Toutes les routes seront nues ?

par luisito
jeudi 21 décembre 2006

Le concept de la « route nue » commence à prendre son essor en Europe. Non, il ne s’agit pas de d’imposer le naturisme au volant (ce qui, somme toute, serait drôle), mais plutôt une suppression plus ou moins poussée de la signalisation routière en ville, et aussi en rase campagne. Utopique ? Non ! Certaines villes se sont laissé tenter, avec succès, et espèrent que leur exemple sera suivi.

Constat actuel : le tout-répressif est une impasse.

A l’heure du tout-répressif (suivez mon regard...), les politiques ne trouvent comme solution aux problèmes routiers que des durcissement de la législation, un accroissement de ralentisseurs, feux tricolores, zone 30, sens unique, etc. Et le résultat de cette politique est discutable ; si on assiste à une baisse effective des morts sur route, on assiste d’un autre côté à une hausse des contraventions (qualifiées même par certains de « nouvel impôt »), et surtout du stress au volant.

Pour continuer sur cette voie d’amélioration de la sécurité routière, que faut-il faire ? Il ne fait aucun doute qu’un durcissement de la législation actuelle et une augmentation du nombre de signalisations actuel ne peut-être infini. En effet, il faut donc choisir quelle finalité pour l’usager de la voie publique du futur (nous ne pensons pas qu’aux automobilistes, il y a aussi les deux roues, vélos, rollers, piétons, etc.) : un monde où la circulation sera tellement entravée que celle-ci sera quasi impossible (« Youpi ! », dit la planète), ou bien un monde sans entrave.

L’autre possibilité

Certains font le pari de la solution alternative : la suppression de la signalisation routière.

Il y a, globalement, trois écoles de pensée :

- Allègement de la signalisation. En effet, on estime que 70% de la signalisation est zappée par l’automobiliste, et donc même si celui-ci veut respecter cette signalisation, il arrive fatalement qu’il enfreigne la loi sans le savoir. Et là, espérons que la maréchaussée ne soit pas dans les parages (ou le fameux radar).

- Suppression de toute signalisation, hormis celles concernant la vitesse. Là il s’agit juste de s’en remettre au bon sens et au civisme. A la place des feux tricolores, par exemple, les usagers de la route se laissent passer. On peut être sceptique, mais des villes ont tenté l’expérience (voir plus bas).

- Suppression totale, même des limites de vitesses. Là encore, on s’en remet au bon sens du conducteur, à sa prudence aux endroits sensibles et à son souci d’économie (pour son porte-monnaie ou pour la planète).

Des expériences encourageantes

Exemple de nombreuses villes du Nord de l’Europe. A Londres, par exemple, sur Kensington High Street, on a considérablement allégé la signalisation et supprimé les barrières de sécurité pour les piétons. Résultat : 60% d’accidents en moins !

A Drachten, aux Pays-Bas, on a supprimé les feux à certains endroits. Les automobilistes ont alors fait preuve de civilité et ont même élaboré un système simple de signes afin de se donner la permission de passer, fluidifiant ainsi considérablement le trafic.


On peut citer aussi Ejby (Danemark), Bohmte (Allemagne), Ipswich (Angleterre), Ostende (Belgique)...

Forcément, il y a des critiques.

Bien sûr, certains sont sceptiques, affirmant que même si les gens sont civilisés, il restera toujours des cas d’incivilités, qui, en l’absence de contrainte, pourront se révéler plus pathhogènes. Là encore, prenons un exemple : le carrefour. Si on met des feux, une voiture passant au rouge créera un accident car effectivement personne ne s’attend à ce que quelqu’un passe au rouge. Si on supprime ces feux, l’automobiliste trop pressé passera, forçant certes la priorité, mais les autres y étant préparés, il ne créera pas forcément d’accident.

Concernant la vitesse, même si des chauffards veulent rouler trop vite, ce n’est pas un panneau qui les arrêtera. Certains proposent de contrôler les vitesses excessives, fixant une norme sur toute autoroute, route, etc., mais laissant libre chacun de réduire sa vitesse en cas de virage prononcé.

Enfin, culturellement, certains insistent sur le fait que toutes ces expériences sont faites dans le Nord de l’Europe, avec des comportements difficilement transposables en France et dans le Sud de l’Europe. Là encore, des expérimentations devraient être proposés pour lancer le débat.

Pour conclure

On se demande alors pourquoi on a installé tous ces panneaux, vu que les villes qui ont fait le pari de les supprimer se portent mieux. Peut-être est-ce de la faute des politiques qui, à la demande de la population, doivent agir pour régler les problèmes de sécurité routière. Effectivement, ajouter des contraintes règle le problème, et leur permet de pouvoir prouver simplement qu’ils « agissent » et ont des « résultats ».

Cependant n’aurait-on pas plus de résultats en étant moins répressifs ? Le débat est ouvert et les exemples allant dans ce sens doivent être médités...


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