Agences de notation et crise économique

par Prospectives Royalistes de l’Ouest
mercredi 20 avril 2011

Notre système économique international repose essentiellement sur un aspect purement boursier et financier, loin de considérations humanitaires ou écologiques. « Business is business  » comme dit l’adage, et la finance ne s’embarrasse pas de superflu, même si celui-ci représente plusieurs milliards de vies. Spéculations boursières, baisse du dollar et hausse de la demande des pays en développement (notamment la Chine sur le cours de l’étain), la finance mondiale n’obéit apparemment qu’à une seule loi, cette « main invisible » chère à Adam Smith : l’offre et la demande.
 
 Pourtant, le système boursier n’a rien d’anarchique, et les investissements financiers ne se font pas au hasard. La réglementation bancaire Bâle II, mise en place en 2006, autorise les banques à évaluer les risques financiers par le biais d’agences de notations agrées (Moody’s, Standard and Poors et Fitch Ratings principalement). Malheureusement, ces agences de notation n’hésitent pas à «  tirer sur les ambulances  », aggravant sans aucun remord la situation économique de certains pays d’Europe.
 
 C’est ainsi que depuis le début de la crise économique de 2008, plusieurs pays d’Europe ont vu leur note baisser irrémédiablement, et par le fait même, les investissements étrangers. Grèce, Portugal, Espagne, Irlande, ont vu leur situation économique se dégrader rapidement, par le simple effet d’un abaissement de leur note. C’est ainsi que la crise grecque a viré au cercle vicieux dès la fin de l’année 2009, quand les trois agences de notation ont décidé d’abaisser d’un même élan leur note. La SEC et la Commission Européenne ont eu beau fustigé les agissements des agences, force est de constater que rien n’a changé depuis 2009… 
 
  Le 13 Avril, l’Agence de notation Fitch a abaissé la note de la Libye, en pleine crise économique et politique. Alors que le pays aura du mal à se relever de la crise politique et de l’après Kadhafi, Fitch n’hésite pas à joindre sa pierre à l’édifice en préparant soigneusement une belle crise économique qui aura sans nul doute des conséquences désastreuses sur le prix du pétrole en Europe…
 
 Il faut comprendre, par le biais des agences de notation, que les critères moraux et géopolitiques n’ont aucune influence sur la notation économique. Et c’est bien là le gros problème de notre système financier : un cloisonnement excessif qui conduit inexorablement à une crise géopolitique mondiale.
 
 Parce que l’économique, le politique et le social sont indubitablement lié. Les spéculations boursières sur les matières premières continuent de plus belle, malgré la sortie à peine crédible de l’épouvantail Goldwin par les dirigeants politiques…Ces spéculations sont pourtant responsables dans une très large mesure de la crise géopolitique actuelle du monde arabe, et des milliers de morts qu’elle provoque. Aujourd’hui, Mr Zoellick, de la Banque Mondiale, a rappelé que « les prix alimentaires sont supérieurs de 36 % à ce qu'ils étaient il y a un an et restent proches de leur pic de 2008. Déjà, 44 millions de personnes sont tombées sous le seuil de pauvreté depuis juin dernier »…
 
 Cette hausse des prix alimentaires, jointe à l’inexorable montée du prix du pétrole (108 dollars au baril au 13 avril), provoquera sans nul doute une augmentation des mécontentements populaires dans un avenir proche. L’Asie de l’Est, protégée par sa production peu exportée de riz, sera peut être préservée de ce chaos économique. La France sera-t-elle sur la liste des pays « dans la zone rouge » ? Mystère et boule de gomme…

Lire l'article complet, et les commentaires