Absence de débat sur le numérique et perspective d’un « requiem » pour le climat ?

par Daniel MARTIN
mardi 2 juillet 2024

 

Ce qui a caractérisé l’éphémère campagne électorale du premier tour de ces élections législatives, c’est l’absence totale de débats sur la révolution numérique et ses perspectives sociétales et économiques, mais aussi l’écologie par son aspect environnemental et climatique. L’accession au pouvoir du RN et ses alliés, ces questions étant le cadet de leurs soucis, augure de sombres perspectives...

 

Certains choix politiques, en particulier celui du parti qui est au porte du pouvoir, ne seraient-ils pas un des pires, notamment pour la protection du climat et la biodiversité ?

Ne nous y trompons pas, le RN, malgré le masque de la respectabilité républicaine et de la démocratie qu’affiche le visage avenant et rassurant de son président, de même celui qu’affichait ses parlementaires, dont leur présidente de groupe à l’assemblée nationale, ce parti, bien que ripoliné en façade, est une formation politique d’extrême droite (ainsi défini par le Conseil Constitutionnel), dont le projet politique se fonde sur le nationalisme et ses effets désastreux, le populisme avec ses risques évidents de racisme, xénophobie et de démagogie, dont une remise en cause totale ou partielle de certains droits fondamentaux. Mais il y a aussi, en cas d’accession au pouvoir de ce parti, un des pires choix possible pour la protection du climat et la biodiversité.

En cas d’accession au pouvoir du rassemblement national (RN), dont son président critique régulièrement les normes environnementales et répète être contre ce qu'il qualifie « d'écologie punitive », on ne peut pas dire que la protection du climat et de la biodiversité fasse partie de ses préoccupations, loin s’en faut. En se donnant pour cheval de bataille la lutte contre « l’écologie punitive » et revendiquer une écologie « nationale » basée sur le localisme et le protectionnisme, cela cache avant tout une absence totale d’ambition et surtout, au-delà des mots, une ignorance totale de ce que peut être l’écologie et son corollaire sur le plan politique. Faut-il rappeler au président du RN qu’il n’y a, ni écologie punitive, ni écologie nationale, ni écologie positive, mais l’écologie. L’écologie n’est ni punitive, ni positive, ni à la Française comme il le prétend, elle est d’abord une discipline scientifique. Proposé en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel, le terme « écologie » désigne une science qui étudie et démontre comment fonctionne les interactions des êtres vivants (la biodiversité) avec leur environnement et entre eux au sein de cet environnement. L’ensemble étant désigné par le terme « écosystème ».

Parmi l’un des enseignements fondamentaux de l’écologie science, il est démontré qu’aucune espèce ne peut proliférer indéfiniment au détriment des autres espèces, comme le fait l’homme, sans se mettre en danger et à terme disparaître. Par sa croissance démographique explosive des dernières décennies et ses besoins essentiels pour se nourrir, se loger,se vêtir, se déplacer, travailler et exercer diverses activités lucratives qui ont pour conséquences, la réduction des surfaces fertiles, des terres arables par la déforestation et le déboisement, l’effondrement de la biodiversité, l’épuisement des ressources naturelles par une consommation effrénée des ressources et énergies fossiles, l’homo Sapiens dernier représentant du genre hominidé met en danger d’extinction rapide l’ensemble des espèces, dont la sienne qui, malgré la recherche scientifique et la médecine, ne pourra être indéfiniment exemptée.

Faut-il rappeler et rappeler encore qu’au cours des dernières décennie, c’est une véritable explosion de la Bombe démographique. Alors qu’Il nous a fallu plusieurs dizaines de millénaires pour atteindre 1 milliard d’humains (1800 de notre ère). Puis à peine plus de 200 ans seulement pour arriver à plus de 8 milliards d’habitants, avec une augmentation d’un milliard d’habitants en à peine une décennie ( 7 milliards en 2012, fin 2022 les 8 milliards sont atteints). Si ce rythme se poursuivait ainsi, en 2050 il y aurait 11 milliards d’habitants… Et plus de 16 milliards en 2100 soit une augmentation de 10 milliards en un siècle... Si on y ajoute la perte annuelle moyenne de 100 000 km² de terres arables qui, correspond à l’étude de B. Sundquist de l’institut du Minesota, étude un peu ancienne, mais toujours d’actualité et nullement contestée par la communauté scientifique, notamment les experts du climat. C’est, par exemple, la superficie totale de la France qui disparaît tous les 5 ans et demi…En 40 ans, c’est presque la totalité de la superficie des 27 pays actuels de l’UE.

