Un genou à terre
par olivier cabanel
mardi 16 juin 2020
Un citoyen américain noir qui meurt d’étouffement, le cou écrasé par le genou d’un flic...
Des militants qui mettent un genou à terre en hommage au martyr subit par George Floyd...
Un président américain à genou qui s’enferme dans un bunker pour se protéger des manifestants...
Et en France, Castaner mis à genoux suite à ses dernières déclarations et malgré ses rétropédalages.
Le drame américain a donc trouvé un écho dans le monde entier, et notamment en France, au grand dam de Macron, gêné aux entournures par l’évident rapprochement possible, d’autant qu’il conteste encore et toujours qu’il y ait dans notre pays, des violences policières... ce qui manque de réalisme quand on voit l’étendue de ces violences, lesquelles s’exercent chez nous depuis longtemps, et qui se sont multipliées ces derniers temps.
Ce drame américain n’est bien sûr pas une première, et on voudrait que ce sera le dernier... sauf que la lecture de l’histoire prouve que, malgré la mobilisation qui perdure depuis « le rêve » de Martin Luther King, le 28 aout 1963, il y a plus d’un demi-siècle, (lien), malgré les lois condamnant la ségrégation raciale aux USA, le 2 juillet 1964, (lien) la violence contre les noirs n’a cessé un seul moment de s’exercer...et Martin Luther King en a payé le prix, assassiné un certain 4 avril 1968, (vidéo) suite aux manifestations anti-raciales, qui avaient perduré, même après les émeutes provoquant la mort de 30 manifestants, et l’arrestation de Luther King fin 1964. lien
Le meurtre récent d’un autre noir à Philadelphie ne risque pas de calmer la colère d’une majorité d’américains, mais aussi de millions de citoyens de par le monde.
Il s’appelait Mouhamed Cisse, avait 18 ans, et était violoncelliste... lien
Mais revenons en France.
La technique qui a provoqué la mort de Floyd est utilisée en France, et malgré la volte-face du ministre de l’intérieur, il semble qu’elle sera maintenue. lien
Les LBD, contestés depuis des mois, sont toujours utilisés et continuent d’éborgner les manifestants, malgré les nombreuses voix qui se sont élevées contre cette arme.
En effet, malgré les nombreux avocats qui se sont exprimés sur le sujet, malgré l’association ACAT (action des chrétiens pour l’abolition de la torture), qui demande l’interdiction de ces lanceurs de balles de défense, malgré le défenseur des droits qui en demande à son tour l’interdiction, Macron en a catégoriquement refusé l’abandon. lien
Il a néanmoins appelé à « mieux former » la police, afin de « réduire très fortement le nombre de blessés »... mais ce ne sont que des paroles... d’autant qu’il est contradictoire d’affirmer d’une part qu’il n’y a pas de violences policières... et d’autre part de réclamer la diminution du nombre de blessés chez les manifestants. lien
Mais faire un parallèle entre ce qui se passe aux USA et chez nous a-t-il un sens ?
S’il faut en croire quelques experts... oui.
Quoi qu’ait fait Adama, cela méritait-il la mort ?
Lors de son interpellation, il a eu les mêmes mots que George Floyd : « j’ai du mal à respirer » disait-il alors qu’il était plaqué au sol... juste après, il perd connaissance, urine sur lui, et d’après un nommé Mathias, « il a l’air mou, il n’est pas ferme sur ses appuis, il a besoin d’assistance pour sortir de la voiture ».
Quand Damien, un pompier expérimenté demande à un gendarme de lui retirer ses menottes, on lui répond que « l’individu est dangereux »... et lorsque finalement il obtient gain de cause, le massage cardiaque sera, semble-t-il trop tardif. Adama est mort. lien
Allons un peu plus loin...
Finalement, n’est-ce pas la macronie qui est à genoux ?
Déstabilisée par toutes les casseroles qui se sont accumulées depuis l’affaire Benalla... puis par les défections qui se sont suivies... d’Hulot à Collomb, en passant par quelques autres obligés de quitter le terrain pour des raisons diverses... Griveaux... sans oublier les dérapages verbaux de Sibeth... la macronie cherche désespérément un second souffle.
La gestion désastreuse de la pandémie dans notre pays, contestée par le chef de l’état qui s’auto glorifie de son action, n’ont rien arrangé.
Mais le plus grave pour ce gouvernement n’est-il pas son étonnant aveuglement ?
