Travail : faux débats, vraies questions

par Muad’Dib2008
jeudi 4 septembre 2008

Comment la multiplication de débats annexes nous évite de réfléchir sur les vraies questions.

On l’a vu dans l’actualité récente, concernant notamment tout ce qui touche à "la valeur travail", il est devenu courant de lancer des débats sur l’accessoire pour éviter de parler de l’essentiel.

L’exemple du RSA est frappant.

D’abord, on gagne la bataille du langage.
On ne parle plus de solidarité, mais d’assistanat.
On n’est plus une victime de l’économie, mais un assisté.

Ce qui permet ensuite de poser le débat :
Comment se fait-il qu’un "assisté" au RMI puisse gagner presque autant en ne faisant rien qu’un travailleur qui se lève tôt ?
N’est-ce pas décourageant ? N’est-ce pas une trappe à pauvreté, à inactivité ?

Dans son intérêt, donnons-lui donc la possibilité de cumuler ce RMI avec les maigres revenus de son travail ou plutôt de ses miettes de travail !
CQFD ! Qui pourrait être contre ?
Le seul débat restant ne porte donc plus que sur le mode de financement !



Mais pourtant la vraie question n’est pas là.

Le problème n’est pas :
Comment se fait-il qu’un "assisté" au RMI puisse gagner presque autant en ne faisant rien qu’un travailleur qui se lève tôt ?

Ce devrait être :
Comment se fait-il qu’il existe des emplois si mal payés qu’ils se rapprochent autant du RMI pourtant si bas ?

Comment se fait-il que les entreprises puissent être à ce point dédouanées des conséquences de l’insécurité sociale que provoquent leurs formes d’emploi toujours plus flexibles ?

Dans la même veine, on se focalise sur le fait de savoir si, oui ou non, le nombre d’heures supplémentaires a augmenté grâce aux lois TEPA.

Mais la question qu’on devrait se poser est plutôt :
Pourquoi des heures supplémentaires ? 

Est-ce que je travaille pour vivre ou je vis pour travailler ?

Le travail, cette contribution commune que chacun donne à la société, doit-il absorber l’essentiel de mon temps ? Que reste-t-il pour ma famille ? Mes loisirs ?
Mes autres contributions sociales : associations, musique, sport, article sur Agoravox... ?

Et cette richesse supplémentaire que je suis censé créer, à qui profite-t-elle vraiment dès lors que le partage de la valeur ajoutée est à ce point en faveur du capital ?

Et pourquoi surcharger d’heures de travail certains salariés qui n’en peuvent plus alors que des chômeurs attendent des emplois ?

A quoi bon un monde partagé entre une classe de surbookés et une autre constituée de tous les employés qui s’occuperont des tâches qu’ils n’ont pas le temps d’assumer eux-mêmes... ?

On est loin, mais vraiment loin, de la fameuse et fumeuse politique de "civilisation" (encore la bataille du langage...) tant proclamée par notre président et au nom de laquelle on est censé mourir aujourd’hui...

Pourtant, à l’image de Thomas More et de son utopie, on a plus que jamais besoin de nouveaux humanistes plutôt que ces brochettes d’intellectuels, invités perpétuels des pages débats des grands médias et dont BHL est l’illustre représentant.

Nul doute que ces humanistes ont commencé d’émerger, qu’ils émergent et qu’ils émergeront de cet immense espace numérique collaboratif mondial en expansion... et qu’on cherche à toute force à contrôler...


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