Il suffit de se référer aux conférences nationales et internationales sur le climat, ainsi qu’aux campagnes électorales, aussi bien à l’élection Européenne du 9 Juin 2024 qu’à l’élection législative des 9 juin et 7 Juillet 2024, pour déplorer que les responsables politiques comme les gouvernements semblent pourtant peu se préoccuper du problème de la bombe démographique. Dès lors, on assiste à des dérives, telles que celles exprimées par le projet politique du RN, alors que l’homme ne peut échapper au constat formulé par « l’essai sur le principe de population » de Thomas Malthus (économiste et pasteur Anglican 1766 – 1834). Celui-ci partait du constat qu’il y a une asymétrie entre la croissance démographique et la croissance de production de ressources. La représentation mathématique de Malthus est simple : alors que la population augmente de manière géométrique (1- 2- 4- 8- 16- 32 …), les ressources n’augmentent que de façon arithmétique (1- 2- 3- 4- 5- 6 …). Plus les années passent, plus l’écart sera très important entre la démographie, l’espace territorial disponible et le stock de ressources naturelles qui ne cessent, l’un et l’autre de régresser.

Or, dans son programme, le président du RN envisage de faire une politique ultra nataliste, quand il faudrait maîtriser en urgence de la façon la plus équitable possible cette croissance démographique aux effets des plus désastreux pour la planète. Un exemple des effets désastreux de la croissance démographique quand pour la première fois, l’homme par son nombre est seul responsable de la sixième extinction d’espèces en cours où jusqu’à un million d’espèces animales, végétales ainsi que des insectes sont menacées d’extinction. Même s’il est compliqué de savoir si une espèce a définitivement disparu, comme l’oiseau redécouvert en Birmanie, il y a bel et bien des animaux que nous ne reverrons plus sur cette planète. Malheureusement, nous ne pouvons pas faire l’inventaire de toutes les espèces qui disparaissent. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains anciens animaux sont plus connus que d’autres, comme le dodo.

Il est tout aussi évident que le président du RN et les dirigeant(e)s de ce parti ignorent ce qui est en train de se jouer pour les insectes (mollusques, araignées, vers…), dont ils n’ont que faire. Certes, il s’agit des espèces pour lesquelles aujourd’hui les scientifiques manquent de données. Par exemple, s’ils connaissent 250.000 espèces de coléoptères, c’est que la plupart du temps, les seules informations dont ils disposent, ce sont celles qui ont été consignées par un chercheur au moment de la découverte de l'espèce. Il y a d’ailleurs souvent toute une ignorance de son écologie, de son aire de répartition, de ses exigences en termes d'habitat, et encore plus de la dynamique de sa population. 

Il y a toutefois des certitudes concernant certains insectes. Plus d’une espèce sur cinq est menacé d’extinction en France métropolitaine. Selon une évaluation publiée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et le Muséum national d’histoire naturelle, les éphémères sont en danger. Sur les 142 espèces de ce petit insecte évoluant près des cours d’eau, quelque 22 % sont concernés. Les éphémères, dont les adultes ne vivent de quelques heures à quelques semaines, sont aussi à la base de la chaîne alimentaire. Ils servent de nourriture aux poissons, oiseaux, chauve-souris ou libellules.