En mettant en place une forme de panique, il a bloqué tout le pays, lequel, devant les décisions contradictoires, ne comprend plus rien.
Alors que les ministres se pavanent sans masques sur une plage, ce sont les mêmes qui pénalisent ceux qui n’en portent pas...
Ils autorisent les compagnies d’aviation, et de rail, à remplir tous les sièges, sans respecter ce qu’ils appellent des mesures de « distanciation », mais bloquent l’activité culturelle des théâtres, des cinémas, et même des festivals, alors que ces activités génèrent en Europe 536 milliards de revenus, bien devant le bâtiment et la restauration. lien
A cause de ces décisions incompréhensibles, des milliers de travailleurs, ceux qui sont qualifiés « d’intermittents du spectacle », se retrouvent en grande difficulté...
Mais allons encore un peu plus loin...
Lors de sa dernière intervention, Macron a décidé que les élèves devraient obligatoirement retrouver le chemin de l’école... sauf qu’il semble avoir oublié qu’une salle de classe de 30 élèves, reconfigurée récemment en une classe de 12 élèves aura quelques difficultés à y remettre 30 enfants tout en respectant les règles de distanciation.
En tout cas les enseignants sont dans l’expectative, et remarquant les zones de flou qui entourent la parole présidentielle, ils se demandent comment la décision présidentielle pourrait-elle s’appliquer ? lien
Quant à la sortie de crise, l’équation est compliquée, car, sans augmenter les impôts, nouvelle promesse macroniste, quelle serait la solution ? Diminuer les salaires ferait baisser le pouvoir d’achat des consommateurs, et les faire travailler plus pour gagner moins sera difficilement accepté.
Interrogé sur la question Thomas Piketty assure que lors de son intervention, qu’il qualifie de simulacre, Macron n’a pas, sur le fond, dit grand-chose, et il fait une analyse pointue sur les décisions qu’il faudrait prendre.
Lors de son intervention, il fait remarquer que, par un mécanisme subtil, les impôts ont déjà augmenté. lien
Stanislas Guérini, le délégué général de LREM résume ses craintes : « les conditions de sortie de la crise sanitaire vont nous faire entrer dans un monde nouveau de fait, dans une situation économique et sociale totalement différente ». lien
Bruno Le Maire nous annonce un pic de chômage supplémentaire pour la rentrée à la hauteur de 800 000 concernés, et ils auront beau traverser la rue, ils ne trouveront pas de travail. lien
Chacun sait qu’il est plus facile de promettre que de tenir, et les sages finlandais n’hésitaient pas à affirmer « un homme doit tenir à sa parole comme un bœuf à ses cornes »... parole manifestement mal connue dans notre pays, puisqu’on ne cesse de décompter les promesses non tenues par notre petit président.
Les largesses prévues pour remercier « les petites mains », qui ont assuré l’intendance pendant la pandémie sont toujours aux abonnés absents...
Quid des routiers... des caissières de grandes surfaces... des aides-soignants... des réquisitionnés de toute urgence... (Etc.) qui ont permis à la population de tenir ?
Ce sont les grands oubliés de l’après pandémie. lien
Ils attendent toujours un geste, et pas une médaille en chocolat.
Ils sont nombreux à supposer que le « Ségur de la santé » accouchera d’une souris... tout comme les diverses précédentes commissions, débats, et compagnie dont l’aboutissement n’est toujours pas acté, et encore moins suivi d’effets.
Quant à la promesse d’une « économie forte, écologique, souveraine et solidaire », au-delà de la formule séduisante, elle s’apparente plus à une vue de l’esprit qu’à une réelle volonté politique, d’autant que le chef de l’état ne cesse de l’évoquer depuis des semaines sans pour autant agir. lien
Pas étonnant dès lors que les soignants aient décidé de retourner aujourd’hui dans la rue, afin de demander des actes concrets :
Plus de 220 rassemblements se tiendront ce 16 juin un peu partout en France.
Alors le chef de l’état aura beau annoncer que « rien ne sera plus comme avant », il met tout en œuvre pour que rien ne change, et au-delà des formules fracassantes évoquant un éventuel changement, qui sera encore assez naïf pour y croire une seule seconde.
Comme dit mon vieil ami africain : « un tronc d’arbre a beau séjourner dans le fleuve, il ne sera jamais un crocodile ».
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
L’image illustrant l’article vient de français.rt.com
Olivier Cabanel
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