Avis de reprise confirmé pour 2014, aussi illusoire soit-elle

par Laurent Herblay
samedi 15 février 2014

Hier, les résultats de la croissance pour le 4ème trimestre 2013 sont tombés : avec 0,3% pour le trimestre et 0,3% pour l’année 2013 (du fait d’une légère révision à la hausse du reste de l’année), il semble bien que nous nous dirigions vers une reprise de l’économie pour 2014, aussi illusoire soit-elle.

Une performance meilleure que prévue
 
Les résultats du 3ème trimestre avaient été très décevants. Car, outre un recul de 0,1% du PIB (finalement stable), il fallait prendre prendre en compte la nette progression des stocks (0,6 point !), sans laquelle notre pays aurait affiché un très mauvais résultat. Du coup, comme on pouvait le prévoir, les stocks ont contribué de manière négative à la croissance (-0,3 point), mais tous les autres moteurs de la croissance étaient allumés au 4ème trimestre. Comme toujours à cette période de l’année, le commerce extérieur a contribué de manière positive (0,2 point), du fait de la progression des exportations.
 
Malgré les plans d’austérité et les hausses d’impôt, la consommation des ménages n’a pas faibli puisqu’elle progresse de 0,5%. Les bonnes performances du marché automobile ces derniers mois se traduisent logiquement dans les chiffres de croissance. Mais le point sans doute le plus important, c’est la croissance des investissements (0,6%). En effet, c’est la première fois depuis 2011 qu’ils progressent, après sept longs trimestres de recul. C’est sans doute un des meilleurs signes que le climat des affaires s’améliore. Même le nombre d’emplois a légèrement progressé également au 4ème trimestre.
 
Une reprise illusoire confirmée
 

Ces chiffres sont importants car du coup, l’année 2014 commence avec un léger acquis de croissance, du fait des résultats du 2ème et du 4ème trimestre, ce qui rend les prévisions du gouvernement pour l’année a priori plus qu’atteignable. Bien sûr, tout ne va pas bien. L’euro cher pèse sur nos industriels et risque de provoquer une nouvelle dégradation du solde commercial de la France cette année, ce qui pèsera sur la croissance. Mais la reprise de l’investissement et la légère progression de la consommation devraient permettre à notre économie d’afficher environ 1% de croissance en 2014.

 
Le scénario d’une accélération de la croissance semble donc se réaliser. Mais Pierre Moscovici ne devrait pas trop se réjouir, car il oublie trois choses. Tout d’abord, cette reprise est faible : nous sommes loin des 2 à 3% de croissane que l’on peut trouver aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou au Japon. Donc l’effet sera limité. Ensuite, cette croissance a toutes les chances d’être inégale : aux Etats-Unis, 95% de la progression des revenus est allée au 1% le plus riche depuis 2009  ! Enfin, cette reprise sera sans doute temporaire étant donnés tous les déséquilibres de l’économie mondiale.

Aujourd’hui, il est important de ne pas nier la reprise de la croissance car, si elle est faible et illusoire, elle n’en reste pas moins réelle. C’est important pour notre crédibilité. Mais nous devons en souligner tous les déséquilibres, qui portent en eux les germes de la prochaine crise.


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