Suppression du projet des « 60 jeunes au festival de Cannes »...

par Olivier H
mardi 7 avril 2009

... petite illustration du désengagement de l’Etat dans l’insertion professionnelle des jeunes !

Alors que l’insertion professionnelle des 16-25 ans est rendue de plus en plus difficile par la crise économique, la direction du ministère de la Jeunesse et des Sports a décidé de supprimer les « 60 à Cannes ». Ce programme aidait pourtant chaque année soixante jeunes à s’intégrer dans le milieu professionnel de l’audiovisuel en les invitant une semaine au festival de Cannes !

Créé en 1982 par le ministère de la santé, de la Jeunesse et des Sports, le Prix de la Jeunesse est décerné chaque année par jury composé de 7 jeunes constitué spécialement pour le Festival de Cannes. Il permet de faire participer à ce festival reconnu comme le plus important du monde, des représentants de la jeunesse afin qu’ils y exercent leur regard critique et révèlent leurs goûts et leurs choix cinématographiques.


Au fil des ans, le ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports avait entrepris d’ouvrir le Prix de la Jeunesse au plus grand nombre, en faisant également participer soixante jeunes à travers un programme spécifique nommé « 60 à Cannes ». Ce programme mettait tout particulièrement l’accent sur l’insertion professionnelle dans les métiers de l’audiovisuel des 18 et 25 ans. Les membres qui étaient sélectionnés (jeunes diplômés dans les métiers du son, de l’image ou des décors, jeunes scénaristes et/ou réalisateurs ou jeunes cinéphiles venant de milieux modestes en quête d’une expérience rare et forte etc.) avaient la possibilité d’accéder aux projections des films et conférences de presse afin d’exercer leur regard critique sur les oeuvres. Mieux, il permettait aux sélectionnés, dans le cadre de rencontre organisée an amont par les organisateurs de l’opération, d’entrer en relation avec les professionnels du cinéma présents durant le festival et par ce canal de présenter leurs projets, de dialoguer sur les métiers du cinéma, de bénéficier de conseils pour l’avenir voire de tisser les prémices d’une future coopération. La richesse de ces échanges permettait aux jeunes de découvrir les différentes facettes des métiers de l’audiovisuel et de mieux baliser leurs parcours professionnels. Pour illustrer cela, en 2008, parmi les nombreux intervenants, figurait Jean-Stéphane Sauvaire, réalisateur du film Johnny Mad Dog ; un professionnel enthousiaste à l’idée de raconter son parcours et de conseiller des jeunes cinéphiles voulant travailler dans ce milieu relativement fermé.


Malheureusement, fin 2008, pour des « raisons budgétaires », la direction du ministère Jeunesse et Sport a supprimé le volet des « 60 à Cannes » et a ainsi décidé de restreindre le Prix de la Jeunesse à sa forme la plus simple, en ne faisant participer que les sept jurés pour le festival de Cannes en 2009.


En passant de soixante à sept, ce sont cinquante trois jeunes par an qui n’ont plus la possibilité de voir leur envie de travailler dans le cinéma facilitée. Ils perdent ainsi l’opportunité de découvrir ce festival de l’intérieur, de bénéficier d’une expérience solide et valorisante dans leur CV, de constituer entre eux un réseau, ou d’enrichir leur cinéphilie par le visionnement en avant première de films prestigieux et avant-gardistes sur le plan de la technique.


Face à ce constat, un collectif composé d’anciens membres du Prix de la Jeunesse a décidé d’agir en écrivant chacun une lettre décrivant leurs parcours et l’impact qu’a pu avoir cette expérience sur le plan professionnel. Ces lettres seront ensuite envoyées fin avril à Martin Hirsch, nommé Haut Commissaire à la Jeunesse peu de temps après la suppression de ce programme. Le collectif espère en effet sensibiliser Martin Hirsch sur ce sujet, et ce, alors que ce dernier a affirmé que l’insertion professionnelle des jeunes sera au cœur de la politique qu’il souhaite conduire.

Si vous souhaitez être solidaire de cette cause vous pouvez rejoindre le groupe suivant dans Facebook.


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