Antithèse sur l’Or

par Michel Santi
lundi 5 octobre 2009

L’Or, c’est entendu, dépassera très prochainement le seuil fatidique des 1’000 dollars l’once pour inaugurer une nouvelle fourchette de fluctuation vers les 1’250…Ce métal précieux, qui n’en reste pas moins extrêmement spéculatif pour autant, présente toutefois un certain nombre d’inconvénients non négligeables balayés d’un revers de main par ses fervents adeptes.

Si l’Or et des Bourses fluctuent de manière indépendante, les cours du métal jaune sont en revanche inversement corrélés aux taux d’intérêts globaux court terme. La diversification des portefeuilles en faveur de l’Or est donc plus que jamais d’actualité dans une conjoncture où les Banques Centrales principales se livrent une course au taux zéro et où ce métal précieux bénéficie d’un statut radicalement différent que les autres actifs avec lesquels il est en compétition comme les actions et les obligations. Investissement tangible par excellence, il se distingue par sa rareté contrairement aux deux classes d’actifs précédemment citées tout en constituant le refuge naturel en périodes d’incertitudes, de crises et de tourmentes et ce depuis des temps immémoriaux.

Néanmoins, cette même caractéristique de diversification des risques au sein d’un portefeuille contribue également à en neutraliser la performance car l’Or n’offre aucun rendement, ne génère aucune liquidité et, pire encore, il génère un intérêt négatif car son stockage et son transport sont coûteux...attributs qui rendent ses fluctuations très difficiles à prévoir. En comparaison, les Bons du Trésor Américains, obligations diverses et autres actions offrant des dividendes intéressants sont manifestement plus rémunérateurs sur une période longue et ce d’autant que la complexité et la globalisation de notre système financier actuel mettent à disposition de l’investisseur - même de base - toute une panoplie d’instruments financiers lui permettant d’anticiper et de se protéger en période de crise.

Les Treasury Bills et autres papiers valeurs US indexés sur l’inflation constituent effectivement des alternatives crédibles à l’Or tout comme les options devises et autres produits dérivés remplacent encore plus efficacement le métal jaune vis-à-vis de l’effondrement potentiel du Dollar. Le rôle de valeur refuge incontesté de l’Or en période inflationniste en devient donc tout relatif dans le monde d’aujourd’hui où il est possible - voire dans certains cas préférable - d’acquérir des actions de sociétés capables d’augmenter les prix de vente de leurs produits afin de compenser les effets de l’inflation et de sociétés dont le chiffre d’affaire se situe hors de la zone d’influence du dollar pour contrebalancer une dépréciation du billet vert...

Du coup, la "relique barbare " ( pour reprendre l’expression de Keynes ) perd de son lustre : Cette protection "ultime " contre l’inflation, cet instrument idéal de thésaurisation en périodes troubles pourrait tout aussi bien n’être plus considéré que du métal précieux utilisé en joaillerie, en électronique et dans les composants spatiaux...Du reste, quel usage pourrait-il être bien fait des pièces et des lingots d’Or si un quelconque cataclysme survenait ? Pourquoi l’Or ne serait-il pas simplement une matière première précieuse - une simple « commodity » - au même titre que l’Argent ou que le Cuivre ? 
 

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