10 raisons d’adopter la réforme monétaire 100%

par Nathanael Faibis
mardi 8 novembre 2011

Garantir nos comptes en banque, retirer aux banques leur pouvoir de création monétaire, atténuer la spéculation, réduire notre dette publique...La réforme 100% est une réforme monétaire méconnue du grand public mais défendue par de nombreux économistes depuis le milieu du XIXème siècle dont Tobin, Friedman, Fisher ou Allais et récemment proposée au parlement britannique. Elle consiste à imposer aux banques un ratio de réserves de 100% sur les comptes courants et à distinguer clairement les comptes épargne en les transformant en dépôt à terme rigide. Cette réforme, mineure en apparence, aurait un impact majeur sur le fonctionnement de nos économies. 

Les dix principales raisons défendues par des économistes de premier plan d’adopter cette réforme sont compilées dans ce qui suit :

1 Les comptes courants seraient garantis contre tout aléa économique


  La réforme 100% consiste à imposer aux banques un ratio de réserves de 100% sur les comptes courants. Les banques n’auraient ni le droit de prêter ni d’investir l’argent déposé sur ce type de compte. Ainsi, même en cas de faillite de votre banque, votre dépôt resterait intact et vous pourriez retrouver la possession de votre argent sans la moindre subvention gouvernementale.
 
  Si le gérant de votre parking fait faillite, vous pouvez reprendre possession de votre voiture sans le moindre dommage. Ce serait la même chose pour votre argent sous le système 100%. Votre argent en dépôt serait le votre quelque soit la situation de votre banque. Le système 100% déconnecterait la santé de notre système de paiement et d’échange de celle du système bancaire.
 
Economistes soutenant cet argument : Irving Fisher, James Tobin*, John Kay.
(* signale les Prix Nobel d’économie)
 
2 L’industrie bancaire serait bien moins risquée


 Au sein du système actuel, les banques empruntent aux déposants sur compte courant à très court-terme puisque le déposant peut retirer son argent à tout moment. A l’inverse, elle prête à un terme beaucoup plus long soit en prêtant aux entreprises ou aux particuliers soit en investissant dans des titres par nature moins liquides que la monnaie. Cette distorsion fait de l’industrie bancaire une activité fondamentalement dangereuse en risque permanent d’illiquidité.
 
  Sous le système 100%, la banque pourra prêter (1) son capital, (2) l’argent investi par les particuliers sur compte épargne. Les comptes épargne donnant droit à un intérêt seraient légèrement différents de ceux d’aujourd’hui afin de clairement les différencier des comptes courant. Le retrait sans préavis serait impossible et l’argent investi sur compte épargne serait bloqué jusqu’à un terme préétabli avec la banque (3 mois, un an ou deux ans par exemple). Ainsi, la banque empruntera à moyen-terme à ses déposants pour prêter à moyen et long-terme à ses débiteurs. La pratique bancaire serait ainsi bien moins risquée.
 
Economistes soutenant cet argument : Irving Fisher, James Tobin*, John Kay.
 
3 Les banques n’auraient plus la possibilité de créer de l’argent


  Le pouvoir de création monétaire des banques provient d’une distorsion du mécanisme naturel du prêt. Si vous prêtez votre parapluie à votre voisin, vous n’aurez plus la possibilité de l’utiliser avant qu’il ne vous le rende. Avec les comptes courants actuels, la banque prête votre argent mais vous y avez accès à tout moment en même temps que la personne à qui votre argent a été prêté. La banque a créé une situation artificielle où il y a en apparence deux parapluies là où il n’y en avait qu’un. Il y a eu duplication monétaire. En acceptant l’argent bancaire en paiement des impôts et en garantissant les comptes courants, l’Etat a pour ainsi dire sanctifié le tour de passe-passe par lequel les banques créent de l’argent.
 
 Actuellement les banques créent 85% de l’argent en circulation. Entre 1998 et 2008, les banques de la Zone Euro ont créé 3750 milliards d’euro soit 11400€ par habitant. La création monétaire par les banques est admise par les publications de l’ensemble des banques centrales comme l’élément central de la création monétaire.
 