Pour aggraver la menace qui pèse sur un millions d’espèces animales et végétales menacées d’extinction,  9.500 m2 de terres arable disparaissent dans le monde, soit près d'un hectare (10 000 m²) chaque seconde. Jusqu'à 30 millions d'hectares de surfaces cultivables sont perdus chaque année du fait de la dégradation de l'environnement, de l'industrialisation et de l'urbanisation, soit l'équivalent de la superficie de l'Italie. L'érosion emporte de 25 à 40 milliards de tonnes de terre superficielle chaque année, ce qui affecte gravement la capacité des sols à emmagasiner le carbone l'eau et des nutriments et réduit considérablement les rendements agricoles.

y compris si la thèse défendue par l’anthropologue britannique Harvey Whitehouse et ses collègues, se révélait efficace, c’est à dire par un un plus grand tribalisme aider les êtres humains à mieux faire face aux défis mondiaux qui les attendent ( sixième extinction des espèces, dérèglement climatique, guerres...) cela pourrait ajouter du retard, mais en aucun cas stopper le processus, si l’on ne pose pas la problématique démographique. A lire, concernant la thèse défendue par Harvey Whitehouse et ses collègues : https://actu.geo.fr/geopolitique/et-si-la-survie-de-notre-espece-dependait-de-notre-capacite-a-devenir-une-tribu-de-milliards-dhumains-220902?utm_campaign=pmo_geo_article&utm_content=sciencemag-0&utm_id=667f7455a9fc2e4e23861de9-0&utm_medium=cpc&utm_source=ividence#utm_source=ividence

Que dire aussi de l’absence totale d’évocation de l’évolution de la révolution numérique et ses impacts sociétal et économiques

Le dépassement de l’homme par la machine, tel qu’il a été conçu par le cerveau humain n’a concerné par le passé et ne concerne encore aujourd’hui que des domaines spécifiques de « l’intelligence artificielle ». Mais ces champs d’application spécifiques sont de plus en plus étendus et concernent des domaines qui étaient hier considérés comme l’apanage exclusif de l’humain. Par exemple, jouer aux échecs, conduire un véhicule, répondre à des questions, écrire des morceaux de musique, traduire un texte, se déplacer en drone, en train, voire en avion sans intervention humaine aux commandes de l’appareil...

 

L’intelligence artificielle est un fantastique outil quand il est au service de la santé, la technologie ou l’astrophysique. Mais dans de mauvaises mains, elle peut aussi servir à des fins criminelles ou à la désinformation.

Aujourd’hui et nous n’en sommes qu’à un début, on est en mesure de confier des taches sélectives de décision aux robots. Qu’il s’agisse de la justice afin de désengorger les tribunaux, lorsque cela ne relève pas de décisions concernant des jugements dans des situations complexes où elles doivent être prises en « son âme et conscience ». Mais aussi, la médecine, l’enseignement, et bien que cela ne soit encore qu’au niveau expérimental ou par des applications très limitées, faire déplacer des véhicules sans chauffeur ou des drones-taxis sans pilote, voire faire voler des avions sans pilote, y compris faire fonctionner des usines sans aucune intervention humaine, l’intelligence artificielle s’est désormais invitée dans la vie humaine, avec toutes les conséquences de son développent que cela suppose.

La nouvelle révolution numérique par l’intelligence artificielle et ses applications illustre bien la mutation anthropologique que nous avons commencé à vivre. Faut-il rappeler qu’une nouvelle mutation anthropologique avec un nouveau type de société produit un nouveau type d’individu qui est amené aujourd’hui à agir souvent dans un contexte de vie de plus en plus incertain.

Exemple au quotidien très révélateur de cette nouvelle mutation anthropologique. Les nouvelles habitudes d’achat et de livraisons marquent une rupture dans nos comportements et dans ce domaine elles commencent aussi à traduire une réalité de la nouvelle mutation anthropologique. Il n’y a d’ailleurs pas que les habitudes d’achat qui sont concernées par la nouvelle mutation anthropologique résultant de la révolution numérique, il y a aussi le rapport au travail avec internet et l’interconnexion des robots entre eux. Outre le travail à distance (télétravail) qui est effectif aujourd’hui, on peut très bien imaginer une chaîne de montage de précision qui nécessite aujourd’hui de nombreuses « petites mains », entièrement robotisée de la gestion à la production et à l’acheminement des produits, contrôlée et télécommandée à distance par une seule personne.

Aujourd’hui, on peut tout se faire livrer, tout et n’importe quoi. En 2023, la croissance des sites de vente en ligne en France a continué. Le secteur du e-commerce (produits et services confondus) totalise 159,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, soit une hausse de 10,5% par rapport à 2022 (144,7 milliards d’euros). Le nombre de transactions continue d’augmenter : +4,9%, tout comme le panier moyen : +5,4%. Toutefois, les ventes de produits et les ventes de services connaissent des évolutions différentes.

