Areva se relance dans la production d’uranium

par ÇaDérange
mardi 13 décembre 2005

Areva souffre un peu, en ce moment, entre la grande négociation avec les Chinois sur le marché des centrales nucléaires chinoises et son implantation éventuelle, et le refus du premier ministre de privatiser, qui risque de lui barrer le marché américain. Anne Lauvergeon (NDLR : PDG d’Areva), dont le dynamisme est reconnu, doit beaucoup souffrir.

Peut-être est-ce parce qu’elle est bloquée dans ses perspectives d’expansion qu’elle vient de révéler un nouvel objectif, qui est de prendre des parts de marché dans la production du combustible nucléaire, l’uranium. Elle a annoncé viser en effet 25 pct de parts de marché à l’horizon 2015, contre 20 pct seulement en ce moment, deuxième producteur mondial derrière le canadien Cameco. Il est vrai que l’époque est favorable aux fournisseurs/producteurs de matières premières, comme le prouve la montée des prix des minerais, comme celui de fer, les métaux précieux, le cuivre, etc. Le tout sur fond de demande mondiale exacerbée par la croissance économique chinoise.

Cette croissance sera alimentée par des investissements dans les sites de production existants, et par l’ouverture de nouvelles mines. Le dernier investissement d’Areva dans ce domaine est une mine au sud du Kazakhstan, dans le désert de Muyunkum, et donc à l’Est de la Caspienne qui est en phase de mise en exploitation. C’est une joint venture, avec l’entreprise nationale Kazakhe, pour exploiter les 30 000 tonnes de réserves présentes dans ce gisement. La première usine doit démarrer bientôt, après des difficultés considérables liées au climat (un désert qui vit entre -40 l’hiver et +50 l’été), les méthodes dépassées issues de l’ére soviétique, le cadre juridique incertain, voire arbitraire, du pays, et l’absence totale de personnel compétent, qui implique un gros effort de formation.

La production mondiale d’uranium a été depuis longtemps inférieure aux besoins, car ce marché a été surapprovisionné pendant longtemps par la réutilisation des stocks militaires, dans des conditions commerciales particulières. Ce stock commençant à s’épuiser, et la demande s’accroissant, c’est sans doute le bon moment pour réinvestir ce marché.

Je m’étais étonné qu’Areva ne s’intéresse pas plus à la mise sur le marché de la plus grande mine du monde au centre de l’Australie, ce que j’avais attibué à l’intense occupation générée par la privatisation . Le projet d’ouverture de cette mine Kazakhe était sans doute la vraie raison de ce manque d’intérêt à l’époque.

Bonne chance, donc, à Areva, pour l’ouverture de cette mine, pour le redéploiement vers la production d’uranium. Et bravo.


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