SDF : Donnons notre attention à nos voisins des rues !

par L’Indigné du Canapé
lundi 30 décembre 2013

La tempête hurle et s’immisce dans les interstices de la fenêtre vermoulue. Le froid est de retour. L’hiver est là. La pluie ne s’arrête plus.

Mais comme chaque année en hiver, ils sont nombreux à dormir dans les rues. Le métro avance à pas de loup et dans chaque nouvelle bouche, des ombres dorment ou se réveillent à peine. À côté du Monoprix. À côté des distributeurs du LCL. Au feu rouge. Ils sont avec nous, ils sont en nous, mais nous faisons semblant de ne pas les voir.

Les hommes sont-ils déshumanisés ? On le croirait parfois. Combien de femmes et d’hommes pressés détournent le regard, détournent leur marche folle même, pour éviter le moindre contact avec cet humain affaibli qui les ramène à leurs peurs les plus enfouies.

Nous sommes le monde. Le système fait ce que nous sommes autant que nous faisons ce qu’il est. La pauvreté matérielle, incarnée par ces sans-logis, est la face la plus sombre de l’ultra-libéralisme qui gagne chaque jour du terrain. Et le fait de les ignorer est le résultat le plus sombre de l’ultra-égoïsme qui gagne chaque jour les consciences.

Un sourire SVP

Un égoïsme, un individualisme contre lesquels il faut lutter. Faut-il maintenant faire de la vulgaire » com’ « , comme une pauvre agence de pub, pour attirer le regard sur nos SDF ? C’est en tout cas le choix qu’a fait la Fondation Abbé Pierre en mettant en place une expo intitulée « Un sourire SVP » avec les artistes Luigi Li et Little Shao : des photos de SDF avec des cartons griffonnés de punchlines, pour marquer les esprits !

L’expo est terminée depuis longtemps, mais les affiches restent dans les têtes, et la problématique des personnes sans-abris, dans les rues. Alors il faut faire prendre conscience. Alerter. Diffuser.

En espérant que la prochaine fois que vous croiserez l’un de vos voisins des rues, vous comprendrez que même si vous n’avez pas de pièce, vous avez énormément à lui offrir : un sourire, un « bonjour », une attention !

La tempête ne s’est pas calmée. La dame a tenté de colmater sa fenêtre. Moi, je suis reparti sous la pluie à la recherche d’un autre monde où m’abriter…

vies de merde
le vent souffle fort ce soir
un vent glacial
et je pense aux
copains à la rue.


j’espère que quelques-uns ont une bouteille
de rouge.
C’est quand on est à la rue
qu’on remarque que
tout
est propriété de quelqu’un
et qu’il y a des serrures sur
tout.
c’est comme ça qu’une démocratie
fonctionne :
on prend ce qu’on peut,
on essaie de le garder
et d’ajouter d’autres biens
si possible.
c’est comme ça qu’une dictature
aussi fonctionne
seulement elle a soit asservi soit
détruit ses
rebuts.
nous on se contente d’oublier
les nôtres.
dans les deux cas,
le vent
est fort
et glacial.

Charles Bukowski

 

Photo : © Little Shao


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