations qui n’ont rien de républicain. Qu’est-ce qui justifie le luxe dans lequel nos institutions continuent d’évoluer ? Qu’est-ce qui justifie vos salaires pour un mandat qui n’est pas un métier ? Qu’est-ce qui justifie vos avantages, votre immunité, vos places réservées, vos gardes du corps ? Ce n’est pas une République c’est une monarchie élective et vous en êtes le parfait exemple.

Oui, monsieur le misérable, votre attitude et celle de vos pareils est parfaitement abjecte. Vous avez oublié qu’une fameuse nuit du 4 août les privilèges étaient abolis, privilèges que vous vous êtes empressés de rétablir, mafieux dans ces bandes organisées qu’on nomme Partis Politiques et qui ne sont que des machines à détourner de l’argent, à payer grassement des collaborateurs, à tromper, à gruger, à mentir.

Tout cela est abject comme le sont vos conférences à l’étranger et celles de vos anciens patrons. Vous n’avez qu’une idée en tête : faire du fric ; vous vous gavez sur la bête et c’est nous la bête : ces pauvres imbéciles qui crachent au bassinet pour vos frais, vos indemnités, vos avantages, vos collaborateurs, vos déplacements, vos petits repas, votre train de vie.

Alors fondées ou infondées ces accusations ne sont que la triste révélation d’une conception monarchique de la République, une lecture abjecte de ce que devrait être la représentation nationale. Ce n’est pas vous seul qui devez dégager, c’est toute cette cinquième République, fondée sur une absence totale de contrôle citoyen et sur la professionnalisation des mandats électifs. Quand avez-vous réellement travaillé vous, monsieur, qui venez nous demander des efforts ?

Que vous puissiez nous imposer de nous serrer la ceinture, c’est ça qui est abject. L’abjection, faut-il que je vous en donne une définition ? Je ne pense pas que ce soit nécessaire. Faites votre examen de conscience et menez à bien votre introspection. Vous verrez surgir une image parfaitement et irrémédiablement abjecte et nulle confession ne viendra laver cette vérité.

Abjectionnement sien.


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