Une femme voilée à la manifestation identitaire de Lyon, et pas de salut nazi
par Catherine Segurane
mardi 17 mai 2011
Le samedi 14 mai à Lyon, 500 personnes environ se sont rassemblées pour la liberté d'expression et contre l'islamisation. Cette manifestation remplaçait la Marche des cochons interdite par le Préfet avec de curieux arguments, dont les finalités avaient été détaillées dans une interview accordée à Riposte Laïque. Elle se déroula sans incidents en ce qui concerne la manifestation elle-même, mais la fin de la journée connut quelques violences.
Des informations très détaillées sur cette journée sont accessibles sur Fdesouche.com. En particulier, on peut y écouter un reportage audio de France Info, en date du 14 mai 2011, qui, à partir de la minute 1, nous relate les impressions d'une femme en quasi-burqa qui était venue.
Laissons la parole au journaliste et à la voilée :
"Devant la cathédrale en milieu d'après-midi, étonnant spectacle, des dizaines de jeunes de l'extrème-droite lyonnaise découvrent à quelques mètres d'eux une jeune musulmane habillée en burqa sur les marches de la cathédrale où elle va finalement se réfugier ; elle explique pourquoi elle est venue :
"- Juste pour me rendre compte de la réalité des choses parce que j'y croyais vraiment pas à tout ce fascisme et à cette haine envers l'islam ; je suis venue voir ça de mes propres yeux
-Vous êtes envoyée par quelqu'un ? vous êtes en burqa ...
- Non non je je suis pas en burqa, c'est pas une burqa, c'est un jilbeb ; la burqa c'est ce qui vient d'Afghanistan ; en fait c'est sur Facebook, il y avait un rassemblement, on m'a dit, de la marche des cochons ; il y avait bien une manifestation c'est pour ça que je suis venue voir."
On notera que le reportage, dont nous n'avons cité in-extenso le passage concernant cette jeune femme, ne relate aucune maltraitance concrète, pas même une bousculade ou un arrachage de voile, ce qui n'empêche pas la voilée de parler de "tout ce fascisme" et de"toute cette haine". Belle mauvaise foi !
Voici une jeune femme dont le voile affirme en principe le choix de la discrétion, de la pudeur et de la prise de distance avec les hommes. Et la voilà qui vient d'elle-même au milieu d'une foule majoritairement masculine, et qui plus est elle arbore l'emblème vestimentaire qui signe sa qualité d'adversaire.
Et il ne lui arrive rien. Elle pourrait au moins avoir l'honnêteté de reconnaître qu'elle n'a rencontré ni fascisme ni haine, mais au contraire les meilleures traditions chevaleresques de la courtoisie française.
Cela dit, l'épisode serait à éclaircir. En effet, de deux choses l'une :
- soit la jeune femme est vraiment venue seule, ce qui montre déjà qu'elle savait qu'elle ne risquait rien parmi ces supposés fascistes aux crânes rasés ;
- soit il y avait des hommes qui l'accompagnaient discrètement et qui attendaient l'occasion d'un incident.
La mauvaise foi dans le traitement de cette manifestations consiste aussi à l'amalgamer avec des débordements causés après sa dispersion par des individus incontrôlés, que le Bloc identitaire estime appartenir à des groupes de supporters de football.
On regardera de près la photo qui illustre l'article du Progrès intitulé "Lyon : l'extrème droite sème la panique dans Saint-Jean". L'article, dans le passage que nous avons capturés et que nous présentons en pièce jointe, parle de "militants qui tendent le bras bien haut" et de "salut hitlérien répêté à plusieurs reprises".
Or, si l'on regarde bien la photo qui illustre ce même article, en particulier si l'on cherche à quelle personne appartiennent les bras levés, on s'aperçoit que les personnes lèvent chacune les deux bras ensemble, latéralement et pas très haut, en un geste caractéristique des supporters de football. Ce geste ne saurait se confondre avec le salut nazi (un seul bras levé en avant).
Mais l'angle de prise de vue d'une photo peut introduire la confusion. Ce n'est d'ailleurs pas le cas avec la photo du Progrès, qui montre bien des supporters ouvrant chacun leurs deux bras. C'est le texte écrit de l'article qui parle de salut nazi.