Une Europe sans frontière ?

par C’est Nabum
mardi 8 décembre 2020

L’affranchissement plus compliqué que le franchissement

Nos chers élus enthousiastes à l’idée Européenne nous ont vendu une belle illusion, une farce qui est destinée à nous permettre d'avaler des couleuvres ou à nous retrouver bloqués derrière des files ininterrompues de semi-remorques exotiques. Les marchandises circulent avec une facilité qui ne cesse d’interroger le béotien : le transport n’a donc aucun coût ?

La libre circulation des marchandises est à bien des égards un dogme, une forme de religion du libéralisme. Qui n’a jamais effectué un achat au long cours pourrait éventuellement s’en offusquer. Jusqu’à peu, du reste, les habitants de ce grand espace balayé par les courants d’air, pouvaient eux aussi, suivre le mouvement et passer d’un pays à l’autre sans difficulté.

Tout a changé cette année, les produits manufacturés conservent leur vocation voyageuse tandis que les gens sont assignés à résidence. On peut s’en étonner, s’en indigner ou hausser les épaules en prétendant que ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Mais ce que je vais vous narrer ne passe pas, me reste en travers de la gorge et m’a fait tousser sans que je prenne ça par dessous le coude.

Une lectrice Belge m’a demandé de lui expédier un exemplaire du dernier Roman écrit à quatre mains : Pour quelques grains de folie. J’ignorais alors que la Belgique fût un pays situé aux antipodes, en un territoire échappant totalement à cet espace européen dont on ne cesse de nous vanter les vertus. Je pris un globe terrestre afin de vérifier si la dame ne m’avait pas dissimulé que son adresse réelle ne se trouve au Congo belge.

Après de vaines recherches, je dus me résoudre à admettre qu’elle vivait effectivement à deux pas du parlement européen, là où des élus voyageurs, nous garantissent le meilleur des mondes. Une zone vouée sans doute au mercantilisme pourvu qu’il émane de grands groupes industriels. Pour le pauvre couillon de base, il en va tout autrement.

Après mes déboires avec les organismes qui prétendent livrer des colis qui n’arrivent pas toujours sur le territoire national, je me suis tourné à nouveau vers ce qui fut jadis un service public : la poste. Le livre pèse un âne mort : 620 grammes, il narre un futur incertain et se moque des pouvoirs politiques, c’est sans doute là ses tares indélébiles. La balance postale ne s’y est pas trompée pour annoncer sans la moindre ironie sa sentence : 22 € 60.

Un livre partant d’Orléans au prix de 18 euros, se voit soudain passé à une valeur considérable en arrivant à Bruxelles. Je n’en croyais pas mes yeux et m’en suis étonné auprès de la guichetière qui me dit aimablement que ce n’était pas son problème. J’ai quand même le sentiment que ses patrons à agir ainsi mettent grandement en danger la pérennité de son emploi, mais est-ce encore le problème d’un citoyen qui voit tous les bijoux de la nation bradés au privé ?

Le quidam de base ne peut donc envoyer une lettre (certes un peu lourde) dans un pays limitrophe sans subir le racket d’une société qui pousse à lui préférer une grande plateforme dont je tairai le nom. J’ai renoncé à cette excentricité absurde, ce tarif non pas prohibitif mais véritablement dissuasif est totalement malhonnête. Si quelqu’un peut m’indiquer un autre moyen d’envoyer ce livre à Bruxelles qu’il me fasse signe à moins qu’il ne faille se cotiser pour adresser un colis piégé au parlement européen. Rassurez-vous, il ne contiendrait que de la poudre aux yeux, du poil à gratter et du vent, toutes choses qui ne nécessiteront pas une dépense excessive.

L’Europe est une vaste tromperie ou une malheureuse Histoire Belge. La poste française m’en a administré une preuve fracassante. N’accordez aucune créance à leur slogan « Simplifier la vie » à moins que ses dirigeants n’entendent nous simplifier l’existence en renonçant définitivement aux services de ce qui fut jadis l’apogée d’une longue et grande histoire de l’acheminement des courriers à cheval, à la malle poste jusqu’à notre bon facteur à bicyclette. Tout ceci n’est plus ou si peu.

Affranchissement vôtre.


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