Vie privée, vie publique
par C’est Nabum
jeudi 16 janvier 2014
Des planches au Cirque ....
Ce n'est pas aussi simple.
Qu'une photographie vienne briser le secret de polichinelle (faut-il désormais hésiter sur le déterminant ?) et à nouveau surgit le sempiternel débat sur la séparation des espaces, sur la nécessaire intimité à laquelle aspireraient nos chers responsables politiques. Il se trouve que cette exigence surgit quand ils sont pris la main dans le sac, alors que bien souvent, ils abusent sans vergogne de l'étalage de leur vie personnelle à des fins électorales.
En la matière, que l'arroseur soit à son tour arrosé, je n'y verrais qu'un juste retour des choses et me garderais bien d'évoquer la morale dans un microcosme qui en ignore l'existence. Il faut raison garder, selon une formule qui appartient à l'un de nos grands hommes, passé maître dans la duperie et la falsification.
Que retenir alors de cette curieuse aventure ? Qu'il y a bien des zones d'ombres qui placent cette histoire forcément intime sur la place publique. Qui paie le garde du corps ? Pourquoi faut-il un appartement luxueux pour de telles pirouettes ? Comment se fait-il que la dame, qui a certainement certains talents, figurait sur une liste afin d'obtenir un poste officiel ?
Qu'un président trompe sa compagne, je n'ai nullement à le savoir, pour peu que cette aimable facétie ne coûte pas un seul denier à la couronne. Mais nous avons été suffisamment abusés dans le passé pour deviner que, s'il y a anguille sous roche, la cassette de l'état est mise à contribution d'une manière ou d'une autre. C'est là que le bât blesse et que le bruit de couloir devient affaire d'état.
Nos responsables ont trop pris l'habitude de profiter d'avantages, de services, de passe-droits pour se priver de petites rallonges à des fins inavouables. Nous ne pouvons les en blâmer, c'est nous, par notre stupide nostalgie de l'ancien régime, qui en avons fait des monarques à la petite semaine, des souverains tout aussi médiocres que leurs sujets.
Il faudrait tout revoir dans notre système représentatif pour que ces hommes et ces femmes ne se prennent plus pour des gens au-dessus des pratiques ordinaires. Cessons de leur accorder des titres à vie. Pourquoi faudrait-il encore dire « Monsieur Le Ministre » à quelqu'un qui ne l'est plus ? C'est dans de tels détails que s'insinue cette conviction qu'ils ont tous, d'échapper à la loi commune. C'est ainsi qu'ils se sentent autorisés à quelques entorses financières.
Le seul intérêt de cette histoire sordide réside dans la nécessité de rompre définitivement avec le faste qui entoure la présidence et les grandes fonctions d'état. Le palais de l'Élysée ne devrait plus être un logement mais un simple lieu de représentation officielle. Puisque l'homme aspire à une vie privée, qu'elle se déroule au même titre que tous ses concitoyens : chez lui.
Nous n'en pouvons plus de cette république bananière, de cette représentation qui se pense supérieure aux pauvres gueux que nous sommes. Nous n'en pouvons plus encore des milieux bien informés qui savent mais ne disent rien. Soit nous sommes en monarchie et le monarque est privé de vie privée et alors, rien ne doit échapper à notre connaissance, soit nous sommes dans une République et nul ne bénéficie d'un traitement de faveur et de privilèges secrets.
Il y a décidément quelque chose de vermoulu dans cette cinquième République, dans le rapport que nous avons avec une classe politique qui ne cesse de nous prouver son manque de probité et d'étique. Il est grand temps de balayer toutes les pratiques, les cérémonies honteuses, les voyages dispendieux, les remises de récompenses, les logements de fonctions, les retraites somptuaires, et tout ce qui fait de notre vie politique un cirque insupportable.
S'ils veulent une vie privée, c'est bien simple, qu'ils cessent enfin de faire métier de la politique, qu'ils ne consacrent que quelques années de leur existence à un seul mandat et qu'ils retournent dans l'anonymat d'une vie ordinaire. Ils me dégoûtent tous, les uns comme les autres et aucun n'échappe à cette aversion irrépressible.