Si toi rien, citoyen !

par C’est Nabum
lundi 12 octobre 2020

Nous ne sommes rien qui vaille…

L’époque est à la soumission, à la discipline de fer derrière le grand Président ou la casquette du préfet. Le chantage est à l’heure de la nuit qui s’abat sur nos libertés : « Soyez Citoyens, abandonnez-nous toutes vos prérogatives... ». Nous n’avons plus qu’une seule ligne de conduite, la carte d’électeur en main, notre personnalité, notre humanité, nos particularités se dissolvent derrière ce droit qui est devenu un devoir : la citoyenneté.

Il serait curieux d’examiner les conséquences de cette communication accusatrice qui place celui qui se trouve en marge au ban de cette fameuse République pourtant si mal menée par ceux qui sont censés l’incarner. Pour vivre dans cette nation, pour agir en être responsable, pour partager des valeurs, il convient donc et sans doute exclusivement de disposer de ce label estampillé République Française.

Le message est clair, les mineurs, les étrangers, les privés de leurs droits ne sont rien aux yeux de nos gouvernants ou des communicants qui pensent et agissent à leur place. Ce terme si ronflant dans la bouche de ceux qui s’en gargarisent publiquement alors qu’ils font tout pour écarter des bureaux de vote le plus grand nombre de personnes qui ne pensent pas comme eux, ce mot cocardier et tricolore est le Sésame de la responsabilité.

Nous voilà donc Citoyen ou Rien qui vaille. Belle alternative au demeurant quand on découvre qu’un casier judiciaire vierge n’est pas un préalable à la représentation nationale, que pris la main dans le sac de la prévarication, de l’abus de pouvoir, du trafic d’influence, du délit d’initié, de la forfaiture et autres réjouissances dont ils ont le secret, nos princes du régime écopent tout au plus d’une inéligibilité de quelques années.

Le prétendu Citoyen lui n’a pas droit à l’erreur, dispose de bien moins de latitude que ces jolis donneurs de leçon. Il doit filer droit, baisser la tête, abandonner son droit de protester, montrer patte blanche, faire profil bas, être fiché à chaque suivant, paramétré et suivi à la trace. Voilà le bon citoyen, celui qu’on élève en exemple, qui aura sa puce électronique sur lui pour indiquer à chaque instant sa position et ses activités aux maîtres du pays.

Les autres, ils n’existeront plus. Privés qu’ils seront d’être soignés, éduqués, transportés. Pour aller au restaurant : « Donnez vos coordonnées ». Pour rentrer au théâtre : « Laissez votre portable à l’accueil », pour rentrer dans un magasin : « Confiez nous votre carte bancaire », pour trouver un emploi : « Présentez-nous un casier judiciaire vierge ! »…

Vous pensez que j’exagère ? Attendez un peu. La période est propice à tous les reculs, à toutes les ratures sur la déclaration des droits humains. Vous serez citoyens à la condition d’être un numéro et rien de plus. La 5G n’a d’autre fonction que le suivi permanent de vos existences. Mais malgré tout, dans leurs slogans vous serez toujours ce merveilleux Citoyen qui leur doit obéissance, allégeance et respect.

La farce n’a que trop duré. Cessons de supporter ce terme pompeux et creux. Remarquez donc quand ces braves gens discourent entre eux qu’ils commencent toujours par se saluer les uns les autres dans un ordre protocolaire qui ne supporte aucune entorse. Quand le tour de la galerie des vaniteux est achevé, le salut final s’adresse alors à la plèbe, aux sans-titres et bientôt sans-grades qui sont venus écouter les rois de la péroraison et de la ratiocination. Le peuple n’est-il donc plus souverain ? Ne serait-ce donc pas par lui qu’il faudrait débuter les remerciements ou la formule de politesse ?

Nous ne sommes plus Le Peuple, formule devenue si vulgaire pour eux, que c’est au bras armé du maintien de l’ordre qu’il convient de le disperser sans aucun ménagement. Nous sommes devenus des Citoyens, de seconde zone, de second ordre, loin des privilèges et autres préférences qu’ils s’accordent en permanence. Alors de grâce, oubliez ce vocable si peu crédible quand il est ainsi asséné comme une menace déguisée. Oubliez-nous puisque c’est ce que vous faites à longueur de décisions, toutes dictées par des groupes bien plus influents que ces gueux qui osent encore se plaindre.

Humainement leur.


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