AAAdieu le triple A, il faut inventer une nouvelle société

par Bernard Dugué
vendredi 11 novembre 2011

La France a perdu son triple A et risque de devoir payer plus cher ses emprunts servant entre autres à rembourser ses créances liées à ses obligations contractées il y a des années et ce, afin de pouvoir payer ses dépenses incompressibles et notamment les salaires et les retraites de ses fonctionnaires. Attention, pas d’affolement, cette annonce n’est pas d’actualité, même si un bug a laissé croire que l’agence S&P avait dégradé la note de la France. Cette annonce sera pourtant diffusée mais nul ne peut prédire la date. D’ici trois, six mois, voire un an. Pour l’instant, le triple A reste acquis et ce ne serait pas très chic de la part des agences que de dégrader notre note juste en pleine campagne électorale. Vous n’y pensez pas quand même, ces comptables en costards derrière leur écran sont de vrais gentlemen, surtout s’ils sont américains, des amis de trois siècles ! Quoique, ils ne se sont pas gênés pour baisser d’un cran la dette américaine, alors il faut se faire quelque souci.

 

En quelques occasions, on entend un économiste facétieux nous susurrer que le triple A est déjà perdu, vu que la France a été mise sous surveillance par les agences et que le verdict est inéluctable. C’est bien possible, les agences anticipant l’évolution des comptes publics. Les marchés ne sont pas sympas, il faut s’y faire et surtout, regarder la situation en face au lieu de nous contenter de quelques bons mots d’économistes (le bon ayant valeur d’euphémisme ici). Des bons mots qui, oracles prononcés par le pythiable Attali, ont eu le don d’énerver la ministre Pécresse. Quoi de plus naturel en somme que dans une crise financière il y ait une crise de nerfs. On dit bien que l’argent est le nerf de la guerre. Plus sérieusement, l’argument d’Attali se tient car il est fondé sur le constat d’une différence des taux d’emprunt entre la France et l’Allemagne. Les courbes se suivaient depuis 2007 mais plus maintenant. En plus, la spirale de la croissance nulle ou négative ne fera qu’aggraver la situation. Nouveau plan de rigueur, moins de croissance, crise sociale et qui dit inquiétude dit attentisme. Les Français risquent de reporter quelques dépenses et donc, de faire baisser la croissance, précipitant le pays dans l’engrenage infernal de la rigueur. Conclusion, il n’y a pas d’issue autre que le chaos social et le long marasme d’un scénario que l’on prédit comme étant à la japonaise (allusion à la décennie perdue après les accords du Plaza et du Louvre) mais qui pourrait s’avérer pire. Le problème n’est pas économique mais idéologique et donc social et politique. Traduction, il faut inventer un autre modèle de société.

 

Je viens de zapper sur le site du Nouvel Obs. A la une, ce résumé d’un billet sur la Grèce, Salaires réduits, taxes qui se multiplient, commerces qui ferment… la population grecque est usée par une crise économique et politique sans fin. Et tout d’un coup, ça fait tilt. Je me souviens, il y a une semaine, flânant avec ma compagne dans les rues de Marmande et ces affiches apposées sur les vitrines : « pas de porte à vendre ». Je ne voudrais pas me faire du mouron mais j’ai constaté la fermeture d’une demi-douzaine de petits commerces, alors ouverts il y a six mois. Serions-nous hantés par le spectre de la Grèce, le Portugal et l’Espagne ? Si tel est le cas, déduction, il faut inventer un autre modèle de société. Et non pas se contenter de gérer la crise. En 2008, la crise financière a été contenue par une politique de relance qui a mis la France dans une situation d’endettement critique. Le président Sarkozy peut bien se féliciter d’avoir aidé la France à résister, il n’a fait que reculer l’échéance en créant du déficit, sans que les perspectives de croissance ne viennent sauver son plan foireux. Le chômage a dépassé depuis longtemps un seuil insupportable.

 

En vérité, c’est l’illusion de la croissance qui caractérise le modèle actuel et ses limites. Le protocole de Lisbonne a échoué. L’Europe s’est fourvoyée dans son rêve stupide de devenir la première économie planétaire. En fait, c’est la fin du modèle lancé dans les années 1970. La compétition économique, le progrès, la croissance. De Giscard-Barre à Sarkozy, de Reagan à Obama, de Schmidt à Merkel, de Thatcher à Cameron. Nous sommes partis de la rigueur pour finir avec la rigueur.

 

Le modèle communiste n’a pas marché, il s’est effondré en 1990. Le modèle occidental ne fonctionne plus. Ce qui a été mis en place en Occident en 1945 puis infléchi en 1975 ne fonctionne plus ou alors, s’il a pu fonctionner, il ne peut plus être prolongé. Il faut inventer un autre modèle économique qui sera aussi un autre modèle de société. L’alternative est simple et claire. Ou bien les gouvernants mettent un sacré coup de barre pour une autre direction, ou bien le système tangue et s’effrite, amenant les sociétés vers le chaos social et la dictature. Dans les années 1920-30, les modèles sociaux et idéologiques ne fonctionnaient plus. On a vu le résultat. En 2011, nous avons la chance d’être équipés en médias et mieux vaut être surinformé que désinformé. Si la bataille contre le cancer est perdue, la bataille pour une autre société et un autre modèle économique n’est pas perdue et s’avère tout à fait jouable. Subir ou transformer le système, telle est la loi. Pour l’instant, qu’on ne se leurre pas, ni l’agitation réactive de Sarkozy, ni les rêveries de Hollande ne constituent l’amorce d’un nouveau modèle social et économique.

 

Pour ma part, je prétends être en mesure de proposer une alternative économique inédite et susceptible d’amener un changement de modèle. Cette alternative a été déjà exposée ici sur Agoravox. Je ne pas si ça peut marcher mais je suis certain que si on ne l’examine pas, on ne saura jamais si cette alternative est salutaire. Je suis ouvert à tous les médias pour diffuser ma suggestion de plan alternatif baptisé le RCC monéthique et en discuter. Ciao amigos. See you soon. 



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