  Sous le système 100%, le pouvoir de duplication monétaire des banques disparait. L’argent déposé à la banque serait soit le votre soit celui de la banque mais pas les deux à la fois comme sous le système actuel. L’argent sur compte courant resterait bien au chaud dans les coffres de la banque et ne serait ni prêté ni investi. L’argent sur compte épargne ne vous appartiendrait plus jusqu’au moment où la banque vous rembourserait la somme initialement investie plus intérêt. Les fondements naturels du prêt seraient respectés et le pouvoir de création monétaire des banques disparaitrait.
 
Economistes soutenant cet argument : David Ricardo, Irving Fisher, Ludwig Von Mises, Milton Friedman*, Maurice Allais*.
 
4 les phénomènes de boom spéculatif seraient grandement réduits


 Un adage reconnu par la très grande majorité des économistes et l’intégralité des banques centrales dit « les crédits font les dépôts ». A chaque fois qu’une banque prête, elle crée un dépôt de toute pièce sans que la moindre épargne préalable ne soit nécessaire. Ainsi, en cas de grandes espérances de profit sur un secteur donné, le système bancaire peut quasiment créer autant de crédit que nécessaire pour spéculer sur un nouveau marché attractif, sans pour ainsi dire la moindre limite comme l’ont prouvé les innombrables bulles de crédit des dernières années.
 
  En enlevant aux banques leur pouvoir de création monétaire, on leur retire en grande partie leur pouvoir de création de bulle spéculative. Sous le système 100%, les banques ne pourront investir ou prêter que l’argent réellement épargné par leur déposant, denrée par nature limitée contrairement à l’actuelle création de toute pièce de crédit. Le crédit étant limité, les bulles spéculatives ne pourraient pas avoir la même ampleur que sous le système actuel.
 
Economistes soutenant cet argument : Irving Fisher, Ludwig Von Mises, Maurice Allais*.
 
5 L’émission de monnaie serait intégralement contrôlée par l’Etat


  Actuellement, les Etats de la Zone Euro par le biais de la Banque Centrale Européenne ne créent que 15% de l’argent en circulation contre 85% pour les banques privées. Sous le système 100%, le pouvoir de création monétaire serait retiré aux banques et seul l’Etat aurait le droit de créer de la monnaie.
 
  Pour créer de la monnaie, la banque centrale soit rachèterait des titres sur les marchés, soit financerait directement les dépenses de l’Etat, soit verserait un dividende social à tous les citoyens. L’allocation des fonds créés chaque année pourrait se décider démocratiquement.
 
Economistes soutenant cet argument : David Ricardo, Irving Fisher, Milton Friedman*, Maurice Allais*
 
6 L’inflation de la masse monétaire pourrait enfin être contrôlée


 Sous le système 100%, un simple amendement de la constitution ou des statuts de la banque centrale pourrait créer un plafond légal afin de limiter la création monétaire. On pourrait imaginer un plafond indexé au taux de croissance prévisionnel pour l’année à venir. On éviterait ainsi tout dérapage de la masse monétaire.
 
   Depuis 60 ans, le système actuel a prouvé à trop de reprises son incapacité à juguler la création monétaire par les banques. Le taux de réserves obligatoires, les ratios de capital et les taux directeurs se sont révélés inefficaces pour assurer une masse monétaire stable à notre économie. Par exemple, la masse monétaire a doublé dans la Zone Euro entre 1998 et 2007 soit un taux de croissance de 11% par an alors qu’une gestion monétaire sage aurait demandé un taux autour de 4 ou 5% au vu de la croissance réelle de l’économie. La conséquence de cette folle inflation de monnaie bancaire fut la terrible flambée de tous les actifs et en particulier des actifs immobiliers lors de la dernière décennie.
 
Economistes soutenant cet argument : David Ricardo, Irving Fisher, Ludwig Von Mises, Milton Friedman*, Maurice Allais*.
 
