Aides à l’Export : la pétaudière française

par ÇaDérange
mardi 25 juillet 2006

J’ai eu l’occasion, dans un message du 7 juillet 2006, de vous signaler le peu de cas que les PME faisaient des efforts de l’administration française pour les aider à exporter. Une série d’article de presse sur ce sujet vient faire ressortir le nombre d’organismes qui existent pour "aider" les entreprises, voire leur duplication. Suite à ce constat (et à son impécuniosité), l’Etat envisage de réformer ses propres services pour les rendre plus efficaces.

Le réseau "d’Etat", tout d’abord, qui est sous la responsabilité d’Ubifrance, comporte des dispositifs d’édition de documentation économique sur les différents pays. Une organisation, pour "monter" au frais des participants des expositions partout dans le monde, supervise les missions économiques dans les ambassades, et essaye de promouvoir le dispositif des VIE, jeunes diplômés frais émoulus des universités et des Ecoles qui souhaitent aller travailler à l’étranger. C’est tout ce réseau et ces aides que les PME rejetaient massivement dans le sondage d’Altares dont les résultats faisaient l’objet du message du 7 juillet. La mutation en cours vise à faire fonctionner ces organismes comme une entreprise, c’est à dire avec des objectifs de "ventes". J’y vois davantage un soucis d’équilibrer les comptes que d’apporter un meilleur service aux PME dont on oublie qu’elles n’ont pas les moyens de s’offrir participation à des salons internationaux lointains, études approfondies et VIE mal adaptés.

Le deuxième réseau est l’AFII, Agence Française pour les Investissements Internationaux, dirigée par Madame Clara Gaymard, la femme de notre temporaire Ministre de Finances du même nom. Il a justement été suggéré récemment que Ubifrance et l’Afii se rapprochent pour s’aider mutuellement. Signalons néanmoins que le rôle de l’Afii est un peu différent de celui d’Ubifrance puisqu’elle a pour but de promouvoir et d’accueillir les investissements en France.

Pas de chance ! C’est le moment que choisi le Sénat pour se demander "A qui sert l’Afii ?" ! Il est vrai que l’agence emploie 140 personnes dont 80 dans 22 bureaux à l’étranger, le tout pour un budget de 26 millions d’euros. Le reproche principal que fait le Sénat à l’Afii est le manque de possibilité de quantifier les résultats de son action et le choix discutable pour une coûteuse campagne de communication vers des pays européens proches, dont l’Allemagne et la Grande Bretagne. D’où la suggestion de marier Ubifance et l’Afii .

Si maintenant on se penche vers les régions et leur action d’aide à l’export, on tombe sur d’autres organismes dont les domaines d’action se chevauchent, aidés en cela par la superposition des villes, départements et maintenant régions. Un exemple récent qui vient d’être épinglé par la Chambre Régionale des Comptes concerne la région Rhône-Alpes. C’est l’Aderly dans ce cas qui est sur la sellette, un organisme qui dépend de la Chambre de Commerce et d’Industrie et dont les juges de la Chambre des Comptes ont constaté qu’elle suivait très peu les résultats éventuels de ses actions, et qu’elle entretenait des délégations dans des villes prestigieuses et coûteuses du monde en parallèle avec d’autres associations de la région qui, elles, émanent du Conseil Régional comme l’Erai, en plus des missions économiques de nos ambassades..

Tout ceci pour montrer comment l’Etat et les Régions empilent des organismes coûteux ( pour les contribuables s’entend) avec des profils très proches et, à l’opposé, des résultats peu suivis, voire inconsistants. Comme si notre personnel politique était plus intéressé par la perspective de voyages lointains agréables, et le personnel des organismes par une expatriation, que par être vraiment au service de nos pauvres PME qui n’en peuvent plus, mais...

...Ca ne veut pas dire que les activités de ces organismes sont inutile mais simplement qu’ il y a un fort besoin de contrôle des activités et de leurs résultats, de coordination, voire de fusion, entre eux, et surtout que nos hommes politiques arrêtent d’en créer de nouveaux pour la plus grande gloire de leur ego, à nos frais bien entendu.


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