Affaire Carlos Ghosn : des parlementaires souhaitent un retour et un procès en France

par Martin de Wallon
samedi 23 novembre 2019

Carlos Ghosn a été arrêté le 19 novembre 2018. Cela fait maintenant un an que le magnat de l’automobile est accusé d'abus de confiance aggravé et de fausses déclarations pendant qu’il exerçait ses fonctions chez Nissan. Le 17 novembre, plusieurs parlementaires, principalement ceux de droite et du centre, ont plaidé dans une tribune publiée dans le JDD, que Carl Ghosn soit rapatrié en France.

4 inculpations et une descente aux enfers

Le scandale avait été de taille, lorsque Carlos Ghosn, le numéro un de l'une des plus grandes entreprises mondiales, avait été arrêté au Japon. Accusé d’avoir fait de fausses déclarations auprès des autorités financières et boursières japonaises, l’homme aurait fait endosser ses propres pertes à l’entreprise Nissan sur des produits dérivés financiers pour 14 millions d'euros. Pire, 30 millions d’euros de revenus entre 2010 et 2015 chez Nissan n’auraient pas été déclarés. Le grand patron passe 130 jours en détention à Tokyo et devient très vite un paria.

Dans le déroulé de ce feuilleton à rebondissements, 11 millions d'euros de dépenses faites par l’ancien magnat de l’automobile sont repérées après les conclusions définitives du rapport rendu par la mission d’audit. L’opération menée par le cabinet Mazars, à la demande des deux directions dévoile par ricochet, de nouvelles têtes parmi lesquelles Rachida Dati. L’ancienne garde des Sceaux aurait perçu près de 600 000 euros, payés en 4 fois, de RNBV pour des services douteux. Une enquête a été ouverte à cet effet pour abus de biens sociaux.

Quant au tout puissant déchu, il avait été libéré sous caution, et incarcéré à nouveau à plusieurs reprises. Le 25 avril, il était à nouveau en résidence surveillée, soumis à un contrôle judiciaire très sévère au Japon qu'il ne peut quitter.

Démis de ses fonctions de président de Nissan, ayant perdu tous ses titres au sein des trois constructeurs qu'il avait lui même rapprochés pour bâtir la première alliance automobile mondiale, Carlos Ghosn ne jouit même plus de ses droits les plus élémentaires. Il ne pouvait par exemple plus communiquer avec Carole Ghosn son épouse, mise en cause dans un autre volet de l’affaire. 

L’ex PDG attend dans une impasse sans pareille, son procès au Japon prévu pour avril 2020. Il risque gros car il fait l'objet de quatre inculpations. Depuis, il refute les faits, crie à la théorie du complot. Pour ses avocats et ses proches, l’accusé serait effectivement la malheureuse victime d'une machination ayant pour seul objectif de le faire tomber afin d’éviter la fusion entre Renault et Nissan.

« Un acharnement judiciaire et une guerre économique » 

Christian Jacob, député de Seine-et-Marne et président de LR, Gérard Longuet, sénateur de la Meuse, Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis et président de l’UDI, Bruno Retailleau, sénateur de Vendée ainsi que Anne Genetet, députée LRM des Français établis hors de France, font partie de la trentaine de parlementaires, signataires de cette demande bien particulière : le rapatriement de Carlos Ghosn en France. Dans une tribune publiée le 17 novembre dans le JDD, ils ont demandé à l’État français de se donner tous les moyens d’assurer un procès équitable à l’ancien patron déchu de Renault-Nissan : « Carlos Ghosn n’est ni au-dessus des lois, ni redevable d’une justice d’exception, mais il a droit à la justice. Or, depuis le début de l’affaire, les traités internationaux sur les droits de l’homme que le Japon, pays membre du G7 a ratifié, ont été violés à plusieurs reprises », ont-il dénoncé dans cette tribune.

Sans détour, les élus ont fustigé « la longueur et la brutalité » de cet « acharnement judiciaire évident » en penchant aussi pour la théorie évoquée par la défense : « il ne fait désormais plus de doute que ce qui se joue est avant tout l'épisode d'une guerre économique, qui vise, par tous les moyens, à se défaire de la tutelle française sur Nissan. »

Ce jeudi 22 novembre, un porte-parole de l’ex-PDG de Renault-Nissan et de sa famille, a indiqué à l’AFP, que la justice japonaise avait décidé d’autoriser Carlos Ghosn à s’entretenir avec son épouse pendant une heure après huit mois sans le moindre contact et sept demandes de levée de cette interdiction absolue. Soumis à de nouvelles conditions, les époux devront se limiter aux sujets de discussion définis par le juge. Ce contenu de la conversation sera ensuite transmis au juge et aux procureurs.

Les parlementaires obtiendront-ils gain de cause après leur requête ? La question reste posée. Rappelons qu’Emmanuel Macron avait en juin dernier, annoncé sur Europe 1 qu’il souhaitait se tenir à l’écart de cette affaire. 


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