Francois Hollande : Que les gros salaires lèvent le doigt !

par stephane rossard
lundi 15 janvier 2007

François Hollande s’est lâché. Il a annoncé, en cas de victoire du candidat du Parti socialiste à la présidentielle, une augmentation des impôts pour les revenus supérieurs à 4000 euros nets par mois. Bref, sus aux riches ! Un retour en fanfare de la lutte des classes ! Marx, le nouvel opium du Parti socialiste ?

Le’’camarade’’ François, ça le démangeait tellement, depuis quelque temps, qu’il ne pouvait plus se retenir ! Enfin, publiquement, il a pu crier sus aux riches ! On imagine sa jubilation ! Augmenter les impôts des classes "aisées", tel est son leitmotiv ! Un thème qu’il agite comme un enfant secoue, tout fier, son hochet ! A voir son obsession on soupçonne même un trouble compulsif de la personnalité. Ou trahit-il un besoin absolu d’exister face à la prééminence de Ségolène Royal qui a pris ses distances avec le Parti socialiste ?

Cependant, le premier secrétaire du Parti socialiste va devoir faire preuve encore de patience : l’élection à l’Elysée de sa compagne Ségolène Royal en mai prochain ? L’affaire n’est pas encore pliée. Pas plus que la victoire du PS aux élections législatives en juin. Toutefois, comment croire à une nouvelle cohabitation, définitivement ruineuse pour la France ?

Nous savons donc désormais, grâce à François Hollande, à quelle catégorie nous appartenons. Au-dessus de 4000 euros nets par mois, vous voilà taxé (fiscalement et socialement !) de riche. "Ce qui correspond, pour un salarié, à une rémunération de cadre, plus supérieur que moyen, mais ne constitue certes pas le seuil de la richesse", comme l’écrit le quotidien Le Monde dans son éditorial de ce week-end.

C’est le retour de la lutte des classes. Les riches contre les pauvres. Le capital contre le travail. A quand les anciens contre les modernes ? Marx revient par la grande porte au Parti socialiste, à en rendre jaloux le Parti communiste qui pensait être son seul héritier ! Cette posture politique divise inutilement les Français, les dresse même les uns contre les autres. Or on croyait cette époque révolue.

La preuve en est la fossilisation tragique du PS francais parmi les partis socialistes européens car tous (allemand, suédois, anglais, espagnol...) ont accompli leur aggiornamento, soit ont rompu avec une doctrine marxiste invalidée par la réalité. Mais cette "rupture" idéologique n’est pas encore au programme en France !

Au fait, que pense François Hollande des innombrables avantages acquis, privilèges accordés aux corps d’Etat et de fonctionnaires qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui ? Oeil pour œil, dent pour dent’ ? Absolument pas. Mais la crise requiert des efforts de tous, un effort collectif. Pas d’effort sélectif, par nature discriminant, donc contraire au principe d’égalité, auquel est pourtant censément attaché le Parti socialiste. Or sur ce terrain, les propositions se font (désespérément) attendre. En gardant le silence, sa posture s’apparente à un clientélisme.

Il est très difficile de savoir le nombre de contribuables affectés par ces nouvelles mesures fiscales, tant les chiffres selon les organismes diffèrent. Ainsi, selon le ministre du Budget Jean-François Copé, ce sont "1,2 million de foyers fiscaux qui seront concernés’’, tandis que le Syndicat national unifié des impôts situe le nombre de foyers fiscaux entre 300 000 et 450 000. La Commission des finances de l’Assemblée nationale avance, elle, le nombre de 305 000 foyers fiscaux.

Mais peu importe le nombre. C’est la décision en elle-même qui pose problème.

Si l’augmentation des impôts des foyers les plus aisés peut être une condition nécessaire à la résolution des problèmes sociaux de la France, il est loin de constituer une condition suffisante ! Si le niveau des prélèvements fiscaux était, en effet, un étalon de la performance économique d’un pays et du bien-être de son peuple, étant donné leur niveau dans notre pays, la France serait championne du monde. Mais ce n’est pas le cas ! Néanmoins, le "camarade" Hollande, droit dans ses bottes idéologiques, n’en n’a que faire. Sus aux riches, qu’il vous dit !

Un gouvernement dispose d’autres leviers pour redresser la situation, notamment des solutions structurelles, jusqu’à présent bien discrètes. Or, c’est pourtant en ce domaine que la France doit réaliser et concentrer même l’essentiel de son action ! Réduire le train de vie de l’Etat pourrait être une de ces pistes ! Et au-delà, réformer ses structures et ses missions. Cette action réformatrice pourrait aussi porter sur les collectivités locales et les acteurs du service public.

Ce qui ne veut pas dire, rappelons-le, moins, mais mieux dans la gestion de l’Etat, afin de parer à l’argument prêt à l’emploi que "nos impôts servent à payer nos écoles, nos routes, nos hôpitaux, etc.". C’est faux de nos jours, en ce qui concerne l’impôt sur le revenu, mais c’est un autre débat.

Cependant, la question est de savoir si le Parti socialiste pourra tenir sa promesse dans un environnement marqué par une libre-circulation du capital, de la force du travail et donc d’une exacerbation de la concurrence fiscale entre les nations, sans opérer un virage à 180 degrés sous la pression des faits, comme en 1983 avec la mise en œuvre d’une politique de rigueur !

En effet, il faut y voir avant tout un engagement démagogique, autrement dit, une opération de séduction de grande ampleur à destination des classes sociales en difficulté et qui tournent le dos au Parti socialiste. Le but est de couper l’herbe sous le pied à l’extrême gauche et au front antilibéral, même si ce dernier bat de l’aile. Bref, il s’agit de rassembler le peuple de gauche derrière le Parti socialiste, qui a retenu la claque de 2002 (c’est l’effet positif), prêt à tout cette fois pour décrocher l’Elysée, comme en témoigne le ralliement étonnant-détonant de Jean-Pierre Chevènement, qui a perdu un peu de sa dignité dans ce pacte.


La manœuvre réussira-t-elle ? Probablement, dans un pays, comme l’avait remarqué en son temps Tocqueville, plus épris d’égalité (et de collectivisme ?) que de liberté (et d’invidualisme ?).

La chasse est donc ouverte ! C’est la réhabilitation du délit de gros portefeuille ! Quand vous sortez, faites attention, veillez à ne pas trop dépenser, à oublier les signes extérieurs de richesse, car le gendarme Hollande veille et contrôle ! Fiche de paie, s’il vous plaît !


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