Aucun banquier représenté au Grenelle de l’environnement : un simple oubli ou une erreur de stratégie ?
par ikoff
mardi 7 août 2007
Lorsqu’on regarde attentivement la liste des parties prenantes invitées par le ministre d’Etat et ministre du MEDAD, Jean Louis Borloo, on se rend compte qu’il manque une profession essentielle à tout changement profond des habitudes et des comportements en matière de développement durable : ce sont les banquiers. On peut légitimement s’interroger sur cet oubli, explications.
Que l’ensemble des experts issus du collectif des associations écologiques, l’Alliance, soient présents à ce grand rassemblement marque la volonté d’ouverture du nouveau gouvernement.
Que des personnalités charismatiques dont les idées et les actions peuvent être reconnues par-delà les frontières de l’Hexagone est encourageant pour la teneur des débats.
Qu’un bon nombre d’organismes et de parties prenantes soient représentées dans une mosaïque de tendances allant du Medef aux syndicats en passant par des associations professionnelles du BTP ou des transports montre une révolution du comportement de l’Etat français dans sa manière de construire sa décision publique.
Mais quand on se penche sur l’ampleur des chantiers à mettre en œuvre, on peut s’étonner que ceux qui permettent à des initiatives privées, par-delà les lois, les décrets et les règlements, de se répandre dans toutes les communes, dans tous les projets à venir ne soient pas invités ou présents à la table des négociations !
Prenons par exemple un domaine qui parmi un grand nombre de propositions pourrait attirer à lui un consensus : la maîtrise de l’énergie dans les bâtiments neufs et dans la rénovation des bâtiments anciens.
Comment parvenir à mettre en œuvre la rénovation de 30 millions de logements si aucun produit bancaire n’est conçu pour s’adapter à la réalité de chaque projet individuel ?
Car lorsqu’on réduit la consommation d’énergie dans sa maison de façon à atteindre le nouveau standard bâtiment basse consommation (BBC2005), c’est par 4 à 7 que la facture annuelle d’énergie des ménages est ainsi réduite !
Le raisonnement qui doit s’établir se fait en coût global : d’un côté apparaît le surcoût de l’investissement pour renforcer l’isolation, l’étanchéité à l’air, la mise en place de ventilation mécanique contrôlée double flux..., d’un autre côté, en payant plus à l’investissement (autour de 150 € par m²) on réduit la facture de consommation d’énergie.
Du point de vue du particulier : le surcoût d’investissement est payé une fois, mais que la réduction de la facture se produit chaque année à partir de la fin des travaux ! En général on refait des travaux lourds tous les 25 ou 30 ans, donc on multiplie l’économie par 25 ou 30 !
Au final, si d’un côté on n’a rien fait, on n’a pas payé le surcoût d’investissement mais on a payé une grosse facture d’énergie. Mais si on a choisi d’isoler en payant ce surcoût, au bout d’environ 15 ans, le surcoût est épongé par les économies d’énergies et on commence à gagner de l’argent.
Du point de vue du banquier l’opération est tout aussi intéressante : il conviendra, d’un côté, d’aider les ménages à financer ce surcoût d’investissement pour améliorer l’isolation de leurs maisons. Mais dans un deuxième temps, dès que ces travaux seront terminés, les charges fixes de chauffage se réduisent considérablement. Donc pour le banquier, apparaît un double avantage : d’un côté il augmente le montant de l’emprunt, mais dans un même temps, il réduit son risque de crédit, d’une part par l’allègement des charges d’énergie de son client, mais aussi par ce qu’il permet .
Au final, il peut communiquer en disant qu’il a une démarche de développement durable et il aide aussi considérablement la relance de la consommation dans un axe totalement vertueux pour ce Grenelle de l’environnement !
Il existe donc une véritable opportunité pour la première banque qui se décidera à créer ce type de produit pour capturer un gisement colossal de clients qui souhaiteront s’engager dans ce type de dépense.
Attendons de voir quelle sera la première banque à demander à participer aux débats ?