7 Le monopole de l’émission monétaire par l’Etat permettrait de financer les dépenses publiques à hauteur de 3 ou 5% de PIB par an


  L’Etat pourrait profiter de son nouveau monopole de l’émission monétaire sous le système 100% en finançant ses dépenses et en réduisant ses déficits. Avec de tels revenus, il serait possible de limiter drastiquement les possibilités d’endettement de l’Etat sans remettre en cause la croissance.
 
  Actuellement, la création monétaire peut représenter jusqu’à 9% du PIB de la Zone Euro par an. Sans aller jusque là, avec des prévisions d’inflation modeste, l’Etat pourrait financer jusqu’à 10% de son budget grâce à l’émission monétaire.
 
Economistes soutenant cet argument : David Ricardo, Irving Fisher, Maurice Allais*.
 
8 Le passage au système 100% réduirait la dette publique de 60 à 80%


   Cette affirmation ferait sourire n’importe qui découvrant la réforme 100%. Cependant, en théorie et en actualisant les calculs du prix Nobel Maurice Allais réalisés dans les années 70, tout porte à croire que la réduction de la dette publique se compterait en dizaines de point de PIB lors du passage au système 100%.
 
Actuellement les banques prêtent presque l’intégralité de l’argent déposé sur compte courant ou assimilable. Si nous passons au système 100%, les banques auraient l’obligation de trouver assez d’argent pour couvrir à 100% les comptes courant. Or, de tels montants d’argent réel n’existent tout simplement pas. Les banques auraient l’obligation de se tourner vers la banque centrale et de lui vendre des titres (obligations d’Etat, créances sur des entreprises et des particuliers) contre de l’argent fraichement créé par la Banque Centrale. La banque centrale serait alors en possession de façon permanente de milliers de milliards d’euro de titre. L’Etat se trouverait alors enrichi grâce au transfert de ces titres de la puissance privée vers la puissance publique, réduisant ainsi la dette publique de plusieurs dizaines de point de PIB.
 
Economistes soutenant cet argument : Irving Fisher, Maurice Allais*.
 
9 Le désendettement des agents publics et privés serait possible sans déflation


 Sous le système actuel, « les crédits font les dépôts » mais également « les remboursements de crédit détruisent les dépôts ». Chaque fois qu’un particulier, une entreprise ou un Etat rembourse une dette, un dépôt est détruit. Ainsi un désendettement massif de tous les acteurs économiques impliqueraient presque automatiquement une disparition massive de nos moyens de paiement entrainant une déflation néfaste voire catastrophique. Cette situation s’est déroulée aux Etats-Unis dans les années 30 ou encore au Japon dans les années 90. En France, par exemple, un fort désendettement de l’Etat entrainerait une importante disparition de moyens de paiement si les entreprises et les particuliers ne s’endettent pas lourdement pour contrebalancer le phénomène.
 
 Sous le système 100%, la création et la destruction de monnaie seraient totalement déconnectées du crédit bancaire. Ainsi, un désendettement conjoint des ménages, des entreprises et des Etats serait possible sans disparition des moyens de paiement ni déflation.
 
Economistes soutenant cet argument : Irving Fisher, Maurice Allais*, Milton Friedman*.
 
10 Le système monétaire serait grandement simplifié et compréhensible par tous


  Comprendre correctement le système monétaire actuel fait souvent figure de chemin de croix pour le commun des mortels. Même nos députés, nos ministres, nos haut-fonctionnaires et probablement notre président n’en ont qu’une compréhension très limitée. Plusieurs facteurs expliquent cette complexité
Sous le système 100%, tous ces éléments de complexité disparaitraient. Seule la monnaie créée par l’Etat subsisterait, les comptes courants (représentant de l’argent) seraient clairement différenciés des comptes épargnes (ne représentant pas de l’argent) et la banque centrale n’aurait plus qu’à jouer un rôle d’émission monétaire pour les gouvernements.
 
Grâce à cette simplicité, le système monétaire serait compréhensible à tout un chacun et permettrait un contrôle démocratique pour le moment parfaitement impossible au sein du chaos monétaire bancaire.
 
Economistes soutenant cet argument : David Ricardo, Irving Fisher, Ludwig Von Mises, Maurice Allais*, John Kay.
 
 Article provenant du blog Révolution Monétaire

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