Les grands patrons de l’automobile : tous polytechniciens ou énarques

par Noël Goutard
vendredi 1er juillet 2005

Dans les années 80, les constructeurs automobiles français, Renault et Peugeot-Citroën, traversent une décennie tumultueuse marquée de remous sociaux et de pertes colossalles.

La situation des deux groupes est si mauvaise que, dans la tourmente, Agnelli, le président de Fiat, les a déjà rayés de la carte et prédit que son propre groupe deviendra le premier constructeur européen avant la fin de la décennie. Ironie du sort : c’est Fiat qui capote !

Revenons aux Français. En prenant la présidence de PSA en 1984, Jacques Calvet, ancien haut fonctionnaire puis banquier, devient le premier d’une série de six grands patrons qui métamorphosent la construction automobile française en un champion mondial : George Besse, Raymond Lévy, Louis Schweitzer et Carlos Ghosn pour Renault, Jacques Calvet et Jean Martin Folz pour PSA.

Doivent-ils leur succès au modèle français de formation des élites issues des Grandes Ecoles ?

Quatre d’entre eux sont polytechniciens et les deux autres énarques. A la différence de certains constructeurs étrangers que j’ai pratiqués, ces patrons inpersonnifient le civisme d’entreprise et l’intérêt général, que structure une vision stratégique à long terme. Leur formation n’y est sûrement pas étrangère.

La raison de leur succès se trouve probablement aussi dans le fait que les groupes automobiles sont organisés de façon pyramidale et sont ramassés sur quelques établissements géants, comme c’est le cas pour les grandes administrations centrales de l’Etat. La formation militaire de Polytechnique et administrative, marquée de jacobinisme, de l’ENA doit se prêter à cette forme d’organisation centralisée qui, sous l’étendard de la marque, mobilise des centaines de milliers d’employés.

Cela dit, combien d’entre eux auraient-ils été capables de créer leur propre entreprise et de réussir comme entrepreneurs ? Mais ce n’est pas ce qu’on leur demande.

Noël Goutard


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