Service Civique, Revenu de Base, plus d’égalité, moins de pauvreté

par Bur K
mercredi 29 mai 2013

À l’occasion d’une recherche personnelle sur le Service Civique[1], j’ai voulu en savoir plus sur la finalité de cette jeune institution. Tourner le regard dans cette direction apporte (indirectement) un éclairage sur les motivations citoyennes dans le débat sur le Revenu Universel de Base[2].

Plusieurs sites web officiels cohabitent[3], à l’effigie du ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire, et de la vie associative. Chacun semble cibler une « clientèle » particulière.

Sur aucun je n’ai trouvé clairement explicité les objectifs de ce Service Civique, sauf à promouvoir la citoyenneté et le civisme : « Le service civique fournit un cadre à l’engagement citoyen, en France ou à l’étranger ». C’est la seule phrase explicite relevée sur la page du site officiel[4].

On pourrait croire qu’il s’agit d’une œuvre caritative, mise en place par la loi du 10 mars 2010[5].

Mais tout de même, n’est-on pas en droit de s’interroger sur le fond ?

N’y aurait-il pas un but « non-dit », une volonté politique « caché » ?

Ces jeunes (et moins jeunes) volontaires qui accomplissent des missions quasi bénévoles, ou si peu subventionnées par l’État, que produisent-ils durant les 6 à 12 mois d’engagement volontaire ?

Enfin, à qui profitent les fruits de leur travail ?

Alors j’ai creusé pour tenter de comprendre, et je livre ici le cheminement de mes recherches.

Qu’est-ce que le Service Civique ?

Le Service Civique, est un engagement volontaire au service de l'intérêt général, ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans, sans condition de diplôme, indemnisé à hauteur de 573 euros nets par mois. Au-delà de 25 ans, un volontariat de Service Civique reste ouvert.

Le Service Civique peut être affecté à 9 grands domaines : culture et loisirs, développement international et action humanitaire, éducation pour tous, environnement, intervention d'urgence en cas de crise, mémoire et citoyenneté, santé, solidarité, sport.

Il peut être effectué auprès d’associations, de collectivités territoriales (mairies, départements ou régions) ou d’établissements publics (musées, collèges, lycées…), sur une période de 6 à 12 mois en France ou à l'étranger, pour une mission d'au moins 24 h par semaine.

Un engagement de Service Civique est parfaitement compatible avec une poursuite d'études ou un emploi à temps partiel.

Creusons encore un peu…

Premier point de questionnement : il y a une Agence du Service Civique[6], et un Institut du Service Civique[7]. Chacun des deux organismes semble investi d’une mission distincte. Deux questions essentielles restent posées :

- N’y a-t-il pas pléthore de postes fictifs créés pour les prétendus besoins de la cause ?

- À qui profite – in fine – le Service Civique ?

Focus sur l’Agence du Service Civique :

L'Agence du Service Civique est présidée par Martin Hirsch. Elle est structurée autour de deux instances :

- Un Conseil d'Administration, composé de membres qualifiés :

- Des membres ayant contribué à la constitution de l'Agence : le ministère chargé de la jeunesse, l'ACSé, l'INJEP, l'association France Volontaires, 

- Des personnalités qualifiées reconnues dans le champ du volontariat : Francis Godard, Président de l'Université de Marne-la-Vallée, Marie Trellu Kane, fondatrice de l'association Unis-cité.

- Un Comité Stratégique regroupant notamment des représentants des organismes d'accueil, des jeunes volontaires, et des parlementaires... c.-à-d. des professionnels de la politique.
Le Comité Stratégique propose des orientations soumises au Conseil d’Administration et débat de toutes questions relatives au développement du Service Civique.

L’Agence du Service Civique est un Groupement d’Intérêt Public (GIP) créé le 12 mai 2010 pour assurer les missions suivantes :

- Définir les orientations stratégiques et les missions prioritaires du Service Civique mentionnées à l’article L. 120-1[8].

- Assurer la gestion des agréments et du soutien financier apporté par l’État à l’accueil des personnes volontaires en Service Civique.

- Promouvoir et valoriser le Service Civique auprès notamment des publics concernés, des organismes d’accueil et d’orientation des jeunes, des établissements d’enseignement et des branches professionnelles.

- Veiller à l'égal accès de tous les citoyens au Service Civique.

- Favoriser la mise en relation des personnes intéressées par un Service Civique avec les personnes morales agréées proposant un contrat de Service Civique.

- Contrôler et évaluer la mise en œuvre du Service Civique.

- Mettre en place et suivre les conditions permettant d’assurer la mixité sociale des bénéficiaires du Service Civique.

- Animer le réseau des volontaires et anciens volontaires en Service Civique.

- Définir le contenu de la formation civique et citoyenne prévue à l’article L. 120-14[9].

Rôle et missions de l’Institut du Service Civique :

Pourquoi ?

Les volontaires peuvent révéler, pendant leur Service Civique, un sens des responsabilités, une capacité d’initiative, un esprit d’équipe, un engagement, une motivation… grâce auxquels ils peuvent porter des projets ambitieux.

