Si je ne m’abuse…

par C’est Nabum
jeudi 27 juin 2024

 

Quand la raison vacille.

 

La période est propice à ce que chacun d'entre vous se donne raison au moins sur un point en exprimant publiquement son choix alors que le vote, dans l'esprit de la constitution doit rester secret. Si je ne m'abuse, comment donner raison à cette vague insensée de déclarations d'intention qui viennent contredire un principe essentiel de l'actuelle démocratie, aussi imparfaite et insatisfaisante qu'elle puisse être.

Il y a confusion il me semble entre l'acte de militer qui impose un engagement qui ne se limite pas à quelques lignes sur un réseau social et cette expression lapidaire qui n'a d'autre but me semble-t-il que de se placer dans un camp à l'exception de tous les autres. C'est alors l'occasion pour celui ou celle qui a opté pour cette option de noircir à l'extrême toutes les autres sensibilités présentes sur l'échiquier à la manière d'un fou qui agit de manière bien cavalière.

C'est encore la démonstration que les éléments de langage proposés par les appareils en question font flores dans les esprits surchauffés qui se font un malin plaisir à les servir contre ceux qui deviennent des adversaires, des ennemis, des camps à abattre. Même si la gravité de l'heure est indéniable, le débat ne peut en aucun cas se transformer en pétaudière ou en champ de bataille.

Si je ne m'abuse, le vivre ensemble devra encore exister après le choix des urnes même si des risques potentiels existent indéniablement que des libertés en souffriront. Ce n'est cependant pas dans un affrontement verbal ou textuel de nature belliqueuse que nous pourrons sortir de cette crise profonde qui est d'abord et avant tout celle de nos professionnels de la politique.

C'est par leur outrance langagière qu'ils ont provoqué cette tension extrême qui se joue des lois de la physique pour évacuer hors du champ démocratique toute pensée qui n'est pas la leur. Les extrêmes reçoivent ainsi l'immense cohorte de ceux qui pensent mal selon le principe bien connu de la force centrifuge. Seul le noyau central échappant à l’opprobre et au délit d'opinion.

Ils en oublient un peu vite la force centripète qui fait d'eux les tenants d'un extrême centre, d'un noyau dur de l'intolérance et de la volonté de conserver le pouvoir par toutes les combines et tromperies possibles. Ils sont eux aussi placés dans une posture extrémiste sur laquelle j'entends ici vous alerter.

Sans prendre position, je vous invite à ne point user de l'adjectif « Extrême » qu'il conviendrait de n'user qu'avec des pincettes tant il exclut, rend inconciliables non pas des partis dont il serait temps de célébrer les obsèques ainsi que celles de la classe politique professionnelle, mais hélas un tissu social déchiré, laminé, explosé par la fameuse grenade dégoupillée d'un chef de clan, d'un va-t'en guerre irresponsable. (Oser une telle formule à Oradour-Sur-Glane, relève d'ailleurs de la plus ignominieuse parole politique depuis fort longtemps).

Si je ne m'abuse, l'extrême se situe en dehors du champ de la fraternité. Un citoyen par définition et en dépit de ses penchants secrets ne peut être classé à priori à l'extérieur de la communauté républicaine. Cette volonté affichée par les canailles de la République de pointer du doigt les uns ou les autres conduira inévitablement à de futures chasses aux sorcières, à des abus de toute source, des censures et des comportements ségrégationnistes d'une extrême gravité.

La tolérance s'impose d'abord par la modération dans le propos et le refus de suivre l'apprenti sorcier du Palais qui entend achever son œuvre de destruction totale du lien républicain. Hors de lui, pas de salut mais seulement plusieurs bandes d'individus relevant tous d'un délit d'opinion quelconque, de pensées subversives ou réactionnaires qui tombent peu ou prou sous le coup d'une loi qui ne se cache plus pour maintenir un système répressif de nature, lui aussi, totalitaire.

Si je ne m'abuse, il serait grand temps que nous cessions tous de nous abuser sur les intentions de ceux qui tirent les ficelles et conditionnent nos systèmes de pensée.


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