Baisse du taux du Livret A : quand la cigale prend sa revanche sur la fourmi

par anne montanaro
lundi 25 juillet 2005

Le taux de rémunération du Livret A sera ramené de 2,25% à 2,00% le 1er août prochain, annonçait samedi le Journal Officiel. Le Livret Bleu, le Codevi, le Livret d’épargne populaire (LEP) et le Compte épargne logement (CEL) subiront par ailleurs le même traitement à la même date, ainsi que le précise l’avis du JO. Comme le rappelle Le Monde sur son site Internet, l’évolution du taux de rémunération de l’épargne populaire dépend d’un « dispositif automatique » qui « prévoit une actualisation semestrielle, au 1er février et au 1er août, qui résulte d’une moyenne entre l’inflation hors tabac et les taux d’intérêt à court terme (Euribor 3 mois), majorée de 0,25 point ». En France, 46 millions de personnes possèdent un Livret A ; Le Monde souligne que sur les 24 millions de Livret A de la Caisse d’Epargne, 72% ont un encours moyen ou égal à 1500 euros, tandis que 60% des 21,5 millions de Livret A de La Poste ont un encours moyen inférieur à 150 euros. Deux remarques à ce sujet. Premièrement, le taux d’inflation de juillet, sur lequel se fonde la décision de la baisse de la rémunération du Livret 4, est certes ressorti à 1,6%, mais non seulement il s’agit de l’inflation hors tabac, comme le rappelle Le Monde, mais en outre, elle ne tient pas compte de l’immobilier. Si tout le monde ne fume pas, tout le monde doit se loger, et le logement est un des premiers postes - voire le premier poste - de dépenses des ménages. Deuxièmement, l’objectif de soutien à la consommation visé par cette mesure est-il réaliste ? Lorsque l’on a en dépôt 150 euros rémunérés à 2,25%, va-t-on casser sa tirelire sous prétexte que le taux passe à 2% ? N’oublions pas que le Livret A constitue un moyen d’épargner facilement un peu d’argent lorsque la situation le permet, chacun à son rythme et sans obligation (à part celle de ne pas dépasser le plafond de dépôt fixé à 15.000 euros). C’est la solution choisie par un grand nombre de consommateurs qui ne peuvent pas ou ne veulent pas placer leur argent dans les marchés financiers. Faut-il pour autant les considérer comme de mauvais citoyens et prendre des mesures de représailles visant à leur faire dépenser ce qu’ils n’avaient pas daigné débourser jusqu’ici ? Autre temps, autres moeurs : jadis, il était bien vu d’être une fourmi ; aujourd’hui, il faut être cigale sinon rien...


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