Parallèlement, nombre d’employeurs et d’établissements d’enseignement souhaitent enrichir leurs équipes en valorisant ces qualités spécifiques, mais ne savent pas comment rencontrer des jeunes qui en soient porteurs.

L’Institut du Service Civique construit les ponts qui leur permettent de se rencontrer.

Pour qui ?

L’Institut du Service Civique s’adresse à des volontaires repérés pour leur potentiel, la qualité de leur engagement et l’intérêt de leur projet d’avenir. Il leur apporte des outils pour révéler leurs talents et leur permet d’accéder à des formations, des emplois et des soutiens pour réaliser ce potentiel et développer leur projet.

L’Institut du Service Civique s’adresse aussi aux écoles et aux entreprises qui souhaitent diversifier leur recrutement, sans renoncer à leurs exigences d’excellence.
Il les associe à une aventure humaine et sociale.

Avec ses partenaires, l’Institut du Service Civique permet aux jeunes de développer leur projet selon quatre axes :

Détecter : L’Institut du Service Civique s’est donné les moyens d’identifier, parmi tous les volontaires qui ont effectué un Service Civique (ils étaient plus de 20 000 en 2012), des jeunes aux profils diversifiés, qui ont démontré pendant leur engagement un fort potentiel : faculté d’adaptation, facilité d’apprentissage, vivacité, ouverture d’esprit, autonomie, fiabilité, créativité, esprit d’initiative… et pour lesquels le passage par l’Institut peut être facilitateur de projet.

Révéler et former : L’Institut du Service Civique aide ses lauréats à développer et consolider les qualités révélées pendant le Service Civique. 
Il les aide à préciser et dynamiser leur projet d’avenir.
Grâce à des séminaires et conférences de haut niveau[10], il leur permet de travailler ensemble sur les valeurs et enjeux du monde contemporain.

Ouvrir des voies et des projets : L’Institut oriente les lauréats, en fonction de leur projet, vers l’une de ses trois filières : formation, projet professionnel, et création d’activité.

Accompagner : L’Institut du Service Civique apporte à chaque lauréat un parrain qui le conseillera et l’appuiera dans son projet d’avenir.

Le bien-fondé du service civique semble faire l’unanimité dans la classe politique[11], il faut le souligner, car une fois n’est pas coutume. Sans doute parce qu’il participe simultanément à la lutte contre deux fléaux majeurs : les inégalités liées à la pénurie d’emplois, et la pauvreté qui en découle[12].

Je ne cache pas que ma recherche sur le Service Civique est directement en lien avec les actions menées en faveur du Revenu de Base Inconditionnel. En effet, certains arguments avancés par les opposants au Revenu Universel tombent au regard du Service Civique : depuis sa mise en place, le nombre des candidats volontaires n’a cessé d’augmenter. Il semble plus difficile de générer et financer des missions à donner aux volontaires, que de trouver des volontaires qui se bousculent pour faire aboutir leur candidature. Avec le Revenu de Base Inconditionnel, la question du financement est réglée.

Ces considérations laissent entrevoir que, loin de constituer une incitation à l’oisiveté, l’instauration d’un Revenu Universel susciterait au contraire un élan de citoyenneté, de solidarité, poussant les exclus du monde de la production et du commerce à trouver un sens à leur existence :

- En s’engageant dans une mission d’intérêt public, humanitaire, éducative, santé, environnement, sportive, culturelle et artistique, etc.

- En participant activement à la production de richesses publiques, dans les domaines cités.

Si l’on veut que la démocratie porte ce projet, alors il faut une mobilisation politique déterminée à le soumettre au suffrage populaire. S’il était adopté, les objectifs prioritaires de lutte contre les inégalités et la pauvreté seraient atteints.

Vidéo : tout ce qu’il faut savoir sur le Service Civique


Tout ce qu'il faut savoir sur le Service Civique par service-civique



[1] Service Civique sur Wikipédia et sur Dailymotion

[2] Liens : Revenu de Base - Initiative pour un Revenu de Base - Militer pour le Revenu de Base

[3] Sites web gouvernementaux : Service Civique (gouv.fr/) - Jeunes.gouv.fr/ - Institut du Service Civique

[4] Le service civique fournit un cadre à l’engagement citoyen, en France ou à l’étranger : lien

[5] Toute la loi relative au Service Civique sur Légifrance.gouv.fr

[6] Lien vers Agence du Service Civique

[7] Lien vers Institut du Service Civique

[8] LOI n°2010-241 du 10 mars 2010 - art. 8 : Article L120-1

[9] LOI n°2010-241 du 10 mars 2010 - art. 8 : Article L120-14

[10] Séminaires et conférences de l’institut du Service Civique : lien

[11] Voir « Comment j'ai rencontré François Hollande grâce à mon service civique » sur Le Nouvel Observateur, 23 juillet 2012. Article repris sur le site officiel service-civique.gouve.fr

[12] Sur France TV Info : journal de 13h du 3 mai 2013

 

 


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