Il y a quelques jours, François Lenglet, pourtant généralement bien inspiré, a consacré son billet au fait que Monoprix devrait prochainement accepter les bitcoins pour payer ses courses. Nullement choqué par ce qui n’est que de la fausse monnaie, il y voyait une annonce de notre avenir. Grosse erreur.
En réalité, un retour en arrière
Mais cette interprétation de l’histoire repose sur une méconnaissance de l’histoire monétaire,
rappelée par The Economist dans un papier sur sur les conséquences des crises financières. En effet, les grands pays n’ont pas toujours fonctionné avec une monnaie centrale (fût-elle partagée avec d’autres pays). Par exemple, les Etats-Unis ont expérimenté, à partir du début du 19
ème siècle, une période d’anarchie monétaire où chaque banque pouvait émettre son propre dollar,
le système dit de « la banque libre ». Mais
la grande instabilité de ce système et les nombreuses crises financières qui l’accompagnèrent, poussa les banques à mettre en place en 1913 la troisième banque centrale des Etats-Unis, la Fed, garantissant une seule monnaie, le dollar, et qui joue toujours un rôle comparable aujourd’hui.
Les gouvernements doivent interdire son usage
En réalité, l’émergence du bitcoin est un formidable retour en arrière, un oubli des leçons du passé, outre une profonde escroquerie. Car le statut du bitcoin n’est pas clair. Pour certains, y compris des investisseurs, il s’apparente à une forme de placement. Mais ce n’en est pas un dans la mesure où il ne s’agit ni d’une action d’une entreprise qui a des revenus et dégage du profit, ni d’une créance qu’un débiteur doit payer. Pour d’autres, il s’agit donc d’une nouvelle forme de monnaie. Mais chaque monnaie repose sur un Etat et en général une banque centrale. La valeur de la monnaie repose sur les actifs de l’Etat et de sa capacité à lever des impôts dans la durée. Et quelle monnaie verrait son cours fluctuer d’une manière aussi délirante dans le temps, décuplant en valeur en 2013 avant de s’effondrer.
Il est temps d’agir, rapidement. Non pas pour faciliter l’usage des bitcoins dans les commerces, mais bien au contraire pour interdire toute utilisation ou même achat de bitcoin dans notre pays car
il s’agit purement et simplement de fausse monnaie qui mine un fondement mal compris de nos sociétés : la monnaie.