AAArnaque, crime, et BCE
par Maurice
jeudi 19 janvier 2012
Alors que la perte du AAA occupe l’ensemble de la scène médiatique française, les BBB, ces Brigands Bancaire Bonimenteurs continuent leur petit bonhomme de chemin.
Enfin il est tombé ! Si officiellement la France vient de perdre sa super-notation, il y a bien longtemps que cette disparition fut actée du côté des acteurs financiers. Comme pour une partie d’échec, ces BBB ont depuis longtemps compris que le pouvoir réside dans l’anticipation des évènements. Ces anticipations, que certains qualifient de prophéties auto réalisatrices, permettent sinon de les provoquer du moins de les orienter vers un sens plus favorable. Aujourd’hui, les pouvoirs politiques ne dictent plus la marche à suivre, mais sont devenus de simples exécutants de décisions prises pêle-mêle du côté de Bruxelles, de la City, ou de WallStreet. Il est alors nécessaire de prendre en compte les mouvements de ces entités pour comprendre les orientations qui vont toucher notre pays.
Le 21 décembre 2011, la BCE a lancé une opération originale [1] : un prêt sur trois ans d’un montant illimité, à un intérêt de 1%, à destination des banques. Ces dernières ont ainsi levé un peu plus de 489 milliards d’euros auprès de la BCE. Cette démarche avait pour but de redonner un peu d’air aux banques pour qu’elles ne soient pas tentées de resserrer le crédit, et de les inciter à aider les Etats en difficulté, en rachetant avec cette manne d’argent frais les obligations souveraines. Mais force est de constater que depuis le 21 décembre 2011 les banques n’ont pas agi selon les avis des commentateurs. Le 28 décembre 2011, les banques ont déposé environ 452 milliards d’euros auprès de la BCE, une somme record dans l’histoire de la super banque européenne. Et quand on s’intéresse à la rémunération attachée à ces dépôts, certaines zones d’ombres apparaissent. Les dépôts étaient rémunérés à un taux de 0,25%. Ainsi les banques empruntaient à 1%, pour ensuite redéposer à la BCE quasiment la totalité du montant emprunté une semaine auparavant, à un taux rémunérateur de 0,25%. Sans être un génie des mathématiques, il apparait clairement que sur cette opération, les banques perdent de l’argent. Attention, anguille sous roche.
Ainsi, ces parasites bancaires ont senti là qu’il y avait un petit billet à faire. Se faire prêter à 1% par la BCE, attendre patiemment que les agences dégradent les notes souveraines pour que les taux d’emprunt s’envolent, et prêter à leur tour aux Etats dégradés, en les asphyxiant davantage.
La consanguinité outrageuse entre politique et finance est à son paroxysme. Le pouvoir médiatique quant à lui joue son rôle d’embrouilleur de premier plan, en allumant des contre-feux pour orienter le débat vers des futilités. Amis journalistes, rappelés vous la Charte de Munich de 1971, votre serment d’Hippocrate journalistique. Ne s’est-il pas transformé en serment d’hypocrite ?
La séparation des pouvoirs en France doit être repensée. Montesquieu doit se retourner dans sa tombe…