Tirer sur le pianiste
par olivier cabanel
mercredi 11 mars 2009
Une vraie démocratie va-t-elle enfin naître ?
Pour compenser l’absentéisme, en Italie, mais aussi en France, et au parlement européen, les élus courent d’une place à l’autre, pour voter à la place des absents.Ces élus, surnommés les Pianistes, puisqu’ils pianotent dans les couloirs de l’assemblée sur les touches, pour valider les décisions de leurs confrères absents, sont menaçés par de nouvelles règles qui empêcheraient de faire voter les absents, puisqu’il est envisagé au parlement européen de nouvelles procédures qui empêcheraient ces pratiques peu démocratiques.
Il est en effet question de mettre en place un système de reconnaissance digitale qui empêcherait de telles pratiques peu démocratiques.
Ce qui provoque débat, bien sûr.
Mais qui va voter ?
La faute revient peut-être aux difficultés rencontrées pour empêcher le cumul des mandats.
Véritable serpent de mer, que tout le monde s’empresse de dénoncer, sans pour autant agir pour empêcher les dérives peu citoyennes de nos élus.
A la veille des élections européennes, combien de prétendants sont-ils libres de tout autre mandat ?
De gauche comme de droite, les candidats à l’élection européenne sont nombreux à en avoir au moins déjà un : ils sont soit députés, conseillers généraux, régionaux, sénateurs ou tout simplement maires.
Comment peuvent-ils sereinement envisager d’être l’un et l’autre en même temps ?
A moins d’avoir le don d’ubiquité.
Alors la solution actuelle fonctionne à plein régime :
L’un des leurs est désigné pour voter à la place des absents.
Pourtant quand l’on songe aux rétributions qu’ils perçoivent déjà en étant élu, on ne peut que s’étonner de ces pratiques.
Est-il utile de rappeler combien coûte à l’état français un élu ?
Lorsqu’on ajoute tous les avantages prévus qui s’ajoutent au salaire : un sénateur coûte à l’état 2557 € par jour, un député 2384 € par jour, un conseiller européen 22000 euros par mois, plus 3785 € pour les frais, sans compter les avantages en nature, les frais de secrétariat (qui arrivent de temps en temps dans la poche de l’épouse de l’élu) les frais de déplacement, qui multiplient plus que par deux l’argent perçu, sans parler des allocations chomages versées pendant de nombreuses années après que l’élu ne le soit plus.
Ces allocations chômages qui étaient de quelques mois ont été prolongées à 5 ans par la droite, comme par la gauche, à l’assemblée nationale, lors d’un vote scandaleux.
Lors du vote de soutien à l’Italie organisé au Parlement européen dans l’affaire Battisti, les députés italiens étaient seulement 6 sur les 78 attendus. (Article paru à ce sujet le 5 février dans le Corriere della Sera).
Mais en France nous ne sommes pas mieux lotis.
Alors pour tenter de remédier à cette situation qui commence à faire quelques remous, diverses propositions plus ou moins originales ont été envisagées.
Une députée de la Ligue du Nord proposait d’installer un « bippeur » sous le siège du parlementaire.
Ainsi si celui ci se déplaçait de son siège au moment du vote, une alarme se serait déclenchée démasquant l’usurpateur.
En fin de compte la parade décidée coûtera 550 000 euros, prélevés dans les poches des contribuables, pour mettre en place un système pour le moins original, lequel à fait ses preuves au Mexique, mais aussi en Albanie, et au Brésil.
Chaque parlementaire devra se soumettre au relevé de ses empreintes digitales qui seront mémorisées sur la puce (microchip) de sa carte d’identification. Au moment du vote, une cellule électronique contrôlera la correspondance du doigt qui a appuyé sur le bouton avec celle de l’empreinte sur la carte. Le système, encore en phase expérimentale, devrait être opérationnel dans le courant du mois de mars.
A quand pareille installation dans notre chambre des députés, qui en seraient, n’en doutons pas, plus que dépités ?
Pour l’instant ce n’est pas à l’ordre du jour, car comme disait un vieil ami africain :
« C’est celui qui ne l’a jamais exercé qui trouve que le pouvoir n’est pas plaisant ».