A propos des réseaux sociaux professionnels - « Le monde est petit... »

par Yves Chabert
vendredi 14 mars 2008

Je dois reconnaître qu’il m’a fallu un peu de temps pour me raccrocher aux réseaux sociaux virtuels et franchir le pas, mais je l’ai fait. Car il fut difficile d’échapper aux sollicitations de mes amis sur Viadeo, 6nergies, Ziki, Linkedin, Xing ou consorts (je ne savais pas que j’en avais autant).

Si ces noms ne vous disent rien, ne vous inquiétez pas, ils frapperont bientôt à votre boîte aux lettres ? Comment échapper d’ailleurs au buzz ? Il ne se passe plus un jour sans que les médias nous déroulent les méandres phagocytes des réseaux sociaux : Myspace, Second Life, Bebo, Orkut et la star en devenir, Facebook en personne, société valorisée a plus de 100 fois son poids économique réel et donnée à 15 milliards de dollars.

J’avais bien entendu parler de Meetic, Skyblog ou des Copainsdavant et je pensais que seuls les ados, les accrocs du chat, les initiés des newsgroups ou ex-addicts du Minitel rose étaient concernés. De là à m’immerger dans le monde mystérieux des réseaux sociaux, il fallait que je trouve une bonne raison, d’autant que je dois l’avouer, je ne suis pas a priori un bon client des forums ou des espaces de conversations et « me mettre à nu » sur le Net sans avoir d’objectif clair me semblait de prime abord relever plutôt de l’exhibitionnisme...

Comme le dit Guillaume Grallet dans son enquête du 6 décembre 2007 dans L’Express, « avec les sites de mise en relation, on est plongé, en tout cas au début "dans un univers où l’on se rencontre (mais pas vraiment), où l’on s’amuse (mais pas toujours) et où certains font (déjà) des affaires" ».

Ainsi, la question que l’on se pose très vite est celle d’en être ou de ne pas en être, car au fond, à quoi servent ces réseaux, quelle est leur utilité et quelle est leur efficacité réelle ? On verra plus loin que ce que l’on en retirera pour l’essentiel, relèvera surtout de ce que l’on y a aura « déposé » en termes de contributions, d’énergie et de qualité. Peut-être beaucoup, peut-être rien du tout.
Alors tentons au moins l’expérience, le rien n’étant utile à personne, je le dis : franchissez le pas et partez « en découverte ».

Ce qu’on peut déjà observer avec l’émergence des réseaux sociaux «  virtuels », ce n’est pas leur caractère nouveau en soi, même si les plus anciens d’entre eux n’ont pas 5 ans d’âge, c’est leur vitesse d’expansion et de diffusion et ce dans toutes les couches sociales, de 13 à 93 ans. Nous sommes en train de glisser de ce qui pouvait encore être considéré il y a peu comme un phénomène de mode, en tout cas réservé aux affects des ados et aux jeunes adultes, vers un phénomène « d’usages sociaux et d’utilité personnelle ».

Dans cet article, je m’intéresse particulièrement aux réseaux sociaux dits professionnels, c’est-à-dire ceux dont la vocation affichée est de tisser des liens « d’affaires », sachant que la frontière entre ce qui relève d’une destination purement business d’activités plus « ludiques » est parfois très floue et je crois que c’est tant mieux.

Je vous invite à découvrir le très instructif Livre Blanc du Business Social Networking corédigé par Éric Herschkorn & Patrick Barrabé (téléchargeable en libre accès sur http://the.networkingur.us). Leur approche des réseaux sociaux professionnels (RSP) s’inscrit dans une dimension dite de la gestion des relations partenariales (PRM), notion plus étendue que celle de CRM ou gestion de la relation client. Et puis, pour citer une autre initiative intéressante, allez jeter un œil sur le blog Marketing Perso où s’exprime « l’envie de partager... visions et expertises... pour faire d’Internet un outil de valorisation de l’individu », un blog collaboratif initié par quatre pros du Web (Benoît Desveaux, Frédéric-Michel Chevalier, Hervé Bloch et Blandine Mercier) http://www.marketing-perso.net/
Vous connaissez tous le vieil adage selon lequel « le monde est petit », alors sachez, pour poursuivre sur le sujet, qu’un RSP ou réseau social professionnel est bâti selon le concept dit « du phénomène du petit monde ». Je connais Pierre qui connaît Jacques qui connaît Sophie et ainsi de suite.

Selon ce principe, l’ensemble d’une population (en l’occurrence il s’agissait dans l’étude publiée en 1967 de la population américaine), l’ensemble d’une population, donc, pourrait se mettre en relation dans un système de liens à seulement six degrés de profondeur. (A voir sur Wikipedia, Stanley Milgram, http://fr.wikipedia.org/wiki/Stanley_Milgram).

Cette étude décrivait aussi, on l’oublie trop souvent, « l’effet d’entonnoir » selon lequel la plupart des propagations seraient le fait d’un petit nombre de personnes ou stars ayant une connectivité nettement supérieure à la moyenne, ce qui conduit à faire le constat que, dans un réseau, l’individu n’est rien sans son potentiel de connectivité.

Eh bien, nous y sommes ; la connectivité, c’est bien là « le nerf de la guerre » car l’utilité des réseaux n’a de sens que parce qu’ils augmentent quantitativement et surtout qualitativement la capacité de chacun d’entre nous à entrer en contact avec les autres selon ses besoins propres dans un « univers social physique » où, il faut bien l’admettre, nous sommes de plus en plus isolés et indifférenciés. Les réseaux sociaux professionnels virtuels agissent ainsi à la fois comme des outils de valorisation personnelle et des facilitateurs de contacts et d’échanges...

Suite au prochain billet : « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous ?... »


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