« Intelligence artificielle » pour le meilleur, mais aussi avec des risques ?

Si le développement de l’intelligence artificielle ouvre de réelles perspectives pour se substituer à des activités humaines contraignantes ou dangereuses, elle comprend toutefois des risques, bien que ces risques sont loin d’être une certitude inévitable, si l’intelligence artificielle se dote et s’autodote de programmes préventifs évolutifs. Toutefois on ne doit pas sous estimer, les menaces de l’intelligence artificielle qui ne sont pas à négliger. A titre d’exemple, parmi les menaces de l’intelligence artificielle à laquelle l’humanité pourrait être confrontée, faute d’avoir pris toutes les mesures préventive utiles dans la recherche et l’élaboration des algorithmes de recommandation des outils informatiques. de façon non exhaustive, on peut penser :

- Aux robots militaires : prendre le contrôle de robots ou armes à des fins criminelles. Une menace potentiellement très dangereuses mais actuellement difficile à mettre en œuvre, le matériel militaire étant généralement très protégé encore que...

- Escroquerie : vendre des services frauduleux grâce à l’intelligence artificielle en utilisant l'IA. Il y a légion d’exemples historiques notoires où des escrocs ont réussi à vendre de coûteuses fausses technologiques à de grandes organisations, y compris des gouvernements nationaux et l'armée.

- Corruption de données : modifier ou introduire délibérément de fausses données, par exemple, rendre un détecteur insensible aux armes ou encourager un algorithme à investir dans tel ou tel marché.

- Perpétrer des attaques à la fois spécifiques et massives, par exemple en utilisant l'IA pour sonder les faiblesses des systèmes avant de lancer plusieurs attaques simultanées.

Aux drones : détourner des drones autonomes ou s'en servir pour attaquer une cible. Ces drones pourraient être particulièrement menaçants s'ils agissent en nombre dans des essaims auto-organisés.

Refus d'accès : endommager ou priver des utilisateurs d'un accès à un service financier, à l'emploi, à un service public ou une activité sociale. Non rentable en soi, cette technique peut être utilisée comme chantage.

- Reconnaissance faciale détourner les systèmes de reconnaissance faciale, par exemple en fabriquant de fausses photos d'identité (accès à un smartphone, caméras de surveillance, contrôle de passagers...)

Manipulation de marchés financiers : corrompre des algorithmes de trading afin de nuire à des concurrents, de faire baisser ou monter une valeur artificiellement, de provoquer un crash financier…Mais pour cela pas besoin de l’IA...

- L’intelligence artificielle peut aussi servir à modifier des données, par exemple pour effacer des preuves dans des enquêtes criminelles et tant d’autres menaces fussent-elles de faible intensité telles que fabriquer de faux contenus, comme des tableaux ou de la musique, pouvant être vendus sous une fausse paternité. Mais ce potentiel de nuisance demeure assez faible.

Comme pour les fondamentaux de l’écologie avec la problématique démographique et ses impacts sur l’environnement et le climat, ou l’évolution de la révolution numérique avec « l’intelligence artificielle », l’absence totale d’évocation pendant les campagnes électorales des différent(e)s responsables et candidat(e)s des partis politiques augure mal de la suite. Si en plus le RN qui est au porte du pouvoir avec les mesures qu’il propose, nous avons de quoi être très inquiets.

Conclusion

Outre toute absence de réflexion et de débat sur la question numérique, son évolution et ses effets sur le plan culturel, sociétal, économique, c’est à croire que pour le président du RN, son parti et ses alliés, c’est à l’environnement de s’adapter, et non l’inverse, comme pour l’énergie, l’agriculture, et pour le reste, la biodiversité n’existe pas, les mobilités n’existent pas, les océans et leur sixième continent de déchets plastiques n’existent pas…Bref, si le président du RN reçoit les clés de l’hôtel Matignon le 7 Juillet Aucune chance que l’accord de Paris lors de la COP 21 soit respecté (alors que cet accord n’avait même pas évoqué un iota de la problématique démographique et ses impacts).


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