En début d’année, les Bitcoin valaient moins de 15 dollars. Aujourd’hui, le cap des 1000 dollars a été franchi ! Mais le plus incroyable, quand on prend un peu de recul, c’est que les gouvernements laissent faire ce qui est de facto de la fausse monnaie, et pire, parfois, l’autorisent, comme en Allemagne.
Un produit de l’anarchie économique
Certes, le processus de création des Bitcoins est extrêmement sophistiqué,
comme le rapporte ce papier qu’Olaf m’avait indiqué lors de
mon précédent article sur le sujet. Il ne repose, semble-t-il, que sur des particuliers et présenterait un haut niveau de sécurité. Néanmoins, la sécurité du système a été mise en défaut,
comme le rapporte The Economist, pourtant soutien du système.
Un million de dollars ont été récemment volés de BIPS, une plateforme d’échange européenne et
GBL, une plateforme d’échange asiatique a disparu avec 4,1 millions de dollars. Ensuite,
comme The Economist le notait également il y a six mois, l’anonymat du système attire logiquement l’argent sale.
Après un premier krach au printemps,
qui avait vu la valeur du Bitcoin divisée par trois en quelques jours, la marche en avant des cours a repris en début d’été, amenant la valeur du Bitcoin à plus de 1000 dollars, contre un peu plus de 200 lors du pic printanier et 15 en début d’année. Sa valeur a été multipliée par 60 en moins d’un an,
amenant même The Economist à recommander de vendre ! Il semblerait que ce soit la demande chinoise qui ait porté le prix à ses plus hauts, révélant le statut hybride, entre (fausse) monnaie et actif ultra-spéculatif. Car le Bitcoin est un peu les deux à la fois. C’est une sorte d’actif virtuel échangeable et discret, à l’usage limité mais sans les garanties d’usage d’une monnaie.
En réalité, de la fausse monnaie
Les partisans du système avancent en général deux arguments en sa faveur. Tout d’abord, ils soulignent que les Bitcoins reposent sur de la puissance de calcul. Mais certains affirment que le coût de la puissance de calcul pour « miner » un Bitcoin est inférieur à 1 dollar. Dès lors, comment justifier des valorisations supérieures ? Pourquoi ceux qui « minent » les Bitcoins pourraient empocher un tel bénéfice ? Qui est vraiment derrière ce système ? Pire, comme le rapporte ce papier, cette puissance de calcul ne servirait qu’à faire fonctionner le système. Du coup, cela ressemble à un schéma de Ponzi, où les entrants ne créent aucune valeur. Le système ne tient que parce que les prix montent.
Les Bitcoins posent un triple problème. Ils ne reposent sur rien de concret, à part une puissance de calcul dont le coût est négligeable par rapport à la valeur actuelle. Cette valeur ne repose donc sur rien et n’est que le énième exemple des bulles produites par un marché dérégulé. Ensuite, se pose fondamentalement la question des bénéfices réalisés par cette création. Plus de dix millions de Bitcoins doivent encore être « minés ». Au bénéfice de qui ? Comment se repartira le profit ? Enfin, la monnaie est un service public. Il revient donc à l’Etat d’en avoir la seule responsabilité, dans un cadre démocratique (
d’où le scandale des banques centrales dites indépendantes) et d’interdire toute alternative.
Dans quelques années, après quelques bulles et krachs, il est probable que les monnaies virtuelles seront reconnues pour ce qu’elles sont, à savoir de la fausse monnaie, qui vise aussi à soustraire l’économie du contrôle étatique, et donc démocratique. Alors, les Etats les interdiront, malheureusement